Plus de vingt-six mois après son inscription dans le patrimoine mondial de l’Unesco, la réhabilitation de la Cité portugaise attend toujours.
La sonnette d’alarme avait d’ailleurs été tirée par le Conseil international des monuments et des sites qui en a fait l’une de ses principales recommandations. La mission envoyée par le Conseil avait notamment remarqué l’absence de plan précis pour la gestion du site et des environs.
Elle avait alors vivement recommandé l’application, aussi bien a l’intérieur qu en face de la Cité portugaise, de règles strictes d’urbanisme afin de conserver l’intégration visuelle des fortifications. Actuellement, seul lot de consolation : deux pissotières et une plaque commémorative de la fameuse date du classement par l’Unesco. Pour le reste, Mazagan attendra.
La Cité portugaise a été construite probablement sur l’emplacement d’un ancien comptoir phénicien fondé au milieu du Ve siècle avant Jésus-Christ et connu sous le nom de «Portus Rusibis», rappelle un professeur d’histoire.
Baptisée Mazagan, cette nouvelle ville (d où son appellation ultérieure El Jadida) devint très vite un port commercial de première importance grâce a l’exportation des produits agricoles de la région des Doukkala. Durant deux siècles, les différents monarques qui se sont succédés au Maroc ont tenté de libérer la ville. d’après le directeur du Centre du patrimoine maroco-lusitanien, situé a El Jadida, ce qui est plus intéressant pour la partie marocaine, ce sont les départs des Marocains vers Lisbonne.
Il cite a ce sujet le travail effectué par Ahmed Bouchareb sur le déplacement, en 1521, d’une communauté importante de Doukkalis vers le Portugal : fuyant une famine terrible, des douars entiers de la région avaient accepté de traverser l’Atlantique pour s’installer et vivre chez
les Lusitains.
Une présence marocaine confirmée d’ailleurs par Mustapha Machich Alami, qui tente par de nombreux voyages au Portugal de renouer avec cette communauté et d’installer un pont culturel entre les deux pays.
Aujourd hui, entre Mazagan ville du souvenir et Mazagan la brésilienne, les ponts sont coupés. Seul relique de ces temps ancestraux, la Cité portugaise d’El Jadida a été le 30 juin 2004 consacrée patrimoine mondial de l’humanité lors de la 28e session de l’Unesco, tenue a Suzhou en Chine. Un an plus tard,
le site respire l’abandon.
L’on peut se rendre compte de l’état de délabrement avancé des murs et des bâtiments qui peuvent s’écrouler a tout moment. Et pour cause, des habitations anarchiques peuplent la Cité qui est squattée par des familles pauvres a la progéniture nombreuse.
Abdelkader Belcadi
LE MATIN