Il y a 40 ans*, j ai atterri a Marseille !
Canebière** et vieux port tendaient l’oreille
Aux hommes et femmes munis de corbeille
Dont l’estampille a la forme de treille.
Passager inconnu juste la veille,
On m a accueilli comme une abeille
Butinant la myrtille, le chèvrefeuille,
La citrouille, la grenadille, la groseille,
Lors de sa tournée, le mistral réveille,
De gré ou de force, jeunes et vieilles,
Quitte a ciller ou bayer aux corneilles,
Les fripouilles ayant des bouilles de nouille !
Lorsque ce vent glacial souffle, on caille,
Chacun tente de lui livrer bataille,
A coup de parka et de chandail de taille,
Les entrailles réclamant une volaille.
Les santons et l’ail, c’est aussi Marseille !
Sans mitraille, les pauvres andouilles,
Etranglés comme maintes bouteilles,
Rentrent chez eux tristement bredouilles.
Pour tenir debout au chaud, des bas a mailles !
Etant homme de paille et sur la paille,
On oublie la fringale qui cisaille ;
Faute de bouillabaisse, il y a la tripaille !
Dans le marché au poisson, on criaille ;
Sur les bancs, on coud, on tricote, on maille ;
Au stade, on pinaille ou on rimaille ;
Au café, on rouscaille ou on traînaille.
Aux calanques de la côte, on farfouille
Et le sable et la mer où tout grouille.
Au jeu de pétanque, on discutaille
Du temps perdu dans rocaille et gouaille.
Monuments historiques, vaille que vaille
Le château d’if, les îles (Frioul) aux corneilles.
D autres célébrités et les retrouvailles,
Un pôle cosmopolite a merveille.
Ma foi ! Peuchère ! c’est Marseille !
Rapides et chaudes sont les fiançailles
Le temps d’ailler, de cuire les victuailles
Et voila le rituel des épousailles.
* le 1er novembre 1969
** Grande artère de Marseille tirant son nom de chanvre, appelé CANEBE en arabe.
Moussa ETTALIBI
Eljadida.com