Ils étaient venus de tous les douars des alentours de Mogress ils s’étaient donné rendez-vous sur un champ où une tente avait été dressée pour l’occasion, en bordure de la toute nouvelle route qui traverse les douars Drasa, Ghoualma et Dhama Les paysans étaient tous la, réunis pour une journée exceptionnelle dans cette campagne reverdie par les dernières pluies : la distribution de caroubiers. Quelques semaines auparavant, une journée semblable avait été organisée a Sidi Abdellah Tibari, dans la commune rurale d’Ouled H cine où un millier de caroubiers avaient été offerts aux paysans, organisés autour de l’association El Hannaa.
A Mogress, plus de 1600 plants, obtenus des services forestiers de Marrakech et de Safi ont été distribués. Car l’idée de planter un arbre a vite pris ici. Et pas n’importe quel arbre. Plus facile que l’olivier, qui peut présenter quelques difficultés d’adaptation dans cette région, et mieux que l’eucalyptus qui pompe l’eau des nappes phréatiques en stérilisant le sol, le caroubier a au moins une vertu. Il est rustique, frugal, et, arrivé a maturité, dès l’âge de 8 ans, il peut produire entre 10.000 et 15.000 Dh de caroubes Ce qui est un apport non négligeable dans l’économie de ces familles paysannes au revenu modeste Et de plus, tout peut être utilisée dans cet arbre extraordinaire : les feuilles comme fourrage, les caroubes, très caloriques, pour les vaches laitières et engraisser moutons et chèvres, et elles peuvent même être consommées par les hommes : un go»t suprême de cacao Planté tout jeune, le caroubier est un livret de caisse d’épargne : Les enfants des villages, qui s’étaient associés a leurs parents ce jour-la, se sont mis de la partie et ont voulu planter leurs arbres : ils grandiront ensemble.
Brahim Maksoudi, Ingénieur agronome, président de l’Association Mogress pour le Développement social, la Solidarité et l’Environnement, a su mobiliser les paysans des douars. Grâce a sa persuasion, les fellahs ont compris qu on ne peut pas tout attendre de l’état. Ou de la providence. Qu ils doivent se prendre en charge pour améliorer leurs conditions de vie. Et l’union faisant la force, ils ont compris aussi qu a l’intérieur de leur association, ils pouvaient plus facilement faire aboutir certains projets d’intérêt commun.
c’est ainsi qu ils ont élaboré un projet de construction et d’équipement d’un centre social où seront dispensés l’alphabétisation et le renforcement des capacités des femmes et filles rurales. l’accord de principe pour financement a été obtenu du président de la commune rurale en tant que président du comité local de l’INDH. Par la même occasion, un lot de terrain a été offert a l’association par une femme, pour ce projet.
L’association, qui tenait son assemblée générale, a également offert des ordinateurs et du matériel de bureau pour l’école Dhamna, a Bir Sfa, et des chaises roulantes pour deux personnes handicapées. Zouhra et Aicha pourront ainsi sortir de leur chambre et retrouver le soleil. Et tout le monde a convenu que le travail associatif était l’une des voies les plus efficaces pour l’auto développement de la région.
Michel Amengual
Eljadida.com
