La Galerie Venise Cadre abrite jusqu au 15 mars 2006 l’exposition de l’artiste plasticien Abderahman Rahoul. c’est un événement créatif qui nous permet de repenser et recontempler la peinture fragmentée de cet artiste chercheur. Formes enlacées et tridimensionnelles, les atmosphères de ses toiles stimulent notre regard avisé et interpellent notre imaginaire relatif a l’architecture marocaine dans ses dimensions esthétiques apparentes et latentes dont le monde représentatif de prédilection demeure Derb Soltane a Casablanca.
Pour Aziz Daki, écrivain, « l’énorme entassement urbain des logis et leur aspect étroitement serré expriment toujours l’émerveillement intérieur de l’artiste. Il morcelle en formes coniques, sphériques, rectangulaires, carrées les habitations de son enfance comme pour donner corps a quelques parcelles de la féerie qu il garde au -dedans.
Les maisons sont accolées les unes aux autres, s’étagent étroitement enlacées. Lorsque ces maisons se dressent pour revêtir un aspect anthropomorphique, il ne fait aucun doute que les murs s’unissent aux êtres. Les habitations se fondent alors avec les hommes dans une étreinte a la fois amoureuse et indissoluble».
Passionné par la peinture tellurique, Rahoul met en relief ses personnages ancrés dans l’architecture : Dans son art, il prouve que l’appropriation d’un tableau nécessite un itinéraire qui permet de toucher autant du doigt que par l’il le mystère de la peinture. «Je travaille toujours mon sujet en le tâtant». «Déconcertante confidence d’un artiste qui ne recule pas pour apprécier l’œuvre, ferme les yeux pour la voir avec les mains», ajoute Aziz Daki .
Céramiste aguerri, peintre illuminé et sculpteur illustre, Rahoul est actuellement directeur de l’Ecole Supérieure des Beaux Arts de Casablanca où il anime, en tant que professeur, un atelier depuis 1972. Cet artiste taciturne nous invite a la contemplation et a la mise en question, a l’image d’un visionnaire en quête de d’authenticité et d’originalité. Avec patience et dextérité, il valorise notre savoir-faire ancestral dans la conception et la réalisation des uvres plastiques qui se présentent comme un hommage symbolique a son espace vécu et habité : «J insiste beaucoup sur la mention de mon quartier natal Derb Soltane de Casablanca, parce qu il reste ma source d’inspiration, que ce soit en peinture ou en sculpture», confie cet artiste polyvalent qui a commencé sa formation artistique, en 1962, a l’Ecole des Arts de Casablanca, avant de partir a Paris pour intégrer successivement l’Ecole nationale supérieure des arts industriels et des métiers d’art, puis l’Académie populaire des arts. Actuellement, il vit et travaille, a la fois au Maroc (Casablanca et Azemmour) et en France (St Ferme -Gironde).
Acte néo -figuratif, la peinture de Rahoul repose sur une technique personnalisée qui mêle forme et couleurs, tout en frayant un chemin loin des sentiers battus et tout en articulant les demeures et les êtres retenus, discrets et habillés de fragment géométriques en pleine picturalité et spatialité.
Abdellah Cheikh
AlBayane.ma
