Vendredi 11 Février 2011, premier jour de la 17ème édition du Salon International de l’édition et du Livre, me trouvant a quelques mètres de la salle de conférences dédiée au philosophe aux cheveux blancs, décédé en 2010, Mohamed ARKOUNE, je parlais avec l’écrivaine d’origine jdidie BETTY BATOUL autour de son roman autobiographique « Un coquelicot en hiver ? Pourquoi pas».
Son livre raconte l’histoire houleuse et semée d’emb»ches de BATOUL, la fille de Feu Kaddour, l’ex-propriétaire du Restaurant Motel « La Brise », situé sur la route d’Oualidia. l’ouvrage a eu beaucoup de succès auprès des jeunes de la ville d’El Jadida et de sa région, surtout a Sidi Bennour ou la romancière a effectué une rencontre avec les lycéens. Cet événement « miracle », qui fut réalisé la veille, sous l’impulsion de Mr MABROUK BENAZZOUZ, avait tenu toutes ses promesses tant le public des jeunes bennouris a montré sa soif de culture et de savoir. BETTY m en a parlé les larmes aux yeux, tant la rencontre était émouvante.
Cette visite impromptue dans le milieu scolaire devrait se propager a travers villes et villages du Royaume, dans les contrées les plus éloignées. Les jeunes en garderont des bons souvenirs, le public y est plus avide de culture, contrairement au lectorat des villes, blasé par les medias de tous bords, anéanti, abasourdi par l’érotisme de la ville (Jean BAUDRILLARD) et les attraits stressants et aliénants de la vie moderne.
Le Salon du livre venait de commencer et la tout près, je revois comme maintenant, Monsieur le Ministre de la Culture BENSALEM HIMMICH, marcher en direction de la grande salle. ses côtés, le philosophe et écrivain français Edgar MORIN, pas moins !!! c’est que Monsieur le Ministre est également philosophe, et écrivain ?!!!
Derrière « Sa sainteté » et son invité de marque, défilait en pas cadencés, la horde des officiels. Parmi eux, quelques dames émoustillées dans leurs robes classiques et usitées, moulées moulues, accompagnées du reste de la grande famille des béni-oui-oui de la sphère culturelle mondaine d’ici et d’ailleurs.
Dans la nouvelle foire livresque, Monsieur Culture Officielle au Maroc, foulait de ses pas arrogants le tapis amoché d’un sérail, pardon ! d’un salon fraichement vidé par les boycotts en série que viennent d’exécuter trois partenaires importants de l’événement phare de l’année : l’Union des Ecrivains du Maroc, La Maison de la Poésie « BEIT ACHI R » et l’Alliance marocaine pour la Culture et les Arts.
La guerre est désormais déclarée par les professionnels incontournables de la Culture, qui visaient la l’une des manifestations culturelles les plus importantes dans le Royaume. Certains y voient une incompatibilité d’humeur, un entêtement incompréhensible du Ministre de tutelle face a des revendications vitales des professionnels du Livre et de l’Edition, ou y décèlent tout simplement un narcissisme outrancier de celui qui se compare sans vergogne aux mentors de la sociologie en France tel qu EDGAR MORIN ou Michel MAFESOLI, ceux la même en compagnie desquels il a inauguré les premières rencontres débats, séances considérées a juste titre comme les premières sorties médiatiques et officielles du 17ème SIEL.
Dimanche 13 Février 2011, l’heure est a l’improvisation, la conférence commence a 17 Heures au lieu de 16 Heures. Le lieu aussi, connut un changement. On nous muta de la salle MOHAMED ABED EL JABRI vers celle d’en face, du nom de MOHAMED ARKOUNE. J en profite, acheter le dernier livre d’Edgar MORIN : « La voie » chez Fayard. Que non ! Il dépassera mes moyens : deux cent soixante dirhams, de la bouche souriante de la jeune vendeuse, certainement une étudiante africaine. Avec la même somme, j irai acheter pas moins de 5 livres comprenant ceux que je préfère, tous des écrivains marocains d’expression française : BETTY BATOUL, MAHI BINEBINE, SIHAM BOUHLAL, DRISS CHRAIBI et ABDELKEBIR KHATIBI.
Sur la brochure grise onéreuse et arabophone du Salon du Livre, le sujet de l’intervention des trois conférenciers de la journée est calligraphié en gros caractères, après la condensation de dernière minute : « la Mondialisation en question ». Parmi les trois intervenants, l’inusable HIMMICH, le Ministre de tutelle en personne, accompagné de deux mentors de la philosophie en territoire Francophone : EDGAR MORIN et MICHEL MAFESOLI. On le verra souvent dans cette foire qui ne connaitra pas l’affluence record de l’année précédente, soucieux qu il soit, de pallier au vide provoqué par les boycotteurs. Notre homme ne désire pas fricoter avec les nationaux qu il considère « empêtrés dans leurs slogans creux et utopistes », selon certains proches du Ministre. Il préfère s’afficher avec l’élite, les grands penseurs de ce bas Monde, discuter et débattre les vraies questions, ruminer les problèmes de l’heure, problématiser, toujours méditer !
Notre Ministre est un socialiste (USFP), un intellectuel foncièrement engagé a gauche, mais n’ayant du peuple que l’idéologie, une sorte de Mitterrand « ressuscité », empereur absolutiste et contesté de la Planète Culture, avec le charisme en moins.
A la Foire du livre de Casablanca, Edgar MORIN est venu vulgariser ses nouvelles idées sur la mondialisation, sur la nouvelle voie qu il estime « possible », face a la piètre destinée que connait l’Homme du 21ème Siècle.
Mardi 15 Février, on cède la place a l’étoile montante de la Poésie Marocaine d’expression française, en l’occurrence SIHAM BOUHLAL qui vient de réaliser cette année deux nouveaux recueils : « Mort a vif » et « Etreintes » aux éditions Al Manar. Invitée par le CCME, elle arrive en fin d’après-midi, dans le stand joliment paré de la Communauté marocaine de l’Etranger, et présente a la camera qui la suit au pas, l’espace et les artisans du Salon, avant de s’installer sur l’estrade noble et virevoltante de la parole, dans la lecture poétique qu elle manie avec aisance et passion. Son nouveau récit « Etreintes », est une hymne a la vie, un chant a la fois triste et mélancolique, en souvenir de l’être cher et de ceux a venir
Tarik BOUBIYA
Tarik BOUBIYA
Eljadida.com