Quand je suis allé au Salon du Livre me faire dédicacer «Le Dernier Salto», ABDALLAH BAIDA n’était plus au stand qu il m avait indiqué :
– Je suis parti manger, me dit-il d’une voix nasillarde.
Ne pouvant le voir au SIEL, j ai gardé l’espoir de l’accueillir au café Littéraire « jdidi » de samedi 15 Mars 2014. Pour nous, l’événement est de taille et coïncide avec le deuxième anniversaire de la naissance de notre association : « Café Littéraire El Jadida-Mazagao » (créé le 11 mars 2012).
Dans une actualité littéraire riche en nouveautés, le roman d’Abdallah BAIDA est un petit chef d’œuvre, une nouvelle étoile qui brille sur la scène littéraire nationale.
Ce sont 150 pages agréables a lire, ponctuées de plaisirs et de découvertes pour les initiés comme pour le grand public. l’incipit est original, un corps qui ne suit plus et le narrateur qui veut en échapper en marchant, ne pouvant faire de sport en raison de l’âge qui avance. Les premières pages défilent au rythme d’une marche annoncée, quand survient l’épisode soudaine de la pirouette a l’envers. Le salto tant annoncé est exécuté d’entrée, pour échapper a la femme voilée au volant d’une voiture a la blancheur immaculée. Mais rien n’est moins s»r, serait-ce dans le rêve ou au cours de la marche quotidienne, ou peut-être dans un paradis longtemps rêvé, quand un songe devient réalité.
Le livre entre les mains, sous son regard complice, Abdallah BAIDA vous scrute derrière ses lunettes noires, avec l’enfance comme seule langue et la mer a l’horizon de sa pensée, n’a-t-on pas dit qu il participe avec son salto a l’envol que connait la littérature marocaine. Oh que oui, je le confirme !
Le récit est émaillé de notes de l’auteur, ce sont a chaque épisode des phrases sensées, superposées, bien ordonnées, sculptées même pour les connaisseurs en mal d’indices, marinées a la sauce des souvenirs d’enfance, balancées au lecteur, l’aider, le guider a comprendre l’univers phantasmatique de l’écrivain.
A peine vous commencez a saisir au vol le sens de ce que vous lisez, et l’auteur de se dérober au détour d’un évènement, d’un fait réel ou imagé. écoutez plutôt ces séquences suggestives de ces virées superbement agencées: « Dans un élan effréné jaillissaient des images d’enfance», « Le salto permet de saisir au vol le fugace et de fixer l’évanescent.. » et « De la a mettre des mots sur les choses, l’aventure est périlleuse ». Tout le texte est bardé de haltes, de ces phrases réfléchies, vraies, qui donnent un sens a chaque divagation, a chaque pensée, a chaque souvenance
D entrée de jeu, il évoqua l’école et ses débuts, sous le témoignage du petit Mohamed découvrant la nouvelle langue de l’instit que l’auteur s’empressa d’en faire la risée du village.
L’auteur n’hésite pas a s’adresser au lecteur, l’ami ennemi, dans sa quête d’une certaine verité, a l’origine duquel il y avait la langue.
L’auteur nous dit : au début il y avait l’amour du silence, et puis vint comme par miracle, une passion démesurée pour le verbe. La découverte de la lecture l’empêchait de jouer avec ses camarades.
Ensuite survint l’écriture qui se transformât en calligraphie avec laquelle Mohammed réalisait des ascensions extatiques.
Il est un personnage qu Abdallah BAIDA a choisi d’évoquer dans une langue empreinte d’admiration, de tendresse et d’amitié profonde, c’est son grand ami Feu Edmond Amrane EL MALEH. Il lui a fait la part belle dans son écrit, lui consacrant une place de choix dans le magma hétérogène des mentors. Il le respectait comme son grand père, évoquât tristement leur dernière rencontre, et lui fit dire, entre deux dialogues réalisés post mortem avec Mohamed (le personnage central du roman), cette parole complice et ô combien signifiante : – Dégage de la, va faire un tour du côté de la plage océanique. Il fait tellement beau aujourd hui. Un beau soleil qu il ne faut pas rater. Inutile de perdre ton temps avec ces balivernes. Vis pleinement ta vie !
Dans le journal Le Matin du 10/01/2014, Abdallah BAIDA déclare dans un entretien : « le salto est aussi le symbole de toutes ces tentatives qui jalonnent une existence et au cours desquelles nous essayons de réaliser des rêves qui nous permettent d’échapper aux lourdeurs du quotidien », pas seulement, nous autres lecteurs, nous acquiesçons tout sourire, son salto nous a comblé, il fut joie et libération.
Tarik BOUBIYA
Eljadida.com