Il y a un peu plus de trente ans, le gamin que j étais pouvait se prélasser de la beauté des paysages que l’on abordait dès qu on quittait le cimetière de Sidi Bouafi et qu on se mettait a avancer en direction de Sidi Bouzid, sur l’étroite route goudronnée. Tout a disparu maintenant : les champs qu on cultivait a la charrue et a l’aide de bêtes, les troupeaux de vaches et de moutons qui paissaient paisiblement ça et la, les petites maisons rurales qui s’éparpillaient dans ce bled et qui se cachaient parfois derrière des rangées de cactus Les terres cultivées s’étendaient a perte de vue avec parfois l’océan qui pointait a l’horizon. Ce n’était pas encore le temps des années de vache maigre, les pluies abondaient et les gens de la campagne ne pouvaient qu être satisfaits des bonnes récoltes. Le petit promeneur que j étais se régalait des beautés printanières : des marguerites jaillissaient sous les ombrages des arbres, des coquelicots s’infiltraient a l’intérieur des champs de blé , rivalisant avec les gros épis pour créer des motifs dignes d’un tableau romantique
Aujourd hui cet univers pastoral n’existe que dans mes souvenirs, et mes rêves d’enfant sont étouffés par ces milliers de cubes en béton qu on nomme a tort « Saada un » ou « Saada deux » ou.Des cubes mal agencés, ne répondant qu aux besoins d’une urbanisation exponentielle et n’accordant a l’espace vert qu une piètre place. Et dire que Lyautey voulait faire de notre ville le Deauville marocain ! Heureusement qu il y a l’ancien El Jadida pour respirer