La femme du Pacha

Le vendredi soir 10 mars 2006 a eu lieu au Théâtre Municipal d’EL JADIDA l’une des rares représentations théâtrales que connaît le désert culturel jdidi.

Cette création est la trouvaille de Hamid BASKET, un jeune metteur en scène qui nous présente la une histoire qui défie le temps, tellement elle est réelle Cette pièce raconte la triste destinée de JAMILA “MRATE AL BACHA”, l’épouse du Pacha, merveilleusement joué par SAIDA BAADDI, aussi belle que gracieuse, qui passe son temps libre a courtiser le “KHAMMASS”, l’homme de main de son dictateur de mari, le mokhazni de service, en somme le pauvre de l’histoire. Ce dernier n’a d’yeux que pour ZINEB, sa compagne dans la misérable chambrette qu ils occupent et qui constitue le décor général de la scène, un lieu où se mêlent vieux meubles, accessoires de cuisine, une vieille machine a coudre, une table moyenâgeuse et des bottes magnifiques, symbole du pouvoir du Pacha, chus la par hasard et marquant la presence-absence du maître de la maison.

Les dialogues sont truffés de métaphores qui réveillent le spectateur sur une réalité pérenne et tellement criante : la réalité du pouvoir de l’homme du Makhzen qui sévit tout au long de cette soirée

Qui de nous tous n’a pas été victime un jour d’un geste, d’un regard, d’une insulte assassine ou de l’injustice de la part de ce Pacha qui délaisse sa femme au point que celle-ci n’a d’yeux que pour les pauvres, les anéantis qui habitent sous le toit de DAR AL BACHA. Les quelques chants et strophes musicales nous ont transporté dans l’univers merveilleux de la chanson populaire, passages qui en disent long sur les folles nuits des hommes du pouvoir quand on surprend le déhanchement des « Chikhates », le vin qui coule a flots et/où règne la loi de la magnifique débauche et ses corollaires dans l’imaginaire du sujet marocain.

Il est important de saluer le courage du réalisateur de la pièce qui s’attaque a un sujet sensible avec un humour tranchant, une intelligence perceptible dans les égarements langagiers du Mokhazni et une audace mesurée qui raisonne encore dans la tête des 200 spectateurs qui ont bravé un temps “souslaâbanesque” pour se rendre au Théâtre Municipal d’EL JADIDA, l’un des derniers bastions de l’éternelle MAZAGAN.

Ait Hnitchhs Tarik

Auteur/autrice