Un scorpion hésitait au bord d’une rivière
Car il était curieux de la rive au-dela.
Une grenouille verte qui passait par la
Fut aussitôt l’objet d’une ardente prière.
Passe-moi, je te prie, sur la rive opposée
Et je n’userai pas de mon bel aiguillon:
Je veux pouvoir scruter de nouveaux horizons
La profondeur de l’eau m empêche de passer.
Le batracien pensa : suis-je bête d’avoir peur
Me piquant sur mon dos, il serait condamné.
“Je veux bien, lui dit-elle aussitôt, t emmener;
J espère cependant ne pas faire d’erreur.”
Et les voila partis sur l’onde frémissante.
Au beau milieu du cours, tout a coup le scorpion
Injecte son venin a la bête accueillante
Qui commence a couler dans un lent tourbillon.
“Pourquoi as-tu fait ça, dit la grenouille en pleurs,
Nous mourrons tous les deux: es-tu fou a lier ?
L’insecte malfaisant ne put que répliquer :
“Piquer est ma nature, le reste n’est qu un leurre.”
Chacun de nous, ici, ne fait qu exécuter
Ce pourquoi il est fait, qu il soit bon ou méchant
Rien ne pourra changer la nature des gens
En pensant le contraire tu pourrais te tromper.
Gilbert ZANELLA – Juillet 1991