El Jadida: la ville, l’étranger… et l’amoureux

«Deauville du Maroc» dit-on! bof, ça devient vieillot comme surnom; Ville de vieillards, disait-ce jeune français installé a El Jadida, et qui depuis deux ans cherche points positifs a cette ville sans en trouver un, hormis le fait qu il n’y trouve pas de concurrence pour son activité lucrative; Mais que cherchent ces gens qui nomment El Jadida par les plus mauvais des surnoms? Des endroits où sortir? Il y en a quelques uns quand même! Peut être un cinéma, oui je suis d’accord! Des boîtes de nuit, peut être y en a une seule (heureusement)! de la bonne bouffe? Ne cachons pas le soleil par un tamis, voyons! Quoi d’autre? ville pourrie, sans aucune activité culturelle, artistique, divertissement? Nos amis mécontents voudraient peut être nous proposer quelque chose au lieu de la jouer aussi ringards que râleurs!

El Jadida a été et restera pour un bon bout de temps, une ville ayant accueilli des étrangers de tous bords, marocains ou non, ils s’y installent parce qu il y ont surtout trouvé une activité industrielle importante, les vagues d’installations se sont multipliées a travers les années, il y a eu la construction du port Jorf Lasfar dans les années 80, et 90, la station thermique, les zones industrielles, Mazagan et j en passe; A chaque fois, la vague d’installations ramène son lot de nouveaux venus, employés ou bâtisseurs, créant ainsi de nouveaux quartiers d’habitation, dans la plupart, soufrant d’une incohérence alarmante entre les logements où l’on est obligés de vivre, et les infrastructures culturelles ou distractives quasi inexistantes dans la plupart des zones urbaines.

Un étranger verra El Jadida sous la forme d’une grande cité-dortoir, vide l’hiver, pleine a craquer en période estivale, le positionnement touristique de la ville, aide surtout a créer des sous-emplois saisonnier, plus que générer un vrai levier économique d’une ville qui se cherche encore une vocation intrinsèque. Cet étranger, tombera également sous le charme de cette ville, de son calme et ses doux paysages nocturnes, il y viendra jeune, et n’arrivera pas a la quitter, vieux, a cause de ses enfants qui y ont vécu une histoire, que lui n’arrivera pas a comprendre puisqu il est chamali, fassi, casaoui, ou marrakchi, il se rendra vite compte qu il a vécu a El Jadida, plus qu il n’a vécu dans sa ville natale, et se résignera sous la pression ambiante a y rester, et a y passer le restant de ses jours.

Cet étranger, qui n’a pas vu «le petit phare maghreb» depuis le grand phare, ni le bord de mer depuis le haut de l’avenue Toufani, il n’a pas joué au terrain plateau et n’a pas couru a grande allure sur la plage de Sidi Bouzid encore déserte, avant qu elle ne soit desservie par le vétuste bus; Il n’a également pas franchi la porte dans anciennes maisons, ni go»té a la vraie hospitalité doukkalie; Il a hélas trouvé une ville peuplée d’étrangers, comme lui, qui sont la pour gagner leur vie, parce que Dieu a écrit qu il vivront leurs jours a El Jadida, ces lots d’étrangers qui dans la plupart, ne soucient pas de l’avenir de cette ville, ni de sa culture, ni même de ces étrangers qui comme eux, dorment la mais se réveilleront peut être ailleurs.

Un «autochtone» aimera cette ville car il y a eu de bon souvenirs, et vit avec amertume le boom qu elle résiste sans pouvoir assumer, et comme tout autochtone qui se respecte, rêve de la revoir belle et rayonnante, il essayera aussi de faire face a ces vautours qui la déchirent, et a ce folklore naissant, qui tue une tradition encore ancrée a l’intérieur de son âme de doukkali; Enfin, cet autochtone rêvera de cet équilibre, qui fera en sorte que ses enfants n’aient pas ce sentiment d’emprisonnement qui l’harcèle a chaque bloc de béton installé.

Avant de crier la saleté et le manque du savoir vivre, pensez, cher étranger, a ces embouteillages que vous y évitez, a la fraîcheur de ce que vous y mangez et a la nature gratuite qui vous y est offerte; Le jour où vous comprendrez l’âme de cette ville, vous apprendrez a la respecter, et commencerez a pardonner ses petits défauts, voire, a essayer de les corriger.

La pensée a droit a la différence, pourvu qu elle ne conduit pas a la méchanceté.

Driss Lebbat
Eljadida.com

Auteur/autrice