Trente années de relevés météorologiques enregistrés au niveau de la station météorologique d’El Jadida, risquent d’être faussés, suite a l’implantation toute récente d’un gigantesque parking, réservé aux poids lourds, niveleuses et autres engins chargés de sables, gravats et différents matériaux de construction, dans l’enceinte même de l’aérodrome et a quelques mètres seulement du parc qui abrite les instruments de mesures météorologiques dont notamment la station automatique régie par satellite.
Cette décision qualifiée d’irréfléchie par le personnel météorologique d’El Jadida est d’autant plus grave, qu elle pourrait occasionner une lourde perte pour la science de la météorologie, puisque les données cumulées durant les trente années d’existence de cette station d’observation représentent une “normale” nationale, tout en constituant une précieuse référence, indispensable a toutes les prévisions et études nécessitant une base de données météorologiques fiables.
“Jusqu a présent, on ne sait pas encore qui sont les artisans de cette “bévue”, qui se sont permis le droit d’autoriser la création d’un tel souk qui empiète sur le domaine public et qui ne prend nullement en compte les conséquences qu il risque d’occasionner. Ce qui s»r jusqu a présent, c’est qu on a été surpris par une invasion de toutes sortes d’engins, sur fond de nuages de poussières et bruits assourdissants, et ces nuisances sont déconseillées a proximité du parc a instrument, qui renferme du matériel sensible”, nous ont déclaré les responsables de la météorologie locale.
D après les mêmes sources, il aura suffi de trois jours après la création de ce drôle de parking, pour qu une partie de la clôture qui protège la station soit saccagée, par des ouvriers en quête de raccourcis. Qu en sera-t-il alors dans quelque temps, lorsque tous les petits commerces qui gravitent autour de tels rassemblements, vont prendre pied a leur tour.
Il faut aussi signaler ce que genre d’activité entraîne souvent dans son sillage des sentiments d’insécurité, d’où les craintes du personnel féminin, qui doit, dans le cadre de son travail, assurer périodiquement une relève a partir de cinq heures du matin, jusqu a vingt et une heures, d’autant plus que la station est appelée a prendre une dimension plus importante par l’intégration d’un nouveau service destiné au radiosondage.
Au niveau de la direction de l’Equipement, c’est la même incompréhension. Les responsables de ce département n’ont même pas été consultés, et encore moins avisés de la création de cette aire de stationnement dans un espace qui relève jusqu a présent du domaine du ministère du Transport et des bases aériennes. “En attendant de voir plus clair dans cette affaire, nous avons saisi les autorités provinciales, ainsi que le ministère du Transport et la direction des bases aériennes”, nous a confirmé Gharbi Abdelilah, directeur provincial de l’Equipement, qui estime que ce qui se passe aujourd hui au niveau de l’aérodrome est une infraction grave.
A signaler que ce grand souk qui regroupe tous les engins et matériaux de construction, et qui est devenu très florissant, suite a la frénésie urbanistique que connaît la ville, avait auparavant élu domicile sur un terrain privé, moyennant payement pour stationnement. Une fois que le terrain en question a été cédé a des investisseurs qui l’ont transformé en supermarché, toute l’armada de camions et leur chargement ont émigré vers un nouveau chantier près du quartier Saâda, et la, ce sont les habitants limitrophes qui se sont insurgés contre les dérangements occasionnés par ce regroupement d’engins grondant de nuit comme de jour, et source de nuisances et d’insécurité.
La question qui reste posée et qui ne cesse d’intriguer, c’est de savoir par quelle décision et suite a quels compromis, on a autorisé tous ces commerçants a squatter l’espace public sans la moindre gêne pour une administration censée gérer des données de grande importance scientifique.
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