Hommage posthume a Mahmoud Darouich: Pour Darouich encore et encore!

L espace de la médiathèque Driss Tachfini a abrité ce mardi 9 octobre 2008, une rencontre consacrée a l’hommage posthume a feu Mahmoud Darouich. La cérémonie qui a été initiée par l’Union des Ecrivains du Maroc (Section d’El Jadida) a été marquée par une assistance diversifiée, composée d’intellectuels, écrivains, poètes, universitaires, étudiants et fidèles a l’esprit du défunt.

La séance, dirigée a juste titre, par l’auteur des “graines du bled” et l’aimé Daim Rabi, a été l’occasion de dresser un panorama littéraire du “joueur d’échec” et de son univers de création poétique, de rébellion et d’insoumission. Une lecture a été consacrée a certains morceaux choisis, majestueusement interprétés par la voix de Mahmoud Darouich, accompagnés de musique de luth extrêmement belle, diffusée pour l’occasion, suivis d’un poème (requiem) lu et écrit par le poète d’El Jadida, Said Tachfini. (ci-joint texte intégral).

Avant de donner la parole aux intervenants, Habib Daim Rabbi a tenu a mettre en valeur et a souligner, la complexité du personnage de Mahmoud Darouich, l’homme d’exil et d’errance, le voyageur en perpétuelle recherche, et quête d’une terre, sa terre, de paix, digne et d’une vie pleine d’espoir et d’amour universel.

Pour l’écrivaine et poétesse Leila Derdouri, a travers une intention personnelle et une voix discrète, mais expressive, pleine du littéraire lyrique, “avec Mahmoud Darouich” déclare-t-elle, “nous sombrons dans un univers de prose poétique où nous sommes menés a admirer cette prose du poète, chevauchante avec sa poésie! Il a transcendé avec sa poésie et sa présence humaine d’exception, toute les frontières, brisant les chartes du patriotisme étroit!”.

Hassana Aaddi, l’écrivaine et chercheuse, a de son côté, invité la présence a effectuer un voyage si périlleux mais agréable et admirer l’univers de Darouich, l’Amoureux de la Palestine a travers son expérience poétique, riche et diversifiée. Pour la chercheuse, ceux qui ont bien connu l’homme (en l’occurrence Mahmoud Darouich) et bien approfondi les thèmes du grand poète qu il demeure, tendront l’oreille et finiront par reconnaître que la vie comme l’œuvre de ce fils de la terre, constituent la défense et l’illustration du «Palestinisme».

Pour M.Benazzouz “Le poète n’est pas mort et ne meurt pas, il habite seulement le blanc de nos pages!” et il continue, “Je ne saurais quant a moi écrire un éloge funèbre de Darouich, car il est vivant parmi nous, avec ses poèmes, sa voix, pour que je me permette de l’enterrer. Il résiste au bruit par le silence! Nous tenons a rendre cet hommage posthume a notre grand Darouich a travers ses enseignements, la résistance, l’abnégation, l’appartenance et la loyauté pour le peuple et la patrie”.

A travers une approche linguistique, sémantique, du manifeste de la proclamation relative a la création de l’Etat Palestinien, Mr Ennoussi Abdelmajid, a tenu a démontrer, le rôle du défunt, dans le processus du dialogue politique (Pour la Paix !!??), ainsi que sa participation, dans la rédaction du dit manifeste, dont le contenu condensé, est appelé, selon Mr Ennoussi, a être un champs d’étude spécifique, par les chercheurs intéressés.

Prenant la parole, Ali Ait Said, et après lecture d’extraits de poèmes de Mahmoud Darouich a déclaré que ce dernier, “a découvert qu il n’est chez lui, qu en poésie, vaste en vers mais aussi en prose, et qu il a trouvé que la terre était fragile, et la mer légère, Et qu il a appris que la langue et la métaphore ne suffisent point pour un lieu au lieu!”.

Au moment du débat, éloges, reconnaissances, réflexions livrées, sur l’expérience du défunt, sur l’acte de poésie, ont été exprimés de la part des intervenants, qui n’ont pu assouvir leur soif ! Ainsi le professeur Hassan Messkine et le poète Boubker Mouttaki, ont mis en garde ceux qui aiment Darouich, contre toute tentative, selon le premier, visant la sacralisation de son expérience poétique! et pour le deuxième, le refus d’écrire (ou de produire) la poésie sous la tutelle de Darouich (!!?) Et ce malgré la reconnaissance de la valeur de création poétique de ce grand apôtre!.

De son côté, Aboulkacem Chebri, chercheur et archéologue, intervenant dans le même sillage, s’est interrogé sur le contexte général ayant favorisé la notoriété de Mahmoud Darouich, où s’est mêlée la création artistique et la politique. c’est ce qui a amené Redouan khedid, chercheur en anthropologie, a déclarer que, la popularité de la poésie de Darouich, a été consolidée via sa voix, diffusée par l’ensemble des outils de transmission et de communication, ainsi que ses lectures publiques, ajouté a cela son leadership, tout cela, plus d’autres facteurs plus spécifiques, est a prendre en considération quand on parle de la notoriété de Mahmoud Darouich, qui est devenu universelle.

De notre part, nous partageons avec modestie, l’avis de Pierre Assouline (dans son blog le 09 Aout 2008): “Au fond, la poésie c’est ça : Mahmoud Darwich, l’un des plus grands poètes de langue arabe, lisant ses poèmes en arabe en France devant un public français dont bon nombre ne comprennent pas un mot de sa langue, et qui l’écoutent des heures envo»tés par cette musique, captivés par ce que leur disent intimement ces mots qu ils reçoivent en profondeur alors qu ils leur sont en principe étrangers. c’est ce mystère qui est poésie. c’était il y a peu et plusieurs lecteurs de la République des livres ont témoigné ici même de l’émotion qui fut la leur cette nuit-la. Inoubliable.”

Et nous vous déclarons, vous amis de Mahmoud Darouich, encore une fois, Il n’est pas mort et il est ce qu il a fait, il a fait de la poésie, mais qu on y prenne garde (cette fois s’est pour du vrai) Darouich par-dela sa mort, nous leste d’un héritage de subversion et d’indignation dont il faudrait nous acquitter. Nous ne pourront pas être impunément les fils ou les petits fils de Darouich, tant son œuvre traque notre mauvaise conscience et La Leur.

Et nous vous assurons, encore une autre fois, avec Darouich, que nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir. l’espoir de libération et d’indépendance. Espoir d’une vie normale où nous ne serons ni héros, ni victimes. Espoir de voir nos enfants aller sans danger a l’école. Espoir pour une femme enceinte de donner naissance a un bébé vivant a l’hôpital, et pas a un enfant mort devant un poste de contrôle militaire. Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir que cette terre retrouve son nom original: terre d’amour et de paix.

Merci pour porter avec nous le fardeau de cet espoir.

M. Benazzouz
Eljadida.com

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