La pièce «Bouâzizi» ou «L homme sous le soleil» de la Compagnie de théâtre Labrija Ibdaâe a été présentée mercredi dernier a la salle de conférence de l’ENCG a El Jadida. Après une gestation de 12 mois, la comédie truculente, réécrite par feu Mohamed Saïd Afifi, a vu le jour dans une petite salle sur la route de Sidi Bouzid. «Une avant-première, c’est brut, fragile. On est un peu a nu Il faut l’accepter. l’avant-première, c’est toujours un enthousiasme fragile», confie le metteur en scène de la pièce, Saïd Khajjou.
Inspiré du répertoire de feu Mohamed Saïd Afifi, le spectacle s’ouvre sur le personnage d’une vieille femme, campagnarde a la triste figure, qui annonce ce dont il sera question, amour, trahison, désespoir et enchantement. Elle sort de la scène, matérialisée par une modeste maison, pour faire place au récit enchâssé, l’histoire de Bouâzizi, sa vie mystérieuse et son amour pour Habiba. Les enchantements du récit sont relayés par la magie du théâtre, pourtant dévoilée, nue, sans fards. Le spectacle est un récit a part entière dans lequel s’inscrit celui de Bouâzizi. Et bien que la troupe ait eu peu de moyens, le talent et la magie opèrent mieux. «c’est épique, théâtralisé, mais ça n’empêche pas les accents de vérité. Ce qui me plaît, c’est la façon dont on raconte la douleur au théâtre aujourd hui», déclare l’acteur principal, Mohammed Rabbani. Cette magie n’a été possible que grâce a la simplicité des moyens, propice a l’ingéniosité. «La magie peut opérer même avec peu de moyens. Car, en fait, le comédien, c’est l’instrument essentiel», souligne Saïd Khajjou.
Adaptée d’après la pièce de théâtre «le Système Fabrizzi» d’Albert Husson, et réécrite par feu Mohamed Saïd Afifi, qui l’a intitulée «Bouâzizi» ou «L homme sous le soleil», la pièce est une explication amusante et originale d’un miracle bien connu : la multiplication des «dons». Antonio Fabrizzi (Bouâzizi) est un bienfaiteur de l’humanité. Il assure des taux extravagants a ceux qui lui confient de l’argent, car il ne compte pas. Il emprunte et prête a qui en a besoin, mais il emprunte a 30% et prête a trois ! Il passe beaucoup de monde et beaucoup d’argent chez Bouâzizi. Ce qui lui vaut une énorme clientèle. Comme il ne délivre ni n’accepte de reçu, tout le monde y trouve son compte, sauf la banque locale qui demande une enquête tel point que les autorités s’y intéressent et même la brigade financière. Et puis un jour, une jeune femme arrive… Mais alors que Bouâzizi risque gros, la providence intervient ! Que va devenir le «système Bouâzizi» ? Voici enfin une pièce réellement amusante et divertissante, burlesque et sans artifices, loin de toute vulgarité et douée de la magie d’un vrai théâtre. Une pièce agréable a écouter et a regarder. Un grand bravo aux comédiens Ahmed Tamim, Jaouad Lamani, Mohammed Zaila, Abdessadek bada, Rachid Nahidi, Noureddine Chahbi et surtout a Khadija Nekkatte, Mohammed Rabbani et Saïd Khajjou.
Car, grâce a eux, la pièce est vraiment un conte charmant qui fera peut-être sourire ceux qui confondent pesanteur et profondeur. Alors, ne cherchez pas a El Jadida si vous voulez passer un bon moment, voir une comédie avec beaucoup de finesse, d’ingéniosité et de gaîté. Rendez-vous pour assister au prochain spectacle de «L homme sous le soleil», après la réouverture du théâtre d’El Jadida.
La Compagnie Labrija Ibdaâe
Dédiée a Mohamed Saïd Afifi, la Compagnie Labrija Ibdaâe d’El Jadida a été constituée il y a presqu un an. Elle permet aux habitants de la province de rester en contact avec leur culture d’origine, tout en suivant l’évolution des arts dans le pays, en particulier, et dans le monde, en général.
Selon son président, Haj Abdelhakim Ben Sina, la Compagnie Labrija Ibdaâe ambitionne de mettre en avant la culture doukkalie et marocaine, dans une société mondiale, multiculturelle et multiethnique. Cette nouvelle compagnie, qui réunit 57 anciens comédiens et acteurs, démontre le besoin et l’envie de se regrouper pour animer la province d’El Jadida. Elle a pour but de «promouvoir le théâtre par la production et l’organisation de spectacles vivants et par la mise en place d’ateliers de pratique théâtrale». Des répétitions publiques auront lieu ainsi que des rencontres avec les comédiens, mise en place d’activités théâtrales dans des écoles ou des établissements socioculturels, utilisation de l’expression théâtrale pour des actions de formation, de prévention, d’insertion…
Abdelmajid Nejdi
Le Matin