Si vous le rencontrez dans la rue, sachez qu il porte une djellaba de couleur, au volant d’une grosse voiture qui pue l’argent sale. Il roule en diesel et pourquoi? Parce que c’est pas cher, l’argent n’a pas a être dépensé a tort et a travers, avarice oblige. Les vieilles années de disette veillent tel un cauchemar dans le quotidien du nouveau riche. La misère le taraude et le poursuit, il ne faut surtout pas qu il y retourne. Et pour cela notre homme a accumulé une richesse sur le dos des plus démunis, tous les moyens sont bons, il faut gravir l’échelle sociale a tout prix. Paraître, accumuler, tout le temps. Pour cela le nouveau riche habite en permanence dans les couloirs de l’agence urbaine, obnubilée qu il est, par la propriété, accaparer, posséder, arracher et surtout bâtir, construire a tout va, au moindre co»t. La qualité, connais pas! une notion vide au son creux chez ces gens la. l’important, le plus important: bâtir n’importe où, sur le lit du fleuve ou sur la baie face a la mer, dehors, dedans, rien n’y fait, notre homme est passé maître dans l’art de soudoyer l’autorité, il connaît leur langage, sait faire avec ceux qui gouvernent l’espace urbain. Sa spécialité: les terrains bon marché a la lisière des dernières bâtisses. Son slogan: gagner a tout prix, a bas l’honnêteté, le sérieux. Tout ce qui existe mérite un prix, l’essentiel de la vie réside dans la possession de l’argent. Son idole: le billet bleu et ce, malgré les cinq prières, malgré la façade du bon musulman qu il affiche a longueur de journée.
Notre homme s’intéresse a la Politique et se permet de donner son avis sur les derniers événements, sur l’actualité, l’arabité, la comptabilité, l’universalité??? Bref, sur tout et sur rien. Il possède la carte du parti cocotte minute et va bientôt se présenter au parlement pour défendre les intérêts des nouveaux riches, ceux qui « sang suent mon pays » disait le poète…
Tarik BOUBIYA – El Jadida