Azemmour et El Jadida ont été le théâtre de la première rencontre internationale du Malhoune : « MALHOUNIYAT » du 11 au 13 aout 2011.
Cette rencontre initiée par la Province d’El Jadida et l’Association provinciale des affaires culturelles, tend a mettre en avant l’art ancestral du Malhoune a travers une programmation riche et variée.
Pendant trois jours, Azemmour et El Jadida ont été le lieu d’une expérience inédite faite de rencontres entre l’art du Malhoune, les musiques du Maroc et une ouverture sur les musiques du monde.
Des arts différents, porteurs de richesse et d’histoire ont fait fusionner pour l’occasion différents styles afin de rencontrer le vécu des peuples et des civilisations.
Et quel site pour conter ces histoires musicales que la scène de Breija, dans le port d’El Jadida et la scène d’Ibrahimounis dans les remparts d’Azemmour.
Azemmour est l’une des plus importantes villes du Malhoune au Royaume. De grands poètes y sont nés où y ont vécu, tels : Ahmed Ben Rkia, Ben Massoud El Hajjam, El Mekki Ouajjou, Driss Oueld Labsir, Choufani Smail, Dris l’Haj RahhalCes derniers ont mis au point des Qasidas aussi célèbres que variées. Nous citerons a titre d’exemple la Qasida d’El Harraz, adaptée avec succès par Taieb Seddiki en pièce de théâtre, et plusieurs autres Qasidas a caractère religieux, lyrique ou belliqueux comme la célèbre Qasida de « kh sam Al Bahiate » (la dispute des Belles), «Lamzouaj Al Azri » (Le marié célibataire)
Nous ne pouvons passer sous silence El Hadj Addoukkali ; le passé diplomatique de la ville d’El jadida et le rôle que cela a joué dans son ouverture sur le monde.
Comme on le remarque, ce sont des lieux porteurs de vie et d’histoire qui ont été choisis pour des soirées musicales ayant été faites de « Zajel », de Mouachahates, de Aita, de musique Andoulse, de Flamenco, de musique Hassani, de Haouzi Algérien
Malhounyat est une rencontre d’ouverture sur le monde, sur les cultures comme les villes qui les abritent. Des villes marquées par leur histoire et qui ont accueilli les civilisations Arabe, Berbère, Portugaise, Andalouse, Turque et Africaine.
Et pour le plus grand bonheur des adeptes du Malhoune, cet événement qui a fait régner une ambiance hautement spirituelle, a coïncidé avec le mois sacré du Ramadan. Le mois qui a vu les débuts du Malhoune : chanter a la gloire du Prophète Sidna Mohamed.
Le poète du Malhoune Azemmouri Ben Massoud El Hajjam possède une Qasida de trente parties, autour de ce mois sacré : « Mnazeh Riad Attaouba ».
En tout, quatorze troupes ont donné rendez-vous aux festivaliers du 11 au 13 aout. Elles ont interprété plus d’une centaine de Qasidas traitant du Madih et d’autres thèmes profanes.
L’ouverture de Malhoune s’est fait sous le thème « Soirée Andalouse » par l’Algérien Rachid Toumi qui a représenté au public de la scène d’Azemmour la Qasida El Harraz. s’est produit aussi sur scène le groupe Abdelkrim Raiss sous la houlette de Maitre Mohamed Briouel accompagné par Françoise Atlan.
L’étoile du Malhoune Asmaâ Lazrak a aussi été au rendez-vous sur la scène d’El Jadida en compagnie du groupe Mohamed Soussi de Fès et Abdelmajid Rahimi d’Azemmour.
La deuxième soirée sous le thème « soirée de la Roche » clin d’œil a l’OCP, sponsor de cette manifestation, a vu la participation d’une troupe du Sud du Maroc, la troupe Abidat Rma de Khouribga et une troupe de malhoune d’Azemmour. Aussi la roche a représenté désormais un ciment musical entre toutes les zones phosphatières du Royaume. Cette soirée a été ainsi consacrée au groupe de Malhoune Mohamed Soussi, Abdelali Briki, et le groupe Abidat Rma. Les rythmes du Flamenco avec Maribel Ramos la Zambra sont venus en dernier lieu pour clôturer en beauté cette deuxième soirée.
La clôture de la 1ère Rencontre internationale du Malhoune s’est faite en exclusivité a Azemmour et a porté le nom de « Oued Oum Rabiî » un des plus importants fleuves du Royaume. Les sources de Oum Rabiî viennent de la région de khénifra qui a été représentée par la Diva Chrifa, il passe par la région de Chaouia d’où le choix de la célèbre troupe de l’Aita « Ouled Bouâzzaoui » et se termine au niveau d’Azemmour qui a été a son tour représentée par la troupe Abdelmajid Rahimi de Malhoune. Cette soirée a été une occasion pour faire de la créativité musicale, en effet, la « Aita Malhounia » a été produite pour la 1ère fois, pour le plaisir de tous les fans.
Au-dela de ce festival et des festivités ramadanienne; au-dela de la focalisation des regards sur cette partie du Royaume, l’organisation de cette 1ère édition du Malhoune est venue a point nommé pour sauver cette couleur musicale de l’oubli et maintenir en vie une tradition ancestrale. Car le Malhoune Azemmouri et Jdidi ; cet art de création populaire, dont les racines se sont implantés dans la région vers le 19éme siècle, avait tendance a se perdre en dépit de son rayonnement d’antan et de sa notoriété bien au dela des frontières du Royaume.
Si nous nous focalisons sur le Malhoune aujourd hui, c’est qu au-dela d’un « simple » Art, le Malhoune a été a l’origine de la création d’un vaste mouvement intellectuel fondé sur la liberté de la pensée. Parce que le Malhoune c’est une philosophie, un Mouvement, une façon de penser et d’être.
Et c’est donc autant par méconnaissance, qu ignorance, que le Malhoune était entrain de perdre son pôle d’attraction d’antan.
Aujourd hui et grâce a la première édition de ce festival, et a cette nouvelle touche et cette approche nouvelle, adoptée par le gouverneur Mouâd El Jamaî, la prise de conscience nécessaire pour réhabiliter et préserver cet art ancestral est la. Faisons en sorte qu elle y reste.
Abdellah HANBALI
Eljadida.com