Avouons-le tout de suite: s’il y a un critère qui a motivé le choix de cette localité pour le présent reportage sur la vie d’une commune rurale, c’est qu elle connaît un manque criard en infrastructures de base et une absence quasi totale de planification futuriste. Ne vous y méprenez pas… Nous sommes bel et bien dans une commune a seulement 40 km d’El Jadida. Et pourtant, cette commune fait figure de vaste aire d’exclusion ou plutôt de privation.
La commune rurale de Mogress, qui est issue du découpage administratif de 1992 et qui est traversée par l’oued Felfel, le réseau routier RN1, RP3425, RP3432, RP3429, relève administrativement du cercle de Sidi Smaïl, province d’El Jadida.
Cette commune, dont la superficie avoisine les 136 km2, compte environ 15 050 habitants répartis sur 23 douars. Elle se situe sur la limite nord du périmètre irrigué de cette province entre les communes Zaouïa Lakouacem, Béni Hlal, Ouled Hcine et Sidi Smaïl. Ses principaux douars sont: Hraïchate, Jemamla, Lakyayla, Msaâda, Rouahla, Béni Hassane, Laâouamra, Laghoualma, Ouled Si Bouâlam, Drarsa et Dhamna.
Son développement urbain se trouve confronté a plusieurs contraintes, notamment le déficit en voiries aménagées, la prolifération de l’habitat clandestin, la médiocrité de la qualité architecturale et du cadre urbain, le sous-équipement en matière d’équipements socio-économiques, culturels et de loisirs. Seul signe de la présence de l’Etat : quelques écoles primaires… Et même si plusieurs douars dans la commune ont bénéficié du raccordement en eau potable et celui de l’électrification, la commune ne dispose ni de moyens ni de budget lui permettant de satisfaire les besoins de toute sa population. En conséquence, plusieurs familles parcourent plusieurs km pour s’approvisionner en eau et utilisent les lampes a pétrole ou les bougies pour l’éclairage. tout cela viennent s’ajouter l’enclavement de la plupart des douars, le manque de ressources autres que celles procurées par l’agriculture…
Le taux de chômage parmi la population de Mogress est en fait des plus élevés au Maroc, avec un taux de pauvreté estimé a 33,29%. Ainsi, la commune de Mogress est a classer parmi les communes du Maroc les plus démunies. «Tout manque dans cette localité abandonnée. La localité est une zone morte a partir de six heures de l’après-midi», nous confient des jeunes rencontrés le jour du souk. De ce fait, l’agglomération sombre dans une profonde léthargie. La commune ne dispose d’aucune ressource conséquente pouvant venir au secours de la population afin de lancer des projets en créant des postes de travail, hormis les subventions étatiques. l’impraticabilité des voies de communication (pistes) menant vers la plupart des douars est un vrai parcours du combattant hiver comme été.
Les citoyens voulant rallier El Jadida ou Sidi Smaïl se lamentent du manque du transport a cause de l’étroitesse et de l’impraticabilité qui caractérisent la voie menant vers cette localité, qui a subi de sérieux dégâts, et qui se caractérise par des affaissements par endroits ainsi que des nids de poule, rendant la circulation sur un tronçon de plus de 10 km, difficile et dangereuse pour les automobilistes. Le croisement des véhicules a hauteur de ces avaries, et elles sont nombreuses, est pratiquement impossible.
Les autorités locales et provinciales ainsi que la Direction provinciale des travaux publics ne peuvent prétendre ignorer cette situation. l’absence de réaction pour la prise en charge de ces avaries ne peut être interprétée que comme une négligence qui pénalise les 23 douars de la commune. Sur le plan santé, la commune est loin d’être gâtée. Les accouchements se font souvent au niveau de l’hôpital provincial Mohammed V a El Jadida. d’une manière générale, la population tire les ressources de subsistance en travaillant la terre.
Par conséquent, les habitants de la commune de Mogress donnent cette impression de dégo»t et de laissés-pour-compte, du fait qu ils souffrent de leur cadre de vie très dégradé d» au manque de travail, de transport, de routes et d’aménagement.
Situation sociale
Sur le plan de l’aménagement et de l’amélioration des conditions de vie, les citoyens se plaignent énormément de leur situation sociale qui se dégrade au fil du temps. cela s’ajoute le chômage qui touche pratiquement toute la frange juvénile des douars. Les parents sont écœurés, voire indignés de voir leur progéniture traîner a longueur de journée dans les douars sans rien faire, vivre sans objectif et sans avenir, ils ne voient rien venir a l’horizon. Au rythme où vont les choses en matières d’urbanisation et d’amélioration du cadre de vie des citoyens au niveau de la commune, beaucoup de questions taraudent les esprits de ces derniers. Ils se voient ainsi marginalisés.
La commune en bref…
– Superficie avoisinant les 136 km2,
– Environ 15.050 habitants, 23 douars.
– Les principaux douars : Hraïchate, Jemamla, Lakyayla, Msaâda, Rouahla, Béni Hassane, Laâouamra, Laghoualma, Ouled Si Bouâlam, Drarsa et Dhamna.
Abdelmajid Nejdi
Le Matin