Segedema du groupe Pizzorno Environnement a, semble-t-il, trouvé la parade pour ne pas régulariser la situation de 83 ouvriers. Pour récapituler, la société avait pris en main la gestion des ordures ménagères d’El Jadida avec un contrat d’une durée de 7 ans en 2003. La municipalité a lancé un appel d’offres en novembre dernier. Et en mars, après ouverture des plis et études des dossiers, c’est Sita -du groupe français Suez Environnement- qui a gagné le marché pour 16,4 millions de DH par an. La nouvelle société a démarré ses activités le 29 mai dernier pour un contrat de 7 ans.
Au départ, Segedema avait recruté 83 ouvriers et employés en plus de 156 agents communaux pour renforcer son équipe de travail. Au terme de son contrat, les 83 éboueurs, qui sont tous titulaires, avaient continué normalement leur activité avec la nouvelle société. Mais les passations des consignes du personnel n’avaient pas été effectuées entre les deux sociétés. Le cahier des charges de la municipalité n’avait, pour sa part, prévu aucune clause pour ces ouvriers.
Les dossiers du personnel, avec notamment les numéros de compte a la CNSS, les congés et autres, n’ont pas été mis a disposition. Première conséquence, difficulté de régulariser la situation financière de ces salariés par Sita. «c’est comme si nous allons recommencer a zéro avec un premier salaire», dit cet ouvrier.
Le responsable d’exploitation de la société Segedema vient d’envoyer a chacun des 83 ouvriers, et en français, une lettre de convocation a «l entretien préalable de licenciement». Le motif invoqué est l’absence injustifiée auprès du supérieur de Segedema en place. Autrement dit, les ouvriers étaient dans l’obligation de continuer a se présenter devant le responsable de Segedema. En sous-entendu, ils n’auraient pas d» continuer leurs activités avec la nouvelle société Sita. La lettre indique que l’absence est une «faute grave justifiant le licenciement sans préavis et sans indemnités ni dommages et intérêts». Il est fait référence aux dispositions des articles 31 et 61 du code du travail.
Actuellement, les ouvriers sont dans l’incertitude quant a leur ancienneté. Ils craignent de perdre des avantages sociaux cumulés par 7 ans de travail et qu ils croyaient pourtant bien acquis. «c’est une manière très détournée pour ne pas nous accorder nos indemnités afin de régulariser notre situation avec la nouvelle société», ajoute un autre ouvrier.
Par ailleurs, le nouveau gestionnaire a pris sa mission a bras-le-corps. Sita Maroc doit en effet se conformer a un cahier des charges très rigoureux. La société assurera non seulement la propreté de la ville mais aussi, et c’est une première, celle de 5 douars périphériques du côté de Haouzia. De nouveaux quartiers (Essalam, Najd) et de récents lotissements seront également pris en charge. De plus, l’élagage des arbres d’alignement sera effectué une fois par an. Il sera également régulièrement procédé, une première aussi, au nettoyage a l’eau des places publiques (surtout les marchés et les souks). Idem pour les alentours de l’ancienne décharge située actuellement a l’intérieur d’El Jadida. Sita Maroc aura a traiter quelque 46.000 tonnes de déchets par an. Le marché a été cédé pour le traitement de 49.000 tonnes/an en prévision de l’expansion de la ville, selon des sources de la municipalité.
La nouvelle société, Sita Maroc, propose la mise en service de matériels et d’équipements performants et une meilleure méthodologie du travail, est-il déclaré. Pour le démarrage, Sita Maroc a en charge de mettre en circulation 9 bennes a ordures ménagères neuves. Ainsi que 3 nouvelles bennes satellites, 2 bennes TP (travaux publics pour les gravats), une balayeuse de voirie, une laveuse de conteneurs et un tractopelle. Quant aux agents et les éboueurs de Segedema, ils sont repris avec les mêmes avantages sociaux, est-il précisé. Par ailleurs, un plan d’action est déja en cours de finalisation pour assurer la propreté de la plage de la ville. Il est prévu la mise en place de 200 corbeilles a papiers modernes.
A l’occasion, 35 autres ouvriers temporaires seront recrutés durant la saison estivale. Une cribleuse sera également opérationnelle pour le nettoiement du sable.
Mohamed Ramdani
L’Economiste