“A quand le musée d’El Jadida !”, telle est la teneur du cri lancé, récemment, par l’élite intellectuelle locale et d’autres acteurs de cette ville jaloux de la préservation de l’héritage symbolique de la région de Doukkala, lors d’une table-ronde organisée autour de ce thème.
Cette rencontre, initiée par l’Union des écrivains du Maroc (section El Jadida) et l’association du quartier portugais, a été l’occasion de s’interroger sur le sort de l’héritage de grande portée historique et créative d’El Jadida, qui est soumis aux aléas du temps et de la perdition en l’absence d’une institution chargée de la préservation de ce legs singulier.
Faire émerger le musée de la ville d’El Jadida est devenu un impératif de développement pour la région et sa mise en place ne doit plus être considérée comme un fait culturel anodin, ni être perçue comme une question secondaire dans l’échelle des priorités, ont souligné les intervenants.
Ainsi le chercheur Mostapha Jmahri, membre de l’UEM, a rappelé que l’idée de création d’un musée a EL Jadida n’est pas nouvelle, mais elle remonte a 1944, lorsque l’inspecteur en archéologie Evan Paul Antoine a été chargé, sous la direction de l’historien Henri Terrasse, de la conception d’un musée portugais a El Jadida qu il avait publiée dans un article paru en 1945.
Depuis les années soixante-dix, la question de la création d’un musée dans cette ville se pose de manière occasionnelle, en raison de l’absence d’un suivi sérieux pour mettre en uvre ce projet, a-t-il fait remarquer.
L’importance de ce projet n’est pas seulement culturelle, mais elle aura des retombées positives sur le développement de la ville, en tant que vecteur de progrès du secteur touristique de la région, qui est d’ailleurs appelée a connaître une dynamique avec la création notamment d’une grande station balnéaire “Mazagan”, a-t-il expliqué.
Protéger l’héritage symbolique de la ville
Un autre membre de l’UEM, le romancier Habib Dayam Rabbi, a rappelé que l’idée de la création d’un tel musée a été soulevée par l’autorité régionale dans les années soixante-dix, dans un premier temps, et par le conseil municipal dans les années quatre-vingt, ensuite.
La création d’un musée qui protège l’héritage symbolique de la ville revêt un intérêt particulier non seulement en tant qu archive ou glorification du passé, mais sera une manière de contribuer a la conception du futur, a souligné Dayam Rabbi.
Si la ville ne dispose pas de mussé, a-t-il expliqué, c’est parce qu il y a une pensée dominante qui se représente la culture comme étant un domaine secondaire, car moins rentable en comparaison avec d’autres projets et secteurs qui le sont.
Le président de l’association du quartier portugais, Ibrahim Kalii a, quant a lui, souligné que le lancement d’un dialogue sérieux entre les différents acteurs devient impérieux afin que le projet du musée puisse voir le jour.
A cet égard, il a appelé a une nouvelle configuration du projet et a la création d’une cellule de réflexion qui tienne compte des spécificités de l’héritage culturel de la région de Doukkala.
“Il n’est pas du tout raisonnable qu El Jadida, ville séculaire, ne dispose pas d’un musée qui protège son précieux patrimoine archéologique , a-t-il estimé.
L’organisation de cette table-ronde, a laquelle ont prit part des responsables des ministères concernés et des associations locales, intervient sur fond d’une série d’événements que la ville a connus récemment, dont le vol d’un canon du quartier portugais et la baisse du rendement de certains services culturels.
Redouane Baakili
Menara.ma