Le but de cet article est d’ouvrir une page a laquelle je souhaiterais associer les amateurs de l’art pour sortir de l’ombre des artistes et des œuvres que l’inculture artistique, malheureusement ambiante, laisse a l’ombre. Nous ne les connaissons pas tous parce qu ils n’ont pas les moyens de parvenir a nous et nous n’avons pas les moyens de parvenir jusqu a eux. Mais il est, je pense, de notre devoir de signaler ceux que nous connaissons, de partager les délices de leurs créations, de leur exprimer notre gratitude de rendre notre vie plus heureuse, notre cadre de vie plus gai et de nous souvenir, pour les mêmes raisons et davantage encore, de ceux parmi eux qui nous ont quittés.
Mon but initial était de présenter brièvement Feu Ahmed MASLOHI mais puisque ses héritiers acceptent de m ouvrir gracieusement leur collection privée, j envisage de revenir a cette œuvre riche et prolifère, individuellement ou avec l’aide de critiques de l’art pour en dévoiler les messages, les subtilités techniques et esthétiques.
Feu Si Ahmed MASLOHI est originaire de Safi. Il vécut, de 1935 a 2011, entre sa ville natale et Marrakech qui l’inspirait et qu il adorait. Dans les deux, il fut cadre de la santé publique et pratiqua l’art plastique et la sculpture. Il excella dans l’un et dans l’autre et compta parmi les autodidactes marocains les plus doués et les plus accomplis. l’œuvre qu il légua a ses enfants recèle de tableaux et de sculptures d’un grand art et d’une grande finesse et si elle est peu médiatisée, c’est parce que sa nature pudique l’empêchait de courir derrière les lumières et la foi dans son art l’en dispensait. Ce n’est pas une raison pour qu il ne soit pas connu plus largement du grand public si, toutefois, ses héritiers consentent a exposer son œuvre.
Feu Si Ahmed MASLOHI explora, par des techniques diverses et évolutives, deux styles autour de deux pôles géographiques, Marrakech et Safi et réussit aussi bien l’un et l’autre.
Il tenta le figuratif, principalement dans la ville ocre et s’y distingua par la précision de ses dessins, la finesse de ses traits et la perspicacité de son observation. Il s’y distingua également par la diversité de ses thèmes, l’amour et la gaîté qu il en dégage. Paysages, personnages ou scènes diverses, tous participent d’un Maroc beau, d’un Maroc qu on aime entièrement et spontanément avec les yeux et avec le cœur. Entre modèles qu il a reproduits a travers son regard bienveillant, scrutateur, sa sensibilité vive et modèles qu il a imaginés et conçus comme il voulut qu ils fussent, il y a une vraie continuité et une douce complicité.
Il tenta l’abstrait, principalement a Safi, par plusieurs entrées et par plusieurs techniques. Je crois que ce style constituait pour lui un détachement volontaire du réel quand le réel le rebutait ou ne l’inspirait pas, une sorte de méditation poétique dans laquelle l’harmonie des formes et des couleurs font office de mots et de rimes, une évasion vers la spiritualité et vers l’exploration de l’univers personnel, interne et intime. Parfois, il combina les deux dans le même espace et même dans le même tableau.
Feu Si Ahmed MASLOHI resta fidèle a sa vocation jusqu aux deniers jours de sa vie et lorsque je luis rendis visite a Marrakech, quelques jours avant son décès, nous avons, lui et moi, d’un accord tacite contourné sa maladie et discuté exclusivement art, art et art. Comme c’était agréable de l’entendre en parler !
Feu Si Ahmed MASLOHI est mon cousin. Preuve que je connais l’artiste et l’homme. Il m a légué l’amour de l’art. Le sien et celui de tous les artistes. Cet amour, je l’ai transmis a mon tour a mes enfants, a mes étudiants, a nombre de mes proches et de mes amis. En échange, j ai transmis plus simplement, mon propre amour a son fils aîné, le docteur Samir et a sa fille cadette, Nadia. A l’occasion, je les salue tous les deux et je les embrasse tendrement.
El Jadida le 19/04/2016
Ahmed BENHIMA
Chevalier dans l’Ordre des Palmes
Académiques de La République Française
Ahmed BENHIMA
Eljadida.com