Elle a plus de quarante balais*.
Jeune, elle a perdu son panais*.
Chaque fois qu elle secoue sa taie,
Elle remue le couteau dans la plaie,
Largement ouverte comme une baie.
Seule dans la nuit, elle pleure et se tait,
La langue accrochée au palais.
Stoïque, elle se demande : « Qu ai-je fait ?
Suis-je hantée ? Suis-je la raie du marais ?
Suis-je une âme damnée ? Qu ai-je fait ?».
Pourtant, son corps n’exhibe point l’imparfait !
Bien que de son sein sort toujours du lait
Et de beauté, elle garde le grain, les traits,
Elle cherche en vain un autre relais* !
Hélas ! La vie n’accorde pas de délai !
Même si les autres le trouvent abstrait,
La poétesse n’oublie jamais son lai*.
Ne souhaitant pas être mise a quai,
Elle fait tout ce qui lui plaît
Avant de tirer pour la fin un trait.
La quintessence de l’amour pour son lai
N a d’égal que le must du chocolat au lait
Ou de ce qu elle éprouvait pour de vrai
En compagnie de son regretté panais,
Au milieu de la lyrique palmeraie.
Même si son histoire est loin d’être gaie
La poétesse, noblesse oblige, se fraie
Des chemins et repousse tout type de haie.
La noblesse l’ayant nourri au bon lait,
Avec liesse, elle ne fait que ce qui plaît.
Moussa Ettalibi, Dr Sci., Rabat le 01-01-2010
Glossaire: 1/ Balais, au sens figuré, années. 2/ Lai, nom masculin. Nom de deux genres poétiques du Moyen ge, l’un narratif, l’autre lyrique (selon le Larousse). 3/ Panais, au sens figuré, mari. 4/ Relais, au sens figuré, intermédiaire ou compagnon remplaçant
Moussa Ettalibi, Dr Sci.
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