Ce qui est extraordinaire avec le Barça, ce n’est pas qu il ait déja gagné le doublé et qu il soit a un pas de remporter la Champions. Non. Le mérite est d’avoir obtenu tout ceci avec une formule de jeu spectaculaire. c’est l’exemple a suivre.
Le succès du Barça est le succès de beaucoup. De Guardiola, de ceux qui ont parié sur lui, des joueurs, de l’équipe, du travail de Pep, de la méthode et de la manière. En tout cas, la question n’est pas de savoir qui décroche la médaille, mais la répercussion que ce Barça peut avoir sur les autres. Du gagnant on espère que les gens le suivent, l’imitent. Et copier n’est pas un péché si l’original est très bon.
Du Barça je retiendrai deux choses. En premier, sa philosophie de jeu. Attractive et efficace a la fois. Comme grande équipe, elle a su s’acquitter d’une des obligations des plus grands : en faire profiter tout le monde. La deuxième, être arrivé a ça avec beaucoup de joueurs issus de la maison. Spectacle et carrière avec un rendement final. Pour moi, c’est la formule parfaite.
Mais retenons bien un détail : la formule Barça ne cessera pas d’être bonne s’il n’y a pas de titres. Le résultat, le résultat heureux que tant défendent par-dessus tout, est une chose fictive. Parce que dans un championnat comprenant 20 équipes, une seule l’emporte au final. Et parce que dans une Champions où figurent 32 équipes au départ, a l’arrivée il n’y a qu un seul vainqueur également.
Par conséquent, l’obligation des plus grands n’est pas en effet de gagner coute que coute, puisqu un seul le fera. Son obligation est, ou devrait être, de lutter pour cela en pensant au bien du football et des gens qui le suivent. c’est-a-dire, en ouvrant une voie claire vers le divertissement. Pourquoi consentir a gagner 1-0 si tu peux gagner par plus d’écart ? Pourquoi être si prudent si ce que les gens apprécient le plus sont les buts ? Rien n’est plus attractif dans ce sport que le but. La première chose n’est pas de défendre. La première chose est d’attaquer beaucoup et bien. La défense commence près de la surface de réparation adverse, jamais dans la sienne.
Donner du spectacle:
Cela me réjouit que ce soit le Barça qui indique la ligne a suivre. Mais je dirais exactement la même chose de toute autre équipe si son pari était le même. La question n’est pas de savoir qui le fait, mais s’il y a quelqu un qui le fait : démontrer au monde du football qu il est possible de gagner en étant vaillant, en attaquant et en le faisant avec une partie importante de l’équipe issue du centre de formation.
Le modèle anglais ? Je le conçois, mais malgré la présence de bon nombre de leurs clubs en finales ou en finales de la Champions ces dernières années, je ne l’approuve pas. Je ne l’approuve pas non pas par son style de jeu sur le terrain, mais par les joueurs que je vois évoluer sur le gazon. Dans leur grande majorité, ils proviennent de l’extérieur. Peu d’anglais jouent dans les clubs du Big Four. Il faut simplement passer en revue les effectifs d’Arsenal, Liverpool, Chelsea et Manchester United pour s’en convaincre. l’équipe nationale anglaise s’en ressent –lors du dernier Euro– et le football en général, parce qu ils achètent tant a l’extérieur qu ils affaiblissent la concurrence. Et ils l’affaiblissent d’autant plus parce qu il est impossible que tous les joueurs qu ils achètent puissent jouer.
Le mois prochain il y a des élections au Parlement Européen. J aimerais entendre d’un certain candidat qu il reprenne l’idée du 6+5 (sur le terrain, toujours la présence de six joueurs sélectionnables pour son pays, plus cinq étrangers, européens ou non communautaires). J aimerais qu un certain aspirant a un poste d’euro-député reprenne cette idée ou s’engagerait a lutter pour changer les lois et leur permettre d’aller dans ce sens.
Deux choses différentes:
La libre circulation des travailleurs en Europe est une chose, celle des sportifs professionnels en est une autre. Des travailleurs il y en a des millions. Des footballeurs professionnels, un chiffre dérisoire. Pour prendre deux exemples : La Hollande, 16 millions d’habitants et seulement 800 joueurs de football professionnels en Première et Seconde division.
L’Espagne, 46 million d’habitants et seulement 1.050 footballeurs professionnels en Première et Seconde division (Segunda A). A peine 6.000 de plus si tu prends les 12 groupes de Segunda B.
Il n’y a pas de comparaison possible. Des millions (de travailleurs en général) face a quelques milliers (joueurs de football professionnels). Défendre cela est veiller a la formation de joueurs du pays, de chaque pays. Tu élèveras ainsi le niveau des sélections, augmenteras l’implication des joueurs de football dans leur sélection nationale en qui ils croiront et mettras fins a leur penchant a aller voir ailleurs. Et d’un seul coup tu freineras le « trafic » d’enfants, de ces milliers d’aspirants a devenir un jour footballeur professionnel qui sont emmenés d’un nombre incalculable de pays pauvres et dont seule une infime partie y arrive. Le reste, presque tous, va savoir dans quelles conditions ils se retrouvent.
Le triplé, exceptionnel:
Pourvu que ce qui s’est produit cette saison avec le Barça serve a quelque chose et ait un sens. Le constat qu avec des gens de la maison on peut se retrouver en haut de tous les sommets. Si le Barça remporte ensuite la Champions le 27 mai prochain, ce serait parfait parce que cela réaffirmerait encore plus cette ligne de travail. Si ce n’est pas le cas, faisons preuve d’exigence zéro pour la Champions. Au moins en ce qui me concerne. Le triplé est exceptionnel. Une chose est exceptionnelle quand elle ne s’est jamais produite auparavant, comme c’est le cas ici. En effet, jamais une équipe de Liga n’est parvenue par le passé a réaliser ce triplé. Jamais. Avec la Liga et la Copa, la saison est déja plus que justifiée. Plus que par les titres en eux-mêmes, mais par la manière avec laquelle les joueurs les ont remportés.
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