L environnement a El Jadida : A quand l’exploitation du nouveau site de la décharge?

De nos jours, le Maroc doit faire face a une augmentation vertigineuse et continue du volume des déchets qui est due non seulement a la croissance régulière du nombre d’habitants, mais aussi au changement des modes de production et de consommation. Cette situation a causé la multiplication anarchique de grandes décharges sauvages un peu partout dans les grandes villes du pays.

Actuellement, les déchets ménagers et assimilés générés par la ville d’ El Jadida font l’objet d’une collecte régulière par la SEGEDEMA «Agence d’El Jadida» filiale marocaine du groupe «Pizzorno environnement». Puisqu ils ne subissent aucun traitement, ils sont donc acheminés vers la décharge municipale sauvage. Ce mode de gestion reste jusqu a l’heure actuelle, le moyen le plus répandu sur le territoire national malgré l’émergence d’un nombre limité de décharges contrôlées.

Etant donné que la gestion de la décharge sort complètement du cadre du contrat qui définit clairement le périmètre de service de la SEGEDEMA, la municipalité de la ville d’El Jadida reste le seul et unique responsable de son état dégradant.

La décharge incontrôlée en question est située a environ 3km du centre de la ville et près de 350m de la route Ibn Radis où de nouveaux lotissements sont construits, ce qui veut dire qu elle se retrouve presque au centre de l’agglomération urbaine. Elle est localisée sur une colline en pente douce et comprend trois anciennes carrières profondes.
II va sans dire que son lieu n’a bénéficié depuis belle lurette d’aucun aménagement particulier pour cette vocation. II a été choisi aléatoirement sans aucune étude préalable d’impact sur l’environnement et encore moins d’une bonne estimation de l’évolution de l’allure du secteur de la construction urbaine. Pire, cet état catastrophique est en total non-conformité avec les lois nouvellement promulguées visant a préserver l’environnement contre toutes sources de pollution susceptibles de le détériorer. De surcroît, l’essor démographique industriel ainsi que le potentiel touristique de la ville ne devrait laisser aucune marge a l’erreur.

On peut résumer les principaux impacts néfastes de cet exutoire lamentable dans les points suivants :
– Dégagement des odeurs très nauséabondes qui dégradent la qualité de l’air et par conséquent entraînent le désagrément des habitants et particulièrement les riverains de la décharge ;
– Contamination des eaux souterraines par les lixiviats générées par les déchets entassés soit par le phénomène d’infiltration soit par le contact direct du jus des déchets avec la nappe phréatique suite a l’affleurement automatique de cette dernière au cours de la période pluviale principalement ;
– Lessivage des eaux pluviales des tas d’ordures encombrés pour s’infiltrer dans le sol jusqu a atteindre la nappe sous-jacente qui se trouve a des niveaux proches de la surface en cas de fortes pluies, ce qui renforce sa vulnérabilité ;
– Emissions de fumées asphyxiantes a cause du déclenchement spontané des incendies qui résultent principalement de l’accumulation du méthane qui est a son tour produit suite a des réactions chimiques complexes de fermentation ;
– l’auto-incinération des tas d’ordures en plein air provoque le dégagement de plusieurs gaz dont certains sont destructeurs de la couche d’ozone tels que le dioxyde d’azote et le dioxyde de carbone, tandis que d’autres sont nocifs pour la santé de l’homme comme le dioxyde de soufre et l’hydrogène sulfuré ;
– Le tri manuel et la récupération de matériaux recyclables par cette filière informelle se fait sans la moindre mesure de sécurité ce qui les expose a un grand risque de blessure ou de contamination par des virus au moindre contact avec un objet tranchant ou une piq»re infectée ;
– Le pâturage incongru des animaux qui peuvent attrapés facilement des virus ou des bactéries et les transmettre par la suite a l’homme ;
– Prolifération des moustiques et des mouches ainsi que des rongeurs qui constituent des vecteurs de multiples maladies.

De nombreuses études ont été effectuées dans ce cadre pour prouver que le site actuellement en exploitation n’est pas du tout approprié pour l’évacuation des ordures. Certaines ont conduit a la découverte d’autres sites plus adaptés, moins vulnérables a la pollution et très économiques en matière de frais de collecte. La validité de ces sites a été confirmée a maintes reprises par les experts de l’environnement. Malheureusement, cette approbation reste peu féconde dans la mesure où elle n’a pas abouti au changement effectif du site.

La date butoir prévue par certains responsables municipaux pour la fermeture de l’ancienne décharge et l’exploitation du nouveau site a été largement dépassée.

Aucun éclaircissement, ni aucune raison apparente qui pourraient rassurer les personnes qui défendent la bonne cause et désirent vivre dans un environnement sain n’ont été avancés.
De ce fait, les responsables communaux et régionaux sont appelés impérativement devant cet état alarmant a réagir et a prendre des décisions rapides et efficaces pour pallier a ce problème épineux. Toute tergiversation face a ce sujet risque d’aggraver davantage ce problème dont les retombées écologiques sont irréversibles.

II est certain, que la mise en exploitation future du nouveau site va éradiquer toutes sortes de nuisances. Et le plus tôt serait le mieux.

Par ailleurs, il faut signaler que les responsables doivent assumer pleinement leur part de responsabilité après l’inauguration du nouveau site, dans la mesure où l’ancien nécessite toujours une réhabilitation urgente.

Pour conclure, il est temps de veiller a intégrer en amont la composante environnementale dans de futurs projets a vocation économique et sociale sachant que celle-ci est le socle même de tout développement durable.

Auteur : Rafik Meniaoui
Etudiant de l’ISQE
(Institut supérieur de la qualité et de l’environnement – El Jadida)


Al bayane

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