écrire un article ou écrire un roman, écrire un point c’est tout. Ce soir je prends le train, partir assister a la signature du dernier roman d’Abdelhak SERHANE au carrefour des livres : « l’homme qui descend des montagnes » des éditions Le Seuil.
Ces derniers jours, depuis que la Station touristique « Mazagan Beach Resort » a ouvert ses portes a l’entrée d’El Jadida, le Train de et en provenance de Casablanca a subi une métamorphose salutaire. Le tacot d’hier a cédé la place a un « TANGI FASS » multicolore italien, un corps métallique de six wagons, a étage s’il vous plait, drapés d’un costume d’orange et de gris, au sifflement strident. Je m imagine, débarquant du douar LAGHNADRA, avec une triple « JELLABA » sur des épaules extra larges, poussiéreuses et un cul terreux, et que vois-je ? Rêve-je ou vive-je ? Je me présente TARIK BEN ABDELKADER BEN MOHAMMED, j ai en face de moi un train, non ! une soucoupe volante, peut être !!? d’orange et de gris, a peine suis-je monté que je découvre un espace couvert de lumières et de blancheur, un mur flambant neuf, luisant et propre. J atterris de ma campagne d’a côté et escalade un escalier qui mène droit vers une salle suspendue, je m assois en gentleman poli, heureux, rieur et hilare. mes côtés, une belle marrakchiya, la trentaine, qui me dévisage de haut en bas, une prof de gestion dit-elle ! Quelle classe et quelle différence entre ces gazelles des temps modernes et ces messieurs, et nous autres les habitants de cette terre Doukkalie, a l’avenir incertain, après que le poumon de la ville d’El Jadida ait été meurtri, saccagé, anéanti par les nouveaux arrivants ??
Le voyage dura une heure vingt minutes, entre le désert du moment et l’oasis de Casablanca. Arrivé au centre de Maârif, je traverse la place de la Mosquée au moment de la sainte prière, les paroles douçoureuses du jeune imam raisonnent encore dans ma tête, fracassée par le vacarme ambiant. Allah est grand, présent a tout moment de la journée, la culture elle, attendra son heure. Je prie et m en va, la paix dans l’âme.
A l’entrée de la Librairie « Au carrefour des Livres », je reconnais d’entrée, les yeux grands ouverts du célèbre invité, Abdelhak SERHANE. l’écrivain est la, en chair et en os, qui a choisi de s’expatrier au Canada, après s’être éreinté la plume, a force de dénonciations et de cris d’alarme. La petite salle de la librairie rayonne, Mme BELARBI est assise a côté de l’auteur de MESSAOUDA, en témoignage du bon vieux temps, égrenant les souvenirs des années fastes, quand l’écriture était un combat pour la survie de l’esprit. Et SERHANE qui s’y met, nous racontant les méandres d’une vie passée dans la lutte acharnée contre le dictat du père, contre une société sans pitié pour les faibles et les petits. J entends encore les bribes de son discours sincère et généreux :
– « On était devenus très proches avec ma mère on s’était réconciliés avant sa mortJ écris tout le temps…J ai arrêté de publierme suis retiré dans une bulle pour me protéger des journalistes, des lecteurset arriver a écrire autre chose, il y a un regard nouveau, j ai gagné en maturité pour ne pas accéder a la mort de l’écriture »
L’auteur de « MESSAOUDA » est né en 1950 a Séfrou. Jeune, il s’essaie a une carrière d’officier dans une académie militaire et finit par s’insurger contre les pratiques inhumaines qui y règnent. Ensuite il va intégrer le noble métier d’enseignant a l’Université IBN TOFAYLE a Kenitra, obtient un doctorat en psychologie en 1989 et un deuxième en littérature en 1997. Ses écrits sont caractérisés par la violence des images sociétales y contenues, un verbe acerbe qui analyse et dénonce l’hypocrisie d’une société exploitée et méprisée a bloc
Merci l’artiste, les retrouvailles sont toujours un moment de bonheur intense pour nous autres rescapés de cette terre exsangue. Continues a écrire, ton combat sera un jour jugé, authentifié et reconnu, par le Tribunal de l’Histoire.
Bibliographie :
* Romans et Essais:
Messaouda (Le Seuil) 1983 – Prix littéraire des Radios libres
Les enfants des rues étroites (Le Seuil) 1986 –
Le Soleil des obscurs (Le Seuil) 1992 – Prix français du Monde Arabe
Les Prolétaires de la haine (Publisud) 1995
Le Deuil des chiens (Le Seuil) 1998 – Prix de l’Afrique méditerranéenne
L’amour circoncis (Eddif) 1995
Le Massacre de la tribu (Eddif) 1997
Les temps noirs (Le Seuil) 2002
L’homme qui descend des montagnes (Le Seuil) 2009
* Poésie :
L’Ivre poème (Al Kalam Rabat) 1989
La Nuit du Secret (Atelier des Grames) 1992
Chant d’ortie (l Harmattan) 1993
Le Silence est déja trop tard (Paris Méditerrané) 2000
Les Dunes paradoxales (Paris Méditerrané) 2001
* Nouvelles :
“Le Vélo” Montréal: XYZ, 1991. Repris dans Anthologie de la nouvelle maghrébine, Casablanca: Eddif, 1996.
“J écris pour le soleil” Actes du Colloque de Montpellier, 1985.
” Les mots de la douleur” Oualili. Meknès, 1986.
“La Femme : un destin périmé”. Lamalif. Casablanca, 1986.
“L Artisan du rêve”. Visions du Maghreb. Montpellier: Edisud, 1987.
“Le Corps texte”. Horizons maghrébins. Toulouse, 1987.
“Un Pays aux couleurs de son temps”. Librement. Casablanca, 1988.
“Le Destin des pierres”. Autrement. Paris: 1990.
Tarik BOUBIYA
Eljadida.com