El Jadida, lundi soir, 15 juin 2009. Voila maintenant deux jours que les élections sont terminées, les résultats* communiqués, les urnes désertées, abandonnées, rangées dans les placards de l’Histoire.
Encore une fois, les gagnants jubilent, festoient, recevoir les félicitations, décompressent, reprennent le souffle. Pas pour longtemps !!! c’est que la guerre de succession a la Présidence du Conseil Municipal ne fait que commencer. Une première bataille féroce et onéreuse est gagnée, la guerre, pas encore.
Les perdants sont nombreux, la place a été conquise a coups de milliards et les surprises ne manquent pas. Chaque scrutin apporte son lot d’histoires rocambolesques comme celle de cette candidate retraitée qui a mobilisé et animé durant une semaine tout un quartier pour la bonne cause environnementale et reçoit la claque de sa vie, avec a peine les voix de sa petite famille.
Le grand perdant de cette grande échauffourée reste le camp socialiste de l’USFP, dont le candidat tête de liste n’a pu tirer son épingle du jeu, c’est que les beaux discours ne suffisent plus avec Monsieur Tout le Monde, il les préfère sonnantes et trébuchantes Imaginez l’astuce : avant de recevoir le billet bleu (200 dhs soit a peu près 20 Euros), l’électeur doit photographier via le GSM de l’intermédiaire payeur, la case cochée de son propre bulletin dans le feu de l’action !!!!?
Trois jours après le scrutin, tous les scénarios sont possibles, des plus extravagants jusqu a l’impensable, l’inattendu, l’inimaginable. Et pourtant, c’est ce qui est entrain de se produire a El Jadida, dans les coulisses du Futur Pouvoir de la belle MAZAGAN !!! Comme il y a six ans, les formations gagnantes de ces élections doivent se mettre d’accord entre elles, ce sont 1- le PAM parti de ALI AL HIMMA (8 sièges + 1 femme) avec a sa tête EL MOSTAFA ABOU TOURAB, 2- le FFD, le Front des Forces Démocratiques (8 sièges+ 1 femme) avec a sa tête ABDELHAKIM SOJDA, et 3- le Parti de l’ISTIQLAL (également 8 sièges + 1 femme), dirigé par le Président sortant JAMAL BENRABIA. Ces trois groupes doivent se concerter pour constituer une majorité viable pour la suite du mandat.
Maintenant que les jeux sont faits, un chiffre magique se dresse imposant de tout son poids sur le théâtre de la place municipale jdidie : 22. Vingt deux, est le chiffre clé de la combinaison du coffre du Pouvoir que détenait jusqu a ces derniers jours l’un des trois protagonistes, en l’occurrence Mr JAMAL BENRABIA. 22 est le nombre de conseillers élus qui doivent se rallier entre eux et designer un Président pour gouverner, sachant que le nombre total de conseillers élus est de 43.
Inutile de vous raconter en détail ce qui se passe en ce moment sur la scène locale. Les bruits courent sur les alliances passibles de se construire, loin du Parti au pouvoir, car mathématiquement les formations en lisse sont capables de gouverner, en écartant définitivement le Président sortant et son équipe istiqlalienne. On déclare la guerre a l’équipe au Pouvoir, comme partout au Maroc.
Toujours est-il, le Président sortant est un homme politique des plus sages, qui a assuré une fin de mandat plutôt tranquille, juste après l’éviction officielle de TOUMI ABDELLATIF, une fin d’exercice chapotée de très haut, anticiper, préparer l’après TOUMI dans les meilleures conditions possibles, assurer une alternance dans la continuité, avec la bénédiction de l’exécutif « abbâssien », qui gomme ainsi une tête rebelle et agitatrice, remplacée par une figure habituée a l’exercice du pouvoir, qui a l’habitude de travailler dans l’ombre, un personnage somme toute consensuel.
Les résultats du scrutin n’ont pas été de tout repos pour le Président sortant et ses amis, proches ou lointains. La gouvernance est encore une fois malmenée, de part et d’autre, le jeu dépasse les acteurs en lisse, c’est que le pouvoir est en jeu, la manigance et le fric (quand on sait que « l’argent est le nerf de la guerre »), sont les maitres mots de l’avant, comme de l’après-élections !!!
En tous les cas, bien malin est celui qui pourra prédire une sortie digne et honorable pour le futur Maire de la Ville, dans une scène politique jdidie de plus en plus trouble, de plus en plus incertaine.
Tarik Boubiya
Eljadida.com
