Bonjour tout le monde !
j’espére de tout coeur que mes articles plaisent aux lecteurs Jdidis.
/- Mostafa B haibeh est l’un des plus anciens et des plus réputés coiffeurs de Mazagan des années 40, 50 et 60.
Sa nombreuse clientèle, composée de Mazaganais de souche, lui était restée toujours fidèle. Son petit salon de coiffure souvent plein, était situé derrière la grande mosquée « Belhamdounia », sur la même ligne des boutiques de coiffeurs et vendeurs de viande hachée (2 K faytiya), appartenant au « Habous ».
Son petit salon de coiffure était en quelque sorte dirait-on un « club » réunissant de notables fumeurs de kif, de tout âge et de toutes professions confondus.
Il était de petite taille, de corpulence en dessous de la moyenne, le crâne toujours rasé, très actif, irascible et souvent coléreux (surtout pendant le Ramadan), haïssant outre mesure les campagnards. Il était marié et père de nombreux enfants.
Son salon simple de coiffure, était situé a un jet de pierre de la maison modeste et traditionnelle, où il vivait tranquillement avec ses parents âgés, ainsi que ses petits enfants bien élevés, fraîchement scolarisés, et une épouse apparemment conservatrice.
Par ailleur, le salon où j exerçais moi en tant d’abord qu apprenti coiffeur, puis ensuite « petit-maître coiffeur en dépit de mon jeune âge et de ma petite taille», se trouvait a une vingtaine de mètres de celui de Mostafa B haibehon. Il était un lieu privilégié de rencontre et de réunion chaque après-midi des quatrièmes âges :
Ba Jilali père de B haibeh, qui était un ancien Mazaganais, dont l’âge remonte au déluge, personnage plein d’humour, ponctuel au rendez-vous qu il avait avec ses copains Haj Moussa, un praticien chevronné de la circoncision a l’époque, Haj Si Hsaïn, un des bourgeois Mazaganais très connu dans le domaine des transports en commun, Haj Brahim Bentouila également bourgeois, d’un âge très avancé lui-aussi, qui me chargeait par moment a lui faire des commissions pour sa maison, était aussi d’un caractère irritable, qui l’obligeait de temps a autre de se faire extraire du sang de sa nuque par mon maître coiffeur « Maâllem Ahmed » que Dieu le tout Puissant lui prête longue vie.
Tous ces quatre anciens Mazaganais, vraisemblablement quadragénaires et peut-être même plus, se trouvèrent chaque après-midi, confortablement assis sur des chaises devant notre petit salon de coiffure, entrain, tantôt de contempler les passants avec un œil critique, tantôt de se raconter des anecdotes hilarantes ou simplement commenter les événements de la journée.
Suite a la mort de son père, B haibeh a commencé peu a peu a perdre la boussole en devenant de plus en plus coléreux et agressif vis-a-vis de ses clients d’une part et de sa petite famille d’une autre, notamment son épouse qu il ne supporta plus au point d’arriver au divorce.
Au fil des jours, il perdit contenance et par conséquent la tête ; il commença a zoner, vendit volontairement son petit salon de coiffure et les meubles de sa maison, tout ça sous l’effet du Kif et de l’alcool qui l’ont transformé de père d’une famille plus ou mois heureuse, en personne sans domicile fixe (SDF).
Pour éviter les regards et les critiques des gens qui l’ont connu, il se tapa l’affiche, trouva refuge au Borj (la citadelle) où il vécut désespérément avec de marginaux so»lographes comme « Sans blagues, Dziri et d’autres », qui ont totalement perdu toutes leurs facultés de réintégrer la Société.
Que devint donc sa petite famille ?
La réponse est le plus simplement du monde la suivante :
Dans l’état actuel des choses, l’épouse de B haibeh a dit adieu au conservatisme peu de temps après son divorce ; elle a retroussé ses manches pour aller travailler rudement comme femme de ménage en vue de faire face aux multiples problèmes de la vie posés fraîchement a sa progéniture, et ce en vue d’assurer une vie décente a ses petits enfants en les sauvant de tous les périls possibles d’une délinquance certaine, engendrée par la misère et l’absence d’une éducation paternelle saine.
Grâce a sa persévérance et son intelligence, cette femme intrépide comme bon nombre de femmes Doukkalies, a pu devenir en un laps de temps, infirmière chez un médecin très connu a El-Jadida.
Ce nouvel emploi suffisamment lucratif, l’a contraint de s’habiller a l’européenne après avoir été une femme traditionnelle, et lui a permis d’acquérir une maison sise auprès du Bureau de Placement, avec garage qu elle transforma en épicerie.
Ses deux filles devenues adultes et élevées sans père a la maison, se donnèrent a des pratiques douteuses au vu et au su de leur mère sensée de donner le bon exemple a sa progéniture.
Mostafa B haibeh personnage catalogué avant le divorce de son épouse, de socialement gentilhomme, l’a eu dans le cul, devenu mecton au fil des jours, finit ses dernières heures au « Borj » entouré d’une bande de so»lards, qui vivaient en paria et constituaient indubitablement la racaille de la ville d’El-Jadida. Il est décédé dans l’oubli et l’ignoranc
Que Dieu le tout Puissant l’ait en sa miséricorde et pardonne ses « péchés de vieillesse !
Elmostafa ABDOUSS
Eljadida .com