Lundi, triste nouvelle Mon grand père paternel s’éteint en après midi.
J ai reçu la nouvelle sans grand effet, oui on me le dit toujours, que je prends les choses a la légère au début, ca ne m a pas trop choqué car notre bien aimé grand père était anciennement malade, ses six ans au lit ont un peu allégé le choc de la nouvelle de sa disparition.
Tout le monde s’est réuni dans la maison des grands parents, une des plus vieilles maisons d’El Jadida, qui a dit que la mort ne séparait? au contraire, cette douloureuse nouvelle a fait réunir des centaines de personnes, la proche famille et les amis du défunt, ainsi que les connaissances de ses dix fils et filles, personnellement, j ai eu l’occasion de voir mes petits cousins et cousines ainsi que mes grandes tantes et oncles.
Le Maroc va bien, oui je l’ai dit a mon frère Adil quand j ai vu le couscous arriver de tout bord, chose qui ne se fait plus de nos jours, décryptage : la famille du défunt qui n’a pas de temps pour préparer le déjeuner des gens qui viennent pour le 3 za, se voit aidée par les gens du quartier et de la famille par des plats de couscous, grand témoignage de solidarité et de communautarisme qui commence a se détériorer au fil du temps.
Pendant toute la soirée et la matinée, je savais que je ne pleurerais pas, enfin, je me le disais, grand père était quelqu un d’aimé ou de craint par certains, il a assisté a la deuxième guerre mondiale, était parmi les grands noms de la résistance et répétait avec fierté avoir été dans toutes les prisons de l’occupation française, il faisait du cyclisme, gardien de but aussi dans l’ancienne équipe de foot d’El Jadida, je le vois encore debout, ou sur sa bicyclette, une vraie antiquité qu il a préservé pendant des dizaines d’années.
J ai passé la matinée entre d’interminables embrassades, des gens que je connais ou pas, les courses, les travaux sur la grande tente dressée devant la maison et qui ferme l’accès comme a l’accoutumée pendant ce genre d’événements, jusqu au moment de son enterrement après la prière du Dohr a la mosquée de Bouchrit; a ce moment précis, je voyais les ouvriers qui lui préparaient sa dernière demeure, une minuscule tranchée d’un mètre quatre vingt sur cinquante centimètres et je me dit “Non, grand père ne rentrerait pas dans ce petit fossé”, il ont parsemé du henné et arrosé de l’eau de fleur, j ai eu tort, grand père est rentré dans le petit fossé et aisément même, le grand monsieur est subitement devenu mince, et l’on distinguait a peine sa silhouette dans le tissu blanc, je pleurait des litres, j ai remarqué que j était le seul a le faire, mais était je le seul a penser a sa mort?
Le chemin du retour était un moment de réflexion intense a ce sujet, c’est cela la raison pour laquelle il faut toujours assister au funérailles et visiter les malades, proches ou pas, ca pousse a réfléchir, notre vie est un passage, pour ceux qui n’y croient pas ils n’ont qu a sauter ce paragraphe, grand père n’a rien emporté avec lui, on l’a laissé la bas, seul dans ses cinquante centimètres, avec un tissu blanc et les outils qui ont servi a confectionner son dernier habit, ni terres, ni biens, walou, seul avec dieu et ses anges gardiens, je me demandais ce qui se passait avec lui en ce moment, et en l’absence de réponse, je me dis qu il faut se préparer a vivre la même chose un jour.
Adieu grand père. Adieu Bouchaib LEBBAT
Driss LEBBAT
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