Le 23 mars, une manifestation a rassemblé de nombreux travailleurs et militants syndicaux devant l’exploitation agricole La Clémentine, a Azemmour, dans la province marocaine d’El Jedida. Cette entreprise emploie un millier d’ouvriers, pour l’essentiel des jeunes femmes, a la production, au conditionnement et a l’exportation de fleurs coupées, notamment vers l’Europe de l’Ouest et le continent nord-américain.
La mobilisation avait pour but de protester publiquement contre le licenciement, il y a quelques mois, de 150ouvriers de l’entreprise qui avaient adhéré au syndicat.
Après avoir, fin 2004, commencé par licencier ceux qu elle considérait comme les trois premiers initiateurs du syndicat, la direction, soutenue par les autorités locales, s’en était prise aux travailleurs qui manifestaient contre cette violation du droit du travail et contre ses méthodes de patron de choc en général. Bien s»r, alors que celui qui méprisait ouvertement les lois était le patron, la police puis la justice n’avaient fait que le soutenir, et c’étaient les travailleurs de La Clémentine qui s’étaient retrouvés en prison.
Le propriétaire de La Clémentine est le groupe Delassus. Exploitant des milliers d’ouvriers sur des milliers d’hectares irrigués, il réalise 70% de l’exportation marocaine de fleurs coupées, ainsi qu une part importante de la production d’agrumes et d’avocats. Il possède plusieurs filiales en Europe. Et pendant que le groupe continue de faire grossir la fortune d’une des grandes familles de la bourgeoisie du pays, la famille Bennani Smirès (qu on retrouve dans la banque, l’industrie, la production agricole a grande échelle, etc.), les travailleurs de la région sont exploités dans des conditions moyenâgeuses. Sans aucun droit, sans aucune garantie, ils sont immédiatement privés de leur maigre salaire pour peu qu ils protestent. Tout cela avec la bénédiction des autorités et des potentats locaux, qui apparaissent tout dévoués aux intérêts du patron.
Ni ce mépris total des lois, ni la partialité brutale des autorités policières et judiciaires ne sont parvenus a faire taire les travailleurs de La Clémentine, au demeurant soutenus par les villageois de la région, venus nombreux lors de la manifestation et encouragés par les camionneurs circulant sur la route côtière voisine et qui klaxonnaient au passage.
En tout cas, face a une bourgeoisie arrogante et soutenue de fait par les capitalistes européens, les travailleurs de La Clémentine font preuve d’une belle détermination.
Viviane LAFONT
Bellaciao.org