Sidi Abed, vous connaissez ?… Quelques maisons, deux ou trois épiceries, des petits restos locaux alignés sur la route qui mène a Oualidia, a une trentaine de kilomètres d’El Jadida, juste après Jorf LasfarPas de quoi s’arrêter. Pourtant ce week-end-ci, il y avait foule dans ce patelin.des marchands de tout et de rien, des vendeurs de bimbeloteries, de vêtements pour petits et grands, des vapeurs de keftas, des haut-parleurs a tous crins, etc.. et des chevaux partout ! Allons voir. Et la, nous découvrons une animation particulière. Sidi Abed célébrait son Moussem annuel, instauré il y a quatre ans.
Sans grande publicité, le bouche a oreille sans doute, quelques centaines et centaines de personnes avaient convergé vers cette petite bourgade presque anonyme pour un vrai spectacle : la fantasia. Et ce fut un vrai spectacle. Certes, il n’y avait pas des milliers de cavaliers et de visiteurs venus de tout le Maroc ni des centaines de forains, pas de fauconnerie non plus, dans la diversité de ses composantes associativesOn avait pu voir cela juste deux semaines avant, a Moulay Abdallah. Ici, c’était plus provincialOn y sentait partout une convivialité toute fraternelle, une atmosphère bon enfant qui, du vendredi au dimanche, égaya les visiteurs.
D ailleurs, en guise d’hippodrome, un terre-plein tassé au bulldozer, entre la rangée de villas du front de plage et la mer. Pas de gradins non plus comme dans un stade. Non, l’immense dune qui barre l’océan offrait aux spectateurs les coussins moelleux de son sable. Tous semblaient a l’aise, en famille, entre amis. Quelques jeunes gens offraient a qui en voulait des visières pour protéger du soleil, sponsorisées naturellement par une grande marque, mais cela pouvait être utile, et l’initiative était louable.
Et vers 16 h30, du vendredi au dimanche, la fantasia commençaitQuelques 220 cavaliers, formant 24 groupes, venus des treize communes de la province d’El Jadida, se donnaient a cœur joie. On applaudissait quand les coups de fusil étaient a l’unissonMais peu importait si quelques cavaliers s’étaient fait remarquer par un coup de feu parti une seconde trop tard.
Toutes les parades étaient bellesOn avait l’impression qu il n’y avait pas de rivalités entre les équipes mais au contraire une grande complicité, avec tout simplement l’envie toute saine de donner en spectacle leurs chevaux, caparaçonnés comme dans les grands jours de fêtes ; et les tout jeunes cavaliers et les toutes jeunes cavalières étaient encore plus applaudis, avec leurs beaux sourires
A la clôture, le gratin municipal était la, les cadeaux furent distribuésDes cadeaux tout modestes mais tout le monde était content car ce fut un vrai spectacle et la foule heureusele plus beau des cadeaux !
Mais Sidi Abed a tant d’autres charmes : un chapelet de petites plages où la mer n’a pas besoin de label tant elle est belle, des kilomètres de marche a faire sur un sable d’or, avec des anses si intimes qu on a l’impression d’avoir la mer a soi tout seul pour l’éternité !
La fête finie, l’été continuera demain, avec ses estivants venus d’outre-atlantique ou d’a-côté. Avec les amoureux des grands espaces et ceux qui fuient le trop plein des plages a la mode ! Et puis demain, les alguiers, qui avaient marqué une pause dans leur dure cueillette d’algues rouges,( pour cause de pleine lune et de fortes eaux ) et qui ont ainsi pu voir autre chose que les fonds marins, reprendront leurs barques et l’air du large.
Sidi Abed, le charme tranquille d’une ville doukkalie !
Michel Amengual
Eljadida.com