André Elbaz s’est montré généreux envers le musée national d’art contemporain. Le ministère de la Culture le lui a bien rendu. Il a exposé le 2 octobre les œuvres que l’artiste a données au musée.
EN dépit de son départ du Maroc pour s’établir a la fin des années soixante en France, André Elbaz s’est toujours présenté comme un peintre marocain. Dans aucune de ses biographies on ne trouvera des expressions du genre :
« peintre français né au Maroc ou peintre français d’origine marocaine ». Il a toujours opposé un refus catégorique aux commissaires d’exposition et aux galeristes qui ont cherché a le persuader qu il était plus facile de le vendre en tant que peintre occidental. Il a toujours gardé des attaches avec ses pairs marocains, prenant part volontiers a leurs expositions collectives.
Ses tableaux ont intégré depuis longtemps les collections de plusieurs musées, bibliothèques nationales, fondations et universités a travers le monde. Mais c’est la première fois qu il offre ses œuvres a un musée.
L’artiste marocain André Elbaz a décidé de mettre sa collection d’œuvres a la disposition du musée national d’art contemporain, une institution encore en travaux a Rabat.
Quand l’artiste a appris la création de ce musée, il a immédiatement annoncé sa volonté de lui offrir ses oeuvres. Il a exprimé son intention dans une lettre adressée au ministre de la Culture, Mohamed Achaâri, a qui il écrivait : « si j offre ces pièces au musée national d’art contemporain de Rabat, c’est bien entendu pour honorer l’heureuse initiative que représente un pareil lieu pour l’art, mais c’est aussi et surtout en hommage a feu SM Mohammed V, sans la protection de qui ni ma communauté ni moi n’aurions été la pour témoigner de plusieurs moments de la vie et du monde ».
André Elbaz ne s’est pas contenté d’offrir des œuvres de sa collection, il a invité sa femme et ses deux enfants a en faire autant. Ainsi, les quinze pièces de la donation proviennent de la famille Elbaz.
« Les peintres sont généralement circonspects et réclament toutes les garanties d’un musée avant d’y déposer leurs œuvres. André Elbaz témoigne pour sa part sa confiance au musée national d’art contemporain avant même qu il n’ouvre ses portes. Il fait don de ses pièces a un établissement en chantier. Avec cette donation, André Elbaz semble répondre a une urgence dont il connaît seul le secret.
Le Musée National d’Art Contemporain est appelé a combler un manque criant pour toute personne voulant se faire une idée de l’histoire de la peinture au Maroc. Sa collection permanente devrait permettre d’appréhender les étapes successives qui caractérisent l’évolution des arts plastiques dans notre pays.
« Pour sélectionner les quinze pièces de la donation, il a fallu passer en revue plus de deux cents œuvres, déposées au domicile du peintre a Paris et dans son atelier a Narbonne. Il n’a pas été aisé d’isoler des pièces dans un ensemble qui ferait le bonheur de n’importe quel musée.
Pour avoir été mandaté par le ministère de la Culture pour aider a cette sélection, je peux témoigner qu André Elbaz n’a jamais marqué la moindre hésitation quant au don d’une œuvre d’un grand format ou d’une facture unique. Bien au contraire, non seulement il a toujours répondu oui, mais a poussé parfois l’exigence jusqu a suggérer de remplacer une œuvre d’un petit format par telle autre pièce imposante mieux appropriée a un musée », explique le critique d’art Aziz Daki.
Né en 1934 a El Jadida, André Elbaz est le premier marocain de confession juive a exercer la peinture en professionnel. Il est considéré comme artiste boulimique, en ceci que sa soif des faits esthétiques le porte a s’emparer de plusieurs formes d’art. Peintre, comédien, metteur en scène, Elbaz est aussi l’auteur de plusieurs courts-métrages.
c’est un artiste « très contemporain », dans la mesure où il ne craint pas d’élargir le champ des arts plastiques ou d’en appeler a d’autres disciplines. Il a créé ainsi une approche thérapeutique par la peinture et le théâtre qu il a dénommée le pictodrame. Mais ce qui distingue avant tout l’artiste, c’est son œuvre picturale, graphique et les papiers qu il fabrique. Cette œuvre est essentielle dans la jeune histoire des arts plastiques au Maroc.
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