Betty Batoul : Invitée de l’Alliance Franco-Marocaine
L’écrivaine belgo-marocaine souffre sans se résigner, et demeure très attachée a ses racines doukkalis.
Grâce a la rencontre organisée par l’Alliance Franco-Marocaine avec l’auteure du roman Un coquelicot en hiver ? Pourquoi pas, le public a pu faire ample connaissance avec une personnalité très attachante et profondément enracinée dans ses origines doukkali, qui incarne la souffrance et la déchirure sans pour autant sombrer dans la désespérance.
Betty, ou Batoul de son prénom marocain, est née a Bruxelles, d’un mariage mixte belgo-marocain.
Dans son ouvrage qui lui a valu le Prix Condorcet Aron, elle parle sans tabou de la maltraitance des enfants, de la violence conjugale, des fléaux sociaux qui touchent encore beaucoup d’enfants, beaucoup de femmes et les condamnent a souffrir la plupart du temps en silencec’est un roman qui a pour mot d’ordre de rendre l’espoir aux femmes maltraitées.
Coquelicot en hiver ? Pourquoi pas, c’est l’enfant arrivé a l’âge adulte, brisé en mille morceaux, qui a pu se reconstituer, recouvrer son bonheur et son enthousiasme d’enfance. Et entretemps, c’est la description émouvante d’une adolescente qui galère. c’est le temps du doute, du sentiment du rejet par tous, de la hantise du suicide et, plus tard, de la solitude noyée dans l’alcool, de l’enfer de la violence conjugalejusqu a une certaine nuit d’avrilun Virage. Et la, un pétale s’ouvre (la sortie du tunnel, l’espoir), puis un deuxièmepour en fin de compte constituer un coquelicot…une vie.
Mais le coquelicot est unique. Il est fier de ses origines et de son sort. On doit se contenter de le regarder vivre sans chercher a le cueillir, pour le plaisir de le posséder ou l’« l’enfermer » dans un vase, sous peine de le voir presqu immédiatement perdre sa splendeur et sa superbe.
Le coquelicot se sent bien la ou il est, la où il pousse. Il est pareil a une certaine Betty ou Batoul, a ses racines, a son enfance « ballotée » entre le Maroc et la Belgique, mais une vie qui est sienne et dont elle reste fière.
Or, ce que beaucoup d’entre nous ignoraient jusqu a ce jour, c’est que Batoul est une jdidie. Son père n’est autre que feu Kaddour, l’ex-propriétaire de l’Hôtel-Restaurant-Bar: la Brise (route d’Oualidia), et ses études primaires, elle les avait faites a l’école Khadija Oum El Mouminine.
Batoul évoquait avec émotion son enfance a El Jadida. Elle parlait de l’amour d’un père disparu trop tôtau moment où elle avait grandement besoin de lui. Besoin de lui dire tout ce qu elle avait enduré dans sa vie, les combats qu elle avait d» mener et dont elle était sortie vainqueur, pour devenir la femme qu elle est aujourd hui. Elle voulait voir dans ses yeux, ce petit signe complice, cette flamme qui lui confirmerait a quel point il est fier d’elle et de ses combats remportés haut la main. Lui, cet ex-boxeur qui lui avait inculqué dans son enfance de « se battre dans la vie et de ne s’arrêter que lorsque l’adversaire [était] a terre ».
Adulte, épanouie, et plus forte que jamais, Batoul est pareille a ce boxeur qui après avoir gagné son combat par KO, regagne son coin où l’attend son coach, tout en espérant de lui un baiser ou une tape sur le dos, comme pour lui dire : « Bravo bébé, tu es le meilleur ! »
Batoul parlait une grande partie du temps avec émotion. Une émotion diagnostiquée de contagieuse, tant elle n’a pas épargné une grande partie de l’assistance.
Batoul était unique pour parler de force et de combat, avec émotion et larmes aux yeux.
Mais en évoquant son passage au cimetière de Sidi Moussa pour visiter la tombe du Père, Batoul a fondu en larmes. Elle était tellement émue et tellement émouvante.
Pour son courage, pour son roman et pour ce qu elle est aujourd hui, Batoul doit être un exemple, pour toutes celles et tous ceux qui souffrent, qui broient du noir, seuls, recroquevillés sur eux-mêmes et incapables de trouver la force nécessaire pour se relever pour continuer le combat.
Abdellah HANBALI
Ahdate Doukkalia