Bonjour tout le monde !
Voici mon cinquième article tiré de mon opuscule intitulé “Faits et méfaits de certains Mostafa Mazaganais”.
Parmi les Mostafa qui ont marqué notablement l’histoire d’El-Jadida fin des années cinquante début des années soixante, il y a lieu de citer le nom de Mostafa OuldGhannou ; fils unique chez sa mère qui était une véritable femme Doukkalie au gabarit élancé, jouissant d’une personnalité dépassant celle d’un homme. Elle chouchoutait outre mesure son fils Mostafa (OuldGhannou : fils de sa mère Ghannou ; ceci constituait une spécificité Mazaganaise. Ex. OuldChaouiya, OuldAïcha Taouch, OuldTamou,etc ).
Il était bel homme, aux cheveux noirs et blancs, longs et soyeux, visage rond, yeux noisette et sourcils poilus et noirs, avec une grosse moustache qui cachait ses lèvres taillées sur mesure, de grande taille, d’une corpulence dépassant la moyenne, un peu ventripotent, d’une voix criarde ; toujours propre et bien habillé, il portait au cou de grosses chaînes en or exposées sur une poitrine large et poilue rappelant celle du célèbre acteur Américain Anthony Quinn, portant au bras gauche une grosse gourmette également en or. Sa beauté et sa sensualité masculine débordante, sont capables d’attirer l’attention de beaucoup de jeunes filles et jeunes femmes en quête d’un prince charmant.
Il habitait avec sa mère dans une modeste maison située a proximité de la fameuse Ecole coranique a régime drastique du Fqih (savant religieux) Demnati, dont les nombreux Jdidis qui ont fréquenté cette école, se souviennent bien évidemment de lui et de son comportement empreint de sévérité.
Mostafa OuldGhannou était un personnage cancanier, qui jetait son bonnet par-dessus les moulins et envoyait tout le monde sur les roses, ne se souciait pas du qu en-dira-t-on. Sans profession ni métier spécifiques, on le nommait le plus simplement du monde « le chômeur de luxe de Mazagan » puisqu il avait une veine de cocu.
Je l’ai toujours connu de vue comme étant l’amant d’une négresse Française sa compagne, dont j ai toujours ignoré le nom. Elle était possiblement veuve d’un officier militaire Français, logeait dans une luxueuse maison située au fond du Mellah juste en face de la porte principale donnant accès direct a la mer. Elle menait peinardement une vie opulente avec son amant qui l’accompagnait en père peinard, et ses enfants, dont le plus en vue socialement et le plus turbulent parmi eux s’appelait Etienne.
Ce garçon d’une philanthropie rarissime, était le chouchou de tous les adolescents de son quartier le Mellah (ghetto). Champion de plongeon, il arrivait souvent au Moon (la jetée) a la nage, accompagné de ses camarades du Mellah : Sbissi, Khayat, Dédé et d’autres, après avoir franchi aisément la grande porte donnant sur la mer, située a un jet de pierre de sa demeure, a quelques pas de l’unique fameux Ferrane « four » de la Cité portugaise.
Dois-je signaler a l’occasion que ce même garçon Etienne, avait fait, début des années soixante, des études de Secrétariat pendant trois années au Collège polytechnique ex- Kassy, en même temps que moi qui poursuivais des études d’Electricité dans ce même collège.
Mostafa OuldGhannou en compagnie se sa compagne maquillée outre mesure, en l’occurrence la mère d’Etienne, qui était, aux yeux de tous, une femme de loin plus âgée que lui, les deux formaient un couple totalement hétérogène, guetté durant leur parcours, surtout par des femmes jalouses, et même aussi par des hommes aimant la parlote dans le marché (Souk Laqdim), les salles de cinéma (Taj, Dufour, Marhaba), et partout ailleurs, n’avait rien de la symbolique religieuse.
Il avait une grande familiarité avec les enfants de sa compagne, adoptait a leur égard un comportement immuablement paternel; il les protégeait contre vents et marées, leur adressait sentencieusement des conseils.
Est-ce que tout cela était fait sincèrement?
La réponse est a mon estimation négative puisqu en l’occurrence, la certitude est plus forte que le doute ; son but dans cette mascarade était possiblement de continuer a profiter au maximum de la fortune de sa compagne qui devint manifestement pour lui une vache a lait délectable, et ce après avoir manifestement conquis son cœur désert.
Pour des raisons que j ignore jusqu a aujourd hui, la mère d’Etienne et ses enfants ont d» quitter le Maroc précipitamment et en catimini, pour retourner en France et s’installer a Marseille, où elle devint propriétaire et gérante d’un bar.
Mostafa OuldGhannou, sans profession ni ressource, s’est senti potentiellement menacé par la pauvreté, rejoignit illico prestissimo sa compagne a Marseille pour continuer a vivre auprès d’elle, l’aider dans la gestion de son bar.
Son séjour a Marseille n’a pas duré longtemps pour des raisons que j ignore jusqu a présent. Il a donc été assurément contraint de retourner a El-Jadida pour y fonder, même très tardivement, un foyer et avoir des enfants comme ses pairs. c’était chose faite !
Il est décédé a El-Jadida après avoir vécu une aventure drôle avec une veuve qui avait l’âge de sa mère. Il a probablement laissé des enfants, qui ne doivent en aucun cas suivre le mauvais exemple donné par leur père.
Que Dieu le Tout-Puissant pardonne ses nombreux péchés !
Bonne lecture et a bientôt !
Elmostafa ABDOUSS
Eljadida.com