Jamais de mémoire de jdidi, une rencontre culturelle autour d’un quelconque auteur, n’a pu drainer un public aussi nombreux que celui de ce 22 février, venu assister a la rencontre organisée en l’honneur de l’écrivain doukkali : Chouaib DOUIB.
De tout temps, El Jadida a été une cité féconde en littérature. A chaque rencontre culturelle, notamment celle ayant trait a la découverte d’un auteur, elle semble surprendreet par la plus agréable des manières. Et on ne saurait mieux confirmer ces dires, que de mettre en exergue, ce nouvel écrivain dont les écrits s’arrachent a El Jadida et qui, malheureusement a ce jour, reste encore méconnu du grand public marocain.
Tel un Edmond Amran El Maleh ou un Abderrahmane Mounif, Chouaib DOUIB, n’a publié son premier livre qu a l’âge de la retraite. Né en 1948 a Mazagan, deux mois après l’assassinat de son père a Gharbya (70 km d’El Jadida). Il fut cadre dans l’armée de réserve et après plusieurs fonctions, il opta pour l’enseignement en tant que conseiller pédagogique et formateur de cadres.
Parmi ses publications, citons « la rencontre », dont il est co-auteur, parue en 2008 traduit et enseigné par les portugais,. Il a également écrit « Mirages » en 2009 où Brin de paille, son héros, est universel. Prochainement, la scène culturelle verra la parution de son prochain ouvrage « Saga Douib ou le crépuscule d’une princesse ».
Jean-Louis Morel écrivain et fabuliste français, dit de l’écriture de Douib (Louveteau, comme il se plait a le surnommer), qu elle est « chère payée » et qu elle « tient le lecteur aux tripes ».
Cette rencontre a permis a certains de découvrir « Brin de Paille », ce Gavroche mazaganais haut en couleurs dans « Mirages ». Elle nous a aussi permis de remarquer toute l’aisance et le brio avec lesquels l’auteur glissait dans la peau de ce môme, a chaque fois qu il le jugeait nécessaire. Ce qui a permis a Chouaib DOUIB de nous faire pleinement sentir la douleur et les souffrances de son héros, tout en relatant sa chanson d’espoir sous les coups des matraques.
Et c’est au fur et a mesure de la découverte du personnage, de ce Gavroche des temps modernes, qu on se trouve a apprécier son courage lorsqu il subira passivement les affres des adultes, sans jamais céder, ou quand il parviendra parfois a réussir la gageure de tourner ce calvaire en épopée.
On aurait dit Douib en train de nous conter sa propre enfance, ses aventures et ses intrigues aux issues problématiques et incertaines, dans les ruelles d’un Mazagan d’antan (et surtout de son quartier El Kalaâ) où Chouaib, pardon Brin de paille, se bat, certes désarmé, mais sans faire la moindre concession a ses détracteursses bourreaux.
Chouaib a ce don rare de savoir aussi bien tenir son public que ses lecteurs en haleine. Sans leur laisser le temps de s’en rendre compte, Il les amène a devenir témoins de la victoire finale du gavroche. Celle du bien sur le mal. Il a réussi a leur faire vivre a travers son récit, comment le cri de rage dans « Mirages », va se transformer en mélodie harmonieuse, en ode tonifiante incitant a l’amour et rejetant au loin la haine.
Chouaib DOUIB semble s’être servi de Brin de paille comme un cinéaste de son caméra, pour nous faire découvrir Mazagan, au fur et a mesure des déplacements de son héros : le jardin Spinny, les sables d’or de la plage de Deauville, la cité portugaise, le marché central, la place El Hansali (centre-ville), le port, le Théâtre, l’hôpital civil, le quartier mythique d’El Klaâ et de tous ces monuments qu il chéritBref un tour d’horizon a la découverte de cette ville- joyau : El Jadida.
Ce sont la autant de schémes qu il agite en tant que Mazaganais : la mémoire du Deauville marocain de Lyautey. Le panache et la candeur de Gavroche, le puritanisme de Brin de Paille etd un Chouaib (louveteau) DOUIB en personnage fascinant, qui avec une euphorie exaltée, a tendance a sourire de tout.
Le style dans « Mirages » est ramassé et l’écriture compacte. Le verbe tel un article créateur, domine l’événement et le décrit esthétiquement. Tel un scaphandrier, il fouille dans les tréfonds abyssaux de l’auteur, pour nous remonter en surface une réalité douloureuse, parfois effrayante. Une réalité traduite par des images et décrite par des exemples d’adultes noyés dans le désarroi et le doute.
« Mirages » de Douib est désormais un nouveau-né parmi la littérature maghrébine. Un livre qui, une fois ses toutes premières pages consommées, ne lâche plus son lecteur, avant qu il ne s’arrête a son terme.
« Mirages » est un ouvrage où la joie défie l’amertume. c’est le livre d’une certaine injustice sociale, celle des enfants sans réelle protection, face au monde sans pitié des adultes et de la joute inégale.
Au-dela de « Mirages » il y a bien un auteur réel a rencontrer et un écrivain a découvrir.
Abdellah HANBALI
Eljadida.com