« Professeur de l’Université française, historienne des Amérindiens et des Etats-Unis, ayant dispensé son savoir de Paris a Vancouver, de New-York a Hanoï, Nelcya Delano a également traduit,entre autres, le roi Sihanouk ou le linguiste Chomsky, et publié une douzaine d’ouvrages dont les plus connus sont, du moins au Maroc, Poussières d’empires sur le destin pas banal de certains soldats marocains de l’Armée française en Indochine- et, surtout, La femme de Mazagan , très lu et vite épuisé dans le Royaume alaouite, ce pourquoi nous le rééditons aujourd hui dans la collection BAB » c’est en ces termes que J.P.Peroncel-Hugoz, Directeur de la collection BAB ( Bibliothèque Arabo-Berbère),chez EDDIF a Casablanca, présente l’auteur de cet ouvrage que l’on peut enfin se procurer et qui avait été édité chez Seghers, en 1989.
Lors du Festival d’Azemmour, en mai dernier, Nelcya Delano , invitée par les organisateurs de cette manifestation, avait alors dressé un portrait de cette « femme de Mazagan », Eugénie Delano, que l’on appelait si affectueusement dans les douars doukkalis, la toubiba. Ce livre raconte au travers du prisme de sa petite fille Nelcya, l’histoire d’une femme exceptionnelle qui fut la première doctoresse exerçant la médecine moderne dans l’Empire chérifien, a partir de 1913, a l’appel du maréchal Lyautey. Un destin extraordinaire qui lui valut l’impérial Ouissam alaouite, et une rue tout près de l’Hôpital Mohammed V a El Jadida porte encore son nom : une reconnaissance du peuple marocain a une femme qui ne mesura jamais sa peine et qui sauva des milliers de vies humaines. A sa mort, en 1951, elle a été inhumée en terre marocaine, au cimetière d’El Jadida, et son fils, lui aussi médecin, le Dr Guy Delano qui fut Président de « Conscience française », mouvement politique opposé a la colonisation française, repose a ses côtés.
Une histoire racontée par Nelcya, où les vies de l’aïeule et de sa petite fille s’entremêlent, au point qu on ne sait plus qui, de la grand mère ou de la jeune femme est l’héroïne du livre ou qui est l’une et qui est l’autreavec une écriture qui fait honneur a la littérature française.
Et cet honneur revient aussi a J.P.Peroncel-Hugoz, qui fut grand reporter au Monde et Directeur de collection aux Editions Balland, a Paris et qui a, avec ténacité, surmonté toutes les difficultés pour cette réédition, dans la collection BAB réputée pour être une porte largement ouverte sur des textes oubliés, inconnus ou inédits de l’Islam, du Maghreb et du Proche-Orient, de l’aire arabo-berbère, et du Maroc d’hier et d’aujourd hui.
« La femme de Mazagan, ou les salines de la mémoire »
Editions EDDIF ( Casablanca), Bibliothèque Arabo-berbère
Par Nelcya Delano
(Prix de l’ouvrage : 85dh, 18 )
Michel Amengual
Eljadida.com