Au vu des enjeux et défis qui se posent aujourd hui a notre pays, il est urgent et important de se doter d’une entité de réflexion polyvalente et susceptible de remplir a la fois un rôle d’interface, d’expertise, d’étude, de prospection et proposition, dans le but de favoriser l’émergence des condition d’un développement renouvelé, d’une relance continue du social, de l’économique culturel c’est dans cette perspective qu une poignée d’éminentes personnalités et d’hommes de la pensée et du savoir de divers horizons ont été samedi en conclave au palace du Golf d’El Jadida. Toute une journée de débats et de discussions avant de donner naissance qui au « Forum Marocain des Etudes et de la Prévoyance du Futur ».
Ce projet, affirme l’un des participants, est né d’un certain nombre d’interrogations favorisées tant par les changements que connaît le Maroc actuellement, que par les bouleversements qui secouent le monde. Face a ces faits, on ne peut en effet ne pas se poser les questions que voici : quelle connaissance avons-nous aujourd hui de notre pays, de ses tendances et lignes de force profondes, de ses aspirations, de ses inerties, de ses contradictions et de ses ressorts les plus secrets ? Quelles représentations faisons- nous de sa place et de son rôle sur les plans géopolitiques et stratégique ? Comment l’accompagner dans sa volonté de s’émanciper des zones d’influence externes, et de se doter des moyens lui permettant d’être en mesure d’innover et d’inventer ses propres réponses aux questions de notre temps ?
Aussi est-il impératif a l’heure actuelle, ajoutent certains d’autres participants, où prédomine l’incertitude- de se donner un cadre adéquat et des outils appropriés afin de pouvoir engager une réflexion sereine et sérieuse sur notre société. Une réflexion qui soit davantage tournée vers l’action que vers « des théories contemplatives » qui pourraient être séduisantes en elles-mêmes, mais qui n’ont aucun impact ni sur les formes de vie ni sur les modes de production ni sur le terrain où ils s’exercent.
On conviendra que d’importantes institutions remplissent déja chez nous, d’une manière ou d’une autre, des tâches similaires. Mais il est tout a fait admis qu elles le font dans des domaines limités, voire cloisonnés en voilant les relations et les articulations les plus fines que ces domaines ont avec des pôles complémentaires. Car chacune d’elles agit d’abord selon ses propres objectifs en se fondant sur ses propres référentiels.
Or tout en reconnaissant l’importance d’une telle démarche, on ne peut ne pas ressentir le besoin dans le contexte mondialisé qui est le nôtre d’un espace institutionnalisé de recherche et de débat habilité a penser les interactions et les réseaux de connexion entre différents champs et secteurs. La bonne gouvernance n’est-elle pas notamment a ce prix ? Elle est en effet fonction de l’intérêt accordé ou non aux différentes dimensions et implications que revêt tel ou tel secteur par rapport a un autre, telle ou telle branche d’activité par rapport a une autre. Il en est ainsi par exemple de l’économie et de la culture, de l’éducation et des nouvelles technologies, de la santé et de la société, etc.
Il est a préciser cependant, indique un autre participant, que l’objectif visé ici n’est ni de faire de la recherche savante a finalité théorique, ni de s’ériger en détenteur du monopole de la réflexion et de la pensée sur notre société. Parallèlement aux travaux menés par d’autres institutions, il importe surtout de construire des savoirs opérationnels, des outils d’adaptation et de transformation, des dispositifs de mise en œuvre et d’anticipation, des stratégies de promotion et d’innovation.
Il s’agit en somme de mettre a la disposition des décideurs un référentiel de prise de décision.
On ne peut ignorer que trop souvent des projets importants sont pensés et exécutés a la hâte. Il est donc grand temps de s’approprier la connaissance de notre société moyennant un authentique travail d’écoute, d’interrogation et d’évaluation en faisant appel aux outils d’investigation appropriés.
Le choix de cette pluridisciplinarité n’est nullement gratuit car la réflexion qu il faudra mener doit être constructive ; synthétique, transversale et pluridimensionnelle. En même temps qu elle tâchera de cerner les mécanismes de fonctionnement et de dysfonctionnement de notre système social, elle proposera également des pistes d’action.
La mission que l’instance aura a remplir est donc de la plus haute importance : au-dela de la contribution qu elle apportera dans la prise de décision, elle permettra aussi d’asseoir une nouvelle approche de la gestion de la société, rapportent les recommandations finales de cette rencontre.
Rappelons que l’appellation « Forum Marocain des études et de la prévoyance du futur» donnée a cette entité de réflexion par ses fondateurs reste provisoire, en attendant d’amples informations lors de la conférence de presse prévue incessamment a Rabat.
Mohamed LOKHNATI
Eljadida.com