L analphabétisme, un souci pour le secrétariat d’Etat et le gouvernement

«Les chiffres sont effarants et la Région de Doukkala-Abda est la plus touchée par ce phénomène de l’analphabétisme». c’est en ces termes, une sonnette d’alarme en quelque sorte, qu Anis Birou, secrétaire d’Etat de l’Alphabétisation et de l’éducation non formelle, a entamé son intervention lors de la rencontre tenue, lundi 29 janvier, a la salle des réunions de la province d’El Jadida, en présence du gouverneur de la province , du secrétaire général de la province, du directeur de l’Académie régionale d’éducation et de formation de Doukkala-Abda, des deux délégués provinciaux d’El Jadida et de Safi, du président du conseil provincial d’El Jadida, de quelques députés et du délégué provincial du secrétariat d’Etat de la Jeunesse, avec les représentants des associations de la société civile qui font de la lutte contre l’analphabétisme un cheval de bataille et ce, pour mettre en place une stratégie commune pour combattre «cet ogre», entrave a tout développement d’une société, d’un pays.
Aussi paradoxal que cela puisse être pour une région, étant le deuxième pôle économique, l’analphabétisme bat son plein. Le taux d’analphabétisme a El Jadida est de 55,2% et dans les Doukkala-Abda, il est de 52,6%. Soit 10 points de plus que le taux moyen national. Des efforts, de 2004-2006, comme en témoignent les statistiques sont, certes, déployés. Mais ils restent très en deça des objectifs et des espérances. En 2005-2006, l’opération de lutte contre ce fléau devait toucher, dans toute la province, 80.400 personnes. Mais seuls 45.700 en ont bénéficié ! Soit un taux réalisé de 43%.
Cette année, l’objectif tracé est de dispenser cet enseignement a 79.400 hommes et femmes. Seulement, 16.650 personnes se sont inscrites. Soit 36,3% du but escompté.
Mohamed Abou Al Faraj, président du conseil provincial qui après avoir reconnu, courageusement, que le conseil qu il préside avait omis dans, son plan d’action, de consacrer une subvention pour la lutte contre l’analphabétisme et qui avait promis, par la même occasion d’y remédier, fera remarquer que si ce fléau sévissait dans la province d’El Jadida, c’est parce que dans les Doukkala, le caractère rural prédomine et que la densité démographique est considérée, d’après le recensement de 2004, est la plus élevée dans le pays avec 1.103.032 habitants dont 804.356 en milieu rural. Cette densité trouve sa raison dans le boom économique qui s’opère dans la région.
S il y a une part de vérité dans ces propos, on ne pourrait nier, cependant, que le développement social a été, très longtemps, le dernier des soucis des différents responsables qui se sont succédé a la tête des destinées de localité.

Les Doukkala, une simple vache a traire

Il a fallu attendre jusqu a 1995 pour voir le gouverneur a cette époque, Ahmed Arafa, y songer en créant l’Association provinciale des oeuvres sociales (Tiens, tiens ! Où était- ce jour la le président ?), financée, en grande par les Collectivités locales et le secteur privé. On ne devait tolérer le grand écart entre le développement économique et la stagnation du social dans la province, avait-il expliqué. Depuis, un travail sérieux avait été accompli. Mais après, il semble que cette association avait été vidée de sa philosophie.
Pourquoi ne pas consacrer, dans le cadre de l’INDH, la totalité du budget de l’association, pour une durée limitée dans le temps, a la lutte contre l’analphabétisme, a l’Education non formelle et a la lutte contre les déperditions scolaires précoces, considérées par tous comme une des principales causes de l’analphabétisme ? La région enregistre, encore une fois, le taux le plus élevé des abondons scolaires précoces des enfants âgés entre 9-15 ans dans le pays avec 102,180 élèves. Soit un taux de 32,42%.
Les intervenants, lors de cette rencontre de consultation, ont tous, d’ailleurs, mentionné la gravité de cet autre fléau qui vide de leur efficacité tous les efforts de réforme déployés par le ministère de l’Education nationale. Les causes avancées sont nombreuses dont «l inconscience et le manque de responsabilité de certains enseignants». On ne pourrait exclure ce constat. Mais a-t-on soulevé les épineuses difficultés que vivent quotidiennement «ces soldats de l’ombre» ? A-on avancé des propositions pour améliorer leurs conditions de travail ? Le problème de leurs logements ? Les moyens de transport ? l’état des routes ? Et j en passe ! Il fallait y songer. Car la réussite d’une action, d’une réforme ne pourrait avoir lieu tant que le principal animateur souffre de mille maux !
Et c’est la qu intervient, a notre sens, le rôle incontournable des collectivités locales et des députés de la province ! Surtout que dans le milieu rural les problèmes sont aigus. d’ailleurs, on regrette amèrement l’absence criarde de ces institutions a cette rencontre-débat. Un oubli ou une négligence ?
Le président de l’association «Al Qods» n’a pas manqué de soulever le rôle prépondérant que doivent jouer, dans ce domaine, les communes, surtout dans le milieu rural. Il ira plus loin, dans son analyse, en se demandant qui serait tenu pour responsable en cas d’échec. En tout cas, pas les associations qui manquent de «moyens humain, financier et matériel» pour mener a bien cette opération de lutte contre l’analphabétisme. «Responsabiliser les collectivités locales en leur octroyant la quasi-totalité des subventions et la gestion effective des opérations qu arrête le secrétariat d’Etat» ? Idée judicieuse qui ne manquerait pas de garantir leur réussite du moment que le secrétariat d’Etat ne dispose pas de représentativité dépendant directement de sa juridiction.
Le gouverneur de la province supervisera les programmes d’action et coordonnera les actions entre, d’une part, le secrétariat d’Etat et les collectivités locales et entre, d’autre part, ces deux institutions et l’AREF de Doukkala-Abda.
Dr. Mohamed Maâzouz a lancé, dans son intervention, un solennel appel a toutes les parties de la société de la région pour adhérer a cette action noble afin d’éradiquer une catastrophe nationale qui porte préjudice a notre identité et au développement économique du pays. Pour y parvenir, les efforts devraient être conjugués et harmonisés a-t-il déclaré. De son côté, l’académie, a assuré le directeur, entamerait, en ce début du mois, une vaste campagne de sensibilisation, dans les provinces d’El Jadida et de Safi, en lançant deux caravanes mobiles, un moyen qui avait fait ses preuves au mois de Ramadan.
Des cellules de vigilance pour lutter contre le phénomène des déperditions scolaires précoces seraient généralisées dans tous les établissements scolaires de la Région. Enfin, il annoncé que l’AREF adopterait une autre méthodologie beaucoup plus efficace s’appuyant sur une politique de proximité. Les différentes composantes de la société et les différents partenaires ont été invités a y participer.
Le gouverneur de la province, bien auparavant, a considéré, tout en se félicitant de l’intérêt particulier que porte le gouvernement a la région de Doukkala et a ses soucis, qu un développement total ne pourrait se réaliser sans la qualification de l’être humain.
Et ce n’était pas sans raison que S.M le Roi considère la scolarisation comme la deuxième préoccupation après celle de l’intégrité territoriale. Une lutte inlassable contre l’analphabétisme, une amélioration du taux de scolarisation et surtout une lutte acharnée contre les déperditions scolaires sont les principaux défis a relever. A signaler qu un appel a été lancé au secteur public, dont surtout les industries de gros calibre installées dans la région, en vue de contribuer a ce patriotique devoir national.
Enfin, rappelons que le secrétaire d’Etat, Anis Birou, a tenu, dans la matinée, a l’académie une séance de travail avec le directeur de l’AREF et ses proches collaborateurs chargés de la lutte contre l’analphabétisme et de l’Education non formelle.

Azzeddine Hnyen
Al Bayane

Auteur/autrice