Eté 2009 : animation amorphe

La municipalité d’Eljadida aura-t-elle suffisamment de temps pour mieux préparer la saison estivale ? Rien n’est moins s»r, lorsqu on sait que les préoccupations de la cité sont a la fois multiples et difficiles a prendre en charge en seulement quelques jours après les élections du 12 juin 2009.

c’est dire que la commission municipale, installée ces derniers jours, et dont la mission ne s’annonce pas de tout repos, a du pain sur la planche. Par quoi va-t-elle commencer, tant la ville a besoin d’être plus agréable et accueillante, et par la même occasion, de réhabiliter son image d’antan, qui lui aura valu le surnom de «la Deauville marocaine». Ses sites paradisiaques et sa magnifique plage ne laissent pas indifférent. De même que sa Cité portugaise, place emblématique, majestueuse et splendide, constitue un passage obligé pour les visiteurs et les vacanciers en direction de la côte. Aujourd hui, Eljadida a énormément perdu de son standing, a telle enseigne que certains de ses habitants n’hésitent pas a la qualifier de grand bourg mal géré.

En dépit des initiatives prises par les conseils municipaux qui se sont succédé, le paysage urbain n’a pas changé d’un iota. Pis encore, l’environnement a connu une nette dégradation avec la prolifération du commerce informel, la détérioration des routes, l’absence d’hygiène, la prolifération des moustiques a cause du marécage El Kalâa et la pollution qui a entraîné une dégradation considérable de l’environnement marin et côtier a cause des eaux usées, des autres déchets ménagers et des effluents industriels, ce qui empêche la plage d’El Jadida d’obtenir le label “Pavillon bleu” qui récompense chaque année les efforts entrepris en matière d’environnement et de gestion de l’eau. Le Conseil municipal sera-t-il a la hauteur de l’espoir des habitants, lesquels assistent, impuissants, a la mort lente de leur cité ? En tous cas, la feuille de route élaborée dans ce cadre, depuis belles lurettes, répertorie l’ensemble des axes de travail, ciblant principalement l’hygiène du milieu ambiant, de la plage et des entrées de la ville.

Côté animation culturelle et artistique, la ville est en quasi-sommeil depuis longtemps. Une léthargie qui n’a que trop duré, mais les gérants de la ville ont d’autres chats a fouetter! Ailleurs, sous d’autres cieux, chaque ville a sa fête, surtout lors des longues nuits d’été où tous les arts sont mis en relief pour meubler les rues qui accueillent musiciens, plasticiens, dramaturges, chorégraphes et autres types d’activités artistiques.

Que cela soit a Agadir, Essaouira, El Hoceïma ou Saïdia, pour ne citer que ces villes qui bordent la rive atlantique ou méditerranéenne, la tradition qui consiste a animer la vie nocturne est bien ancrée dans les mœurs estivales. Des mœurs où la trépidation diurne laisse place a une animation nocturne, agrémentant rues, ruelles et places publiques dans une ambiance bon enfant. Cette année encore, il paraît que les gérants de la ville n’envisagent pas de faire sortir la capitale des Doukkala de son marasme en organisant des activités artistiques et des tournois sportifs a travers des places publiques et autres arènes ici et la.

On va encore faire avancer qu on a animé la ville “a zéro dirham”, qu une pléiade de chanteurs et de groupes musicaux défilera sur la scène de la foire du terrain Lachhab et de Maroc Telecom. Mais jusqu a quand El Jadida sera-t-elle privée de son propre festival? Histoire de permettre aux visiteurs et aux habitants de la capitale des Doukkala de décompresser. Les bambins n’ont-ils pas le droit de dessiller les yeux sur un programme-loisir qui leur permettra au moins de tromper la monotonie ankylosante qui les rend amorphes, de surcroît lorsqu on sait que beaucoup d’entre eux sont privés, pour différentes raisons, de colonie de vacances ?

Lieu de métissage

El-Jadida n’en finit pas de subjuguer ceux qui ont la chance de la visiter. Ses monuments lui offrent un cachet unique. Grâce a sa plage, au sable fin, sa magie reste entière. Elle a toujours été une terre d’échanges, de rencontres, de tolérance et de beauté partagée. c’est pourquoi le maréchal Lyautey envisageait qu elle serait la Deauville marocaine. Et c’est pour cette raison qu elle a été l’escale favorite des artistes et des musiciens. El-Jadida était par excellence un lieu de métissage qui s’exprime dans un patrimoine culturel exceptionnel. Or, aujourd hui, cette ville a été contrainte d’être plongée dans une grande léthargie. Que reste-t-il? Rien a part le grand festival des insectes du fameux marécage d’El-Kalâa qui défie toutes les chroniques!

Abdelmajid Nejdi
Le Matin

Auteur/autrice