Arbre mon ami : LE PALMIER, Du désert au dessert, Mais dans les Doukkala ?

S il est un arbre commun a tout le Maghreb et le golfe arabique, c’est bien le palmier. On le trouve maintenant partout autour de la MéditerranéeMais il y a palmier et… palmier !

Les palmiers dattiers ont été introduits ou cultivés au Maroc lors des premières grandes migrations a partir de l’Arabie et notamment des régions du Yémen. Ils ont poussé par la suite naturellement, ça et la dans certaines régions humides de la région saharienne. Sans les dattes, il n’y aurait certainement pas de vie dans le désert ! Les nomades en emportaient dans leurs transhumances, et derrière eux, poussaient les dattiers…et naissaient les oasis ! Actuellement, la production de dattes au Maroc ne dépasse pas 3% de la production mondiale ( qui est de 3,7 millions de tonnes, dont 70% provenant de pays arabes ), faisant du Royaume le 8ème producteur mondial. Il y a plus d’un siècle, le Maroc était classé 3ème au niveau mondial. La foire nationale des dattes, qui s’est tenue du 26 au 28 octobre a Erfoud, permet de mieux saisir l’urgente nécessité de mettre en valeur cette production.

Mais sur la côte atlantique, Il s’agit d’une autre espèce de palmiers. Les graines de ces palmiers auraient été introduites depuis les Canaries par les oiseaux .La main de l’homme a pris par la suite la relève. Mais c’est un palmier plutôt ornemental, le phoenix, et le Washingtonia, très présents dans les principales avenues d’El Jadida, et très décoratif. On en voit déja sur les vieilles cartes postales d’El Jadida des années 1920-30. Les derniers ont été plantés tout récemment et longent orgueilleusement l’avenue Nabeul, face a la Plage d’El Jadida.Ils auront belle allure, si Dieu leur prête vie. Comme cette si belle allée qui continue l’avenue Ennakhil (L allée des lauriers !), en direction de la mer. Mais ces palmiers ne donnent pas de fruits qui vaillent la peine qu on se risque a grimper pour les cueillir.

Mais l’espèce la plus ancienne dans la région des Doukkala, endémique, « indigène », c’est le Doum. Il en existe un spécimen remarquable dans le Parc Hassan II, d’El Jadida. Un palmier nain que l’on trouvait partout pendant des siècles. Les Portugais, dans les récits que l’on a pu obtenir de leur vie durant l’occupation de la Citadelle de Mazagan,( 1540-1769), allaient dans les alentours pour en cueillir les dattes Une petite graine ni douce ni agréable au go»tMais c’est un arbre très utile. On utilise ses feuilles ( lanières et fibres) pour faire des corbeilles et des nattes, des balais, des moules a fromages,etc…Les fruits sont utilisés en pharmacie. Sous le Protectorat, le Maroc était le premier exportateur mondial de crin végétal tiré du doum. On l’utilisait pour la fabrication de textile ou le remplissage des matelas et des sièges de voituresLes Allemands, avant la Deuxième Guerre mondiale, en achetaient en quantité telle que les Français, intrigués par ces achats massifs, ont fini par découvrir qu avec la cellulose tirée de cet arbre, ils préparaient en réalité des explosifs ( la nitrocellulose !).

Une bâtisse a servi pendant longtemps d’entrepôt pour le crin que les fournisseurs doukkali venaient exporter. Elle appartenait a Carlo Mortéo, qui fut consul d’Italie, mais aussi représentant la Compagnie Paquet et la Société italienne Fiat. Ce bâtiment a été récemment démoli pour faire place aujourd hui a un restaurant spécialisé dans les grillades et fritures de poissons, Bd de Suez qui longe le port en direction de la Cité portugaise. Quant a la plus importante usine de crin végétal de la région des Doukkala, elle appartenait a François Peraldi, et sa fille, Gisèle Godest-Peraldi, qui travailla longtemps auprès de Jacques Chirac a la Ville de Paris et qui est elle-même native d’El Jadida, le dit dans ces émouvantes « Paroles de Mazaganais », recueillis par Mustapha Jmahri et publiées tout récemment. Un livre de souvenirs qu il faut avoir lu pour mieux comprendre El Jadida.

Michel Amengual
Eljadida.com

Auteur/autrice