L ami Khaldi fait des remarques intéressantes a plus d’un titre, sur le figuier de barbarie et sur Estevanico (voir mon article précédent sur le figuier). c’est vrai que si l’on appelle le plus souvent la figue de Barbarie karmouss Nsrra ou kharmouss Hindya dans les Doukkala (région qui m intéresse surtout dans cette chronique ).
On l’appelle différemment, et principalement « kharmouss Acnari », notamment dans le Sud et en région berbère. « La figue des Canaries. » Ce qui traduit une origine canarienne. Et effectivement, il y a aux Canaries mille et une variétés de cactusdont celle-ci, sauf qui si les autres sont endémiques, le figuier de Barbarie est d’importation mexicaine : Toutes les études sur la question le prouvent. Il faut dire que les Canaries étaient l’escale obligée de tous les explorateurs en route (en voile, plutôt !) pour les Amériques, a commencer par Christophe Colomb qui y séjourna a quatre reprises. Et tous ces conquistadors transportaient a leur retour vers l’Espagne, dans les cales de leurs navires, quantité d’objets et de marchandises diverses (Or, pierres précieuses, et naturellement des plantes, le maïs, la pomme de terre et le figuier de Barbarie, etc).
A leur escale aux Canaries, le climat aride s’y prêtant, les figuiers s’y sont multipliésPuis, les oiseaux migrateurs en disséminant les graines et les courants marins en emportant dans leurs flots des raquettes ont fait le reste, importateurs involontaires mais bénéfiques pour des régions de l’Afrique Atlantique. Il est évident que la côte sud-ouest du Maroc a un cachet nettement canarien et macaronésien : d’autres plantes ont en effet abordé la côte des Doukkala, comme le célèbre dragonnier, arbre emblématique des Canaries (et de Madère) dont on voit un spécimen dans les parcs d’El Jadida
N empêche que notre figuier en question est bel et bien d’origine mexicaine, comme le confirme également le PNTTA (Programme National de Transfert de Technologie), dont le siège est a Rabat : « Le figuier de Barbarie est un arbre originaire des régions arides et semi-arides du Mexique d’où il a été introduit en Afrique du Nord vers le 16ème siècle » ( note du 9/12/2007 ).
Quant a Estevanico, s’il a le mérite d’avoir été le premier Doukkali a aborder les côtes américaines, et le premier homme venu de l’extérieur du continent américain a avoir découvert la Floride, le Texas et l’Arizona, il a aussi celui de voir son nom apposé a l’une des chambres d’une belle maison d’hôte d’Azemmour ( Riad Azama ) et a l’un des plus beaux chevaux de course du monde! En attendant qu un jour, peut-être, une rue ou une place, ou un quartier d’Azemmour porte son nom. Et que sa vie, brève mais passionnante, soit relatée dans les guides touristiques de la région des Doukkalas, comme elle l’est depuis longtemps déja, au Texas, en Arizona ou a Mexico, où Estevanico est le héros de nombreux romans d’aventures, de bandes dessinées et de thèses universitaires (cf quelques uns des portraits de lui, exécutés aux Etats-Unis ou au Mexique et rajoutés en galerie ).
Michel Amengual
Eljadida.com