La commune de Sidi Abed laissée a l’abandon

Douze ans après l’annonce d’un programme de réhabilitation, rien n’a été fait. Située dans une zone rurale sur la côte atlantique au sud-ouest de la province d’El Jadida, d’une superficie de 3.063 ha, dont 2.400 ha de terres agricoles utiles, cette commune est l’une des moins avantagées de la province.

Pourtant cette cité balnéaire nichée au bord de l’Atlantique entre Jorf Lasfar et Oualidia, a tout pour plaire : des dunes de sable doré dominant le village, lui donnant son cachet et forçant la curiosité, et puis sa plage sauvage d’une singularité sans pareille. Le village offre également toutes les commodités d’être un centre de vacances de standing avec toute la panoplie d’un tourisme riche et diversifié : chasse, pêche, tourisme écologique, randonnées pédestres et équestres, surf, plongée sous-marine, sites archéologiques. Sans oublier la proximité de la station balnéaire de Oualidia et d’autres plages sauvages (Al Harchane et Sidi Moussa). Ainsi, tout le monde était convaincu que la construction de quelques bungalows ne manquerait pas de donner une réelle dimension au potentiel déja existant de ce village.

Mais malheureusement, les réalisations n’ont pas vraiment réussi a apporter tout le «plus» attendu et a valoriser Sidi Abed, en tant que destination touristique, dont il fallait consolider les acquis et fidéliser la clientèle, pourtant assez nombreuse.

Pour certains, la construction des bungalows a certainement contribué a pénaliser d’une certaine manière Sidi Abed. d’ailleurs, si l’on se réfère aux analyses des observateurs, on peut dire que la question du pillage des sables, la construction des bungalows sur le domaine maritime et la pollution causée par certaines industries implantées a Jorf Lasfar ont constitué, sans aucun doute, un handicap majeur. Par conséquent, Sidi Abed est et restera une station balnéaire qui souffre le martyr.

Mais ce qui inquiète encore plus, c’est que cette commune commence a perdre progressivement ses différents atouts et tout ce qui faisait autrefois son charme et son originalité. Son milieu naturel, un des symboles de cette commune, est en train de rendre l’âme. d’autre part, on se rappelle que dans les années 1990, tout un programme de réhabilitation de ce site, avec des restaurants, et autres espaces publics de qualité avait été annoncé. Aujourd hui, cela fait déja plus de 12 ans et rien n’a été fait. Pis encore, selon nos sources, plus de 80% des constructions sont faites sans autorisation. Eu égard a l’urbanisation décousue la caractérisant, la commune ne peut subvenir aux besoins en infrastructures des citoyens dont le nombre s’élève, d’après le dernier recensement effectué en 2004, a quelque 20.854 habitants.

Quant au village de Sidi Abed, il a vu sa population se densifier sans qu un plan de développement consistant ne vienne en conséquence. A cet effet, les résidents, plus que désabusés, considèrent leur commune comme une institution «hors du temps». Et ils ont raison étant donné qu on voit
toujours le même schéma se reproduire: des résidences, toutes (ou presque) semblables, sans réelle qualité architecturale et qui “squattent” abusivement le domaine maritime. En somme, le problème de Sidi Abed, comme le soulève un responsable, qui a voulu garder l’anonymat, est avant tout un problème de réflexion.

La commune manque effectivement d’un vrai conseil communal qui puisse identifier et gérer les besoins réels de la région. Il est temps pour cette commune de se donner les moyens d’agir a la hauteur de ses ambitions.

Une situation alarmante

Située a 30 km environ au sud de la ville d’El Jadida, la commune de Sidi Abed est constituée de quatre machiakhas. La pêche occupe près de 80% des activités de la population de la commune, suivie de l’agriculture et de quelques activités artisanales, telles que la couture ou le tissage. Selon une analyse de la situation démographique et socio-anthropologique qui a été menée dans cette commune, 62,2% de la population ont moins de 25 ans, 63,4% sont analphabètes avec une proportion plus importante chez les femmes qui représente 84,2% et 44,5% chez les hommes, le taux de scolarisation des enfants de plus de 7 ans n’excède pas les 60%, avec 83% pour les garçons et a peine 36% pour les filles. Et enfin, le champ d’activité de la pêche prédomine avec 43,3% de la population active contre 33,4% pour l’agriculture, 5,3% pour l’artisanat et 18% pour le reste des activités (élevage, commerce, …).

Abdelmajid Nejdi
LE MATIN

Auteur/autrice