Louange a Allah ; que les éloges et la paix soient sur notre Maître, notre Prophète et bien-aimé le Messager d’Allah Sidna Mohammed.
Bonjour tout le monde, Ramadan Moubarak Saïd !
Il convient a l’occasion de ce mois Sacré, d’exhumer des souvenirs inoubliables mais vraiment impérissables de quelques ivrognes humoristiques, qui ont marqué notablement les esprits des adultes et des jeunets, qui habitaient les quartiers : Sid Daoui, Place Moulay Hassan, R jila, Mershane, Derb Berq Leil, Mellah,etc, tous situés aux alentours du jardin Mershane (jardin Bacha Hammou).
Il s’agit bien évidemment ici des nommés Mostafa Khouane et Mostafa « Cyclis ».
Le premier était le fils de Ba Lahcen, septuagénaire, d’aspect brun, peu ventripotent et de taille moyenne, portant turban, djellaba et babouches comme le voulait la tradition Marocaine ; ces habits traditionnellement incontournables étaient portés par des Mazaganais qui se respectaient par le ban et l’arrière-ban. Il était un personnage distrait et toujours d’un humour permanent, propriétaire d’une laiterie située en face du jardin précité. Il était père de sept autres bonhommes affables (les Jahidi), bien éduqués, tous sportifs, jouissant d’une excellente réputation dans le milieu Mazaganais, hormis Mostafa Khouane resté sans métier spécifique, qui faisait l’exception de ses frères puisqu il n’avait pas beaucoup fait l’école publique, mais s»rement il était passé par l’école coranique, jadis considérée comme un passage obligé de tous les enfants Mazaganais avant et après leur scolarisation en « Public ».
Mostafa Khouane était également frères de mes deux amis forts sympathiques et attachants feu Abderrahmane «alias Yebba » et feu Mokhtar, avec qui j ai passé des moments pleins d’aventures.
Mostafa Khouane a commencé a picoler dès son jeune âge. Il passait la majeure partie de son temps au « Borj » (la Citadelle lieu de rendez-vous des soiffards plus ou moins rejetés par la Société Mazaganaise), a l’abri des regards des gens, entrain de se so»ler, le jour comme le soir, en compagnie d’autres pochards voire même des clochards, très connus et marginalisé par les Mazaganais qui ne leur voulaient que du bien.
D habitude, il se présentait tardivement en goguette a l’endroit du rassemblement de notre bande de jeunes des quartiers avoisinant le jardin précité, pour nous raconter des plaisanteries et anecdotes poilantes, lancer des mots et expressions pleins de signification, faire le satire de l’événement le plus marquant du jour, traité dans tout Mazagan.
Il était fort intelligent, et le seul parmi ses nombreux frères a ne pas avoir eu, une bonne instruction, ni une volonté d’apprendre et exercer un métier, ou de chercher un travail susceptible de l’éloigner de l’ivrognerie ; il était considéré par nous tous comme un « chômeur de luxe » puisqu il ne manquait de rien, disposait toujours de l’argent donné gracieusement par ses frères généreux et compréhensifs.
Malgré sa so»lographie et ses paroles absconses, il prônait toujours le pacifisme en évitant toute éventuelle philippique pouvant envenimer l’ambiance très amicalement bon enfant, qui régnait chaque soir entre les jeunes du quartier « Ouled derb » , tous bien alignés et assis sur l’épais mur qui contourne le jardin, juste en face de la fontaine « Tromba », entrain de se raconter, a haute voie, des fables distrayantes, ou de taquiner les jeunes et charmantes ouvrières de la Sté de confection « SIM », qui passèrent devant nous a vive allure, le sourire au bout des lèvres.
Sans alcool Mostafa Khouane était un pur sucre et d’une timidité maladive.
En ce qui concerne le second, en l’occurrence Mostafa Cyclis qui était un personnage rigolo, accort et fort gentil, taciturne quand il n’est pas so»l, philosophe quand il est au zénith de son ivresse. Il détenait un petit local (sorte de cagibi) jouxtant le bureau de tabacs de Boufouss contigu a l’historique café Bentouila ; il y réparait industrieusement et avec dévouement en remettant en état toutes sortes de bicyclettes et motocyclettes. Il était lui aussi un ivrogne très réputé a Mazagan.
Contrairement a Mostafa Khouane, Mostafa «Cyclis », pour mieux le faire connaître aux lecteurs qui l’ignore certes, C’est un « pur produit Mazaganais », qui avait deux frères d’une droiture exemplaire, travaillant tous les deux au cinéma « Métropole » devenu « Taj » puis « Rif » : l’aîné Abdeslam en qualité de caissier, le cadet Tijani comme opérateur.
Mostafa «cyclis » qui dégageait toujours une odeur nauséabonde, picolait dans son « cagibi », seul ou en compagnie de ses amis alcooliques qui ne manquaient pas de lui rendre visite a tout moment durant la journée et la soirée. Il ne quittait son local de travail que pour aller par nécessité uriner dans la pissotière a l’entrée du quartier R jila, située a un jet de pierre de son lieu de travail.
Il arrivait chaque matin a son lieu de travail, a moitié endormi, ayant du plomb dans l’ail après une nuit cauchemardesque, peu bavard mais disposé a passer des heures pour besogner en vue de ramasser l’argent nécessaire a l’achat de quelques bouteilles de vin rouge. Il festoyait chaque soir en compagnie de certains de ses amis parfois agressifs qui vont, comme d’habitude, lui gâcher la soirée, en se mettant a ânonner a haute voix, tenir des propos malveillants a l’égard de certaines passantes, qui n’hésitaient pas a appeler les policiers pour arrêter en fin de compte Mostafa cyclis et sa bande de so»lards familiers aux boissons alcooliques, qui se laissèrent obnubiler par la peur de la présence policière.
Néanmoins et en raison de la non gravité du délit, ils sont libérés le lendemain après avoir été admonesté et passé une nuit blanche dans le commissariat de police, où ils sont, a chaque fois avertis solennellement sur les conséquences fâcheuses en cas de récidive. Ces compagnons du « mal », lui font souvent casser sa tirelire pour s’acheter des bouteilles de vin rouge.
Mostafa cyclis était un gars naturellement amiteux, non agressif même quand il est so»lant. Il a fini par casser sa pipe après avoir été toujours célibataire sans pour autant pouvoir arrêter de picoler, et par conséquent se mettre a prier et se repentir a temps a l’instar de ses pairs.
« Que Dieu-Tout-Puissant pardonne ses péchés »
Par contre, Mostafa Khouane est toujours en vie en dépit de son âge avancé. Que Dieu-Tout-Puissant lui prête longue vie, l’aide et le guide a trouver et a suivre le bon et le droit chemin : Amen !
Merci infiniment a mon grand ami Sidi Ahmed Aouioui qui, avant la publication du présent article, m a corrigé en me signalant que Mostafa Khouane est décédé récemment.
Que Dieu-Tout-Puissant pardonne ses nombreux péchés !
Elmostafa ABDOUSS
Eljadida.com