Surplombant l’un des axes les plus fréquentés de la ville, le vieux théâtre d’El Jadida vit une mue qui le sauve petit a petit des ravages du temps. Monument national, le Théâtre Municipale est en rénovation depuis le début de l’année et incarne une politique culturelle naissante dans une ville qui vit un développement économique exponentiel. Depuis l’arrivé du nouveau gouverneur, Mouad JAMA, la ville retrouve un souffle culturel qui s’incarne dans l’organisation d’un festival en plus d’une stratégie de mise en valeur des équipements culturels tels que le théâtre. Cependant, ces initiatives – certes courageuses – restent largement en déca dans une ville en passe de franchir le cap du million d’habitant, et qui sort tout doucement de la mentalité de bourg, vers la logique d’une ville aux attraits économiques et culturels multiples.
Second centre industrielle du pays, première destination interne du tourisme local, région exportatrice de phosphates et de nombreux produits agricoles, la région d’El Jadida devient petit a petit incontournable dans l’économie marocaine. Pourtant, cette ville souffre encore d’un problème de mentalités, figées dans la réalité sociale encore très rurale de la ville. Malgré l’existence de structures moyennement bonnes par rapport aux autres villes du pays, ces dernières manquent de compétences, et restent de simples bâtiments qui ne remplissent pas leurs rôles d’émulateurs d’activités culturelles. l’exemple le plus frappant de cette situation est le complexe culturel, un projet figé depuis 10 ans et qui abrite pour l’instant l’ENCGJ et l’ENSAJ. Celui-ci devait a l’origine abriter une bibliothèque ainsi que différentes activités artistiques et culturelles qui aurait permis a la ville d’El Jadida de se doter d’une vie cosmopolite et d’offrir a ces artistes un espace complet pour développer et exprimer leurs talents.
Aujourd hui, sur le terrain, il existe aussi différents organismes qui assurent le rôle d’animateur culturel. Le plus important est l’institut français d’El Jadida qui organise différents évènements, et offre a la ville conférences et pièces de théâtre destinées aux jeunes et aux moins jeunes. Cependant, malgré les efforts d’ouverture entrepris, la population ne fait pas encore l’effort de se déplacer a ce genre d’évènements, ou n’a tout simplement pas les moyens d’y participer, soit pour des raisons financières, mais aussi linguistiques. La faculté Abou Chouaib Doukkali offre aussi un centre interculturel qui a théoriquement le rôle de rapprocher les cultures via l’organisation régulière d’évènements, susceptible d’intéresser le public étudiant. Pourtant, la rareté des évènements, ainsi que le manque de moyens de promotion, font que ce genre d’initiatives passe souvent inaperçu et prive une grande partie de la population de l’accès a ces initiatives.
Ce n’est pas la demande qui manque. Preuve en est, le Festival “Jawhara”, qui attirait pas moins du million de spectateurs et qui a réuni la fine fleur de la jeune scène artistique musicales lors du tremplin. Le succès de ce genre d’évènements est malheureusement entaché par leur manque de pérennité qui les caractérise, et montre le manque d’audace des acteurs locaux, en ce qui concerne la chose culturelle. Malgré les efforts des pouvoirs publics qui semblent enfin se sensibiliser a l’importance de la culture, on ne peut que regretter le manque de réactivité du tissu associatif, très riche dans la région. l’absence de coordination entre le pouvoir local et la société civile, ajoute un handicap majeur a l’émergence d’une réelle activité économique, et plombe les effets des efforts réalisés jusqu ici.
Comme toute ville en plein développement, la ville d’El Jadida se pose face a des défis qui risquent de charpenter son futur. Le développement économique rapide risque de la transformer en ville dortoir au service des différentes grandes zones économiques qui se construisent alentour. Toutefois, la ville qui aspire a devenir un centre touristique majeur, se doit d’accorder sa place a la culture dans ses politiques et d’offrir aux jeunes générations des espaces culturels plus nombreux, plus actifs, mieux organisés, et surtout plus accessibles au plus grand nombre.
Mohammed ENNAIR
Eljadida.com
