LES procédures suivent leur cours normal pour la cession des 40 ha nécessaires a la station balnéaire Sidi Abed (une trentaine de kilomètres au sud d’El Jadida), entrant dans le cadre du projet Biladi. La parcelle dédiée au programme est en cours de déclassement par le département en charge des Eaux et Forêts au profit de la direction des Domaines. Cette dernière est la mieux habilitée selon le droit marocain a céder des terrains pour l’installation de projets, notamment quand ils sont jugés d’utilité publique.
c’est donc une affaire des plus régulières considérée de «cuisine interne» entre des départements de l’Etat, commente un responsable.
A l’origine de cette affaire, la convention signée avec l’adjudicataire CMKD (Consortium maroco-koweïtien de développement) pour la valorisation du site Sidi Abed (cf. www.leconomiste.com).
L’objectif est de développer cette destination au profit des touristes nationaux.
Le programme prévoit des résidences touristiques, un camping aux normes internationales et de l’animation avec commerces et infrastructures de loisir. Des terrains pour des activités sportives et même un théâtre et une salle de cinéma sont prévus. Grosso modo, c’est une capacité d’accueil d’environ 5.700 lits qui est envisagée. l’investissement, quant a lui, est estimé a quelque 416 millions de DH.
La stratégie de développement du tourisme interne aura pour objectif de faire basculer une partie de la demande qui utilise le logement chez l’habitant d’El Jadida vers des structures formelles. «Les prix du village balnéaire seront adaptés au pouvoir d’achat des Marocains», est-il indiqué auprès du ministère du Tourisme.
L’Etat a en charge l’apurement et la cession du foncier a un prix incitatif ainsi que la réalisation des infrastructures hors site. De leur côté, les développeurs s’engagent a aménager, a viabiliser le site, a réaliser l’immobilier et le programme touristique et a gérer la zone. Il incombera par la suite aux promoteurs de confectionner des packages pour la promotion et la commercialisation du produit.
Le département des Eaux et Forêts, après avoir procédé au bornage de l’assiette foncière du projet de Sidi Abed, a entamé les études topographiques pour la délimitation de son patrimoine forestier de Sidi Abed jusqu a la lagune de Oualidia sur une quarantaine de kilomètres. La délimitation concerne une superficie totale de plus de 800 ha. Cependant, la commission qui était en charge de l’opération a été confrontée a des réticences de la part des habitants du Douar Lkharba au nord de Sidi Abed. Ces derniers auraient été remontés par un certain «M. Aziz» contre les membres de la commission. Il a été expliqué aux habitants que leurs terrains agricoles feraient l’objet d’expropriations. Un accrochage musclé a mis aux prises habitants et membres de la commission. Des témoins ont rapporté a l’Economiste des jets de pierres contre les forces de l’ordre. Trois gendarmes et cinq membres des Forces auxiliaires ont même été blessés. «M. Aziz» et trois autres personnes ont été appréhendés pour entraves a des forces de l’ordre et pour incitation au trouble de l’ordre public.
Pour leur permettre de faire leur travail, les topographes sont actuellement protégés par les forces de l’ordre. Et pour cause: les membres de la commission ont découvert que ledit Aziz s’était approprié au moyen d’un «acte coutumier» une parcelle de 2,5 ha du domaine forestier. Il s’était même arrangé pour légaliser un contrat de vente d’un montant de 100.000 DH auprès de l’administration de la commune de Sidi Abed, et ce le 07/02/2006. l’acte de propriété a été enregistré par la suite auprès de la conservation foncière d’El Jadida. l’administration des Eaux et Forêts s’est opposée, en son temps, a cet acte.
Selon une source bien informée, l’objectif de l’acquisition est d’abord d’exploiter le sable qui se trouve sur cette propriété. Les terrains, une fois valorisés, allaient être par la suite cédés facilement a des promoteurs immobiliers. La station Sidi Abed qui avait été pour un temps délaissée commence a prendre de l’importance.
Les prix des propriétés ont fortement augmenté. Les terrains viabilisés de 180 m2 qui valaient entre 100.000 et 150.000 DH sont actuellement cédés jusqu a 650.000 DH. Les prix vont encore augmenter car des études sont en cours pour la construction d’une double voie rapide pour relier El Jadida et Sidi Abed.
Mohamed RAMDANI
L’Economiste