Salah, savait, a l’intérieur de lui, qu il devait se surpasser pour aider son ami a gagner les faveurs de Nadia. Il le lui devait pour les années qui les avaient unis, pour la fraternité sont ils avaient scellé le pacte depuis le jour où ils se sont rencontrés. Ce qui le motivait pour cette « mission » était bien plus que son métier de faiseur d’amour, car le client n’était pas des moindres d’abord, et aussi parce qu il n’avait pas le sentiment, cette fois, de travailler. Cela l’effrayait, de penser que son rôle prenait d’autres sens que la simple lettre qu il irait écrire a une fille, pour adoucir son cœur, lui qui avait avant, attendri des crocodiles comme Safaa, la mégère, avec des paroles qui lui firent fendre le battant d’amour pour Thami, le fils du boulanger. Il était fier, de les regarder ensemble, rentrer chaque été de Strasbourg, a bord de leur infatigable Peugeot 605.
En marchant avec son ami, il ne pensait pas plus a ce qu il allait faire, qu a ce que cette relation signifiait a ce dernier. Il s’arrangea pour dévier la discussion sur le prochain match des lions de l’atlas contre la Belgique qui avait lieu l’après-midi même, et la nécessité de réserver leurs places au café, pour ne pas devoir regarder la rencontre seuls chez eux. Parler de football a un amoureux, n’est pas si vain que cela, puisque l’idée fit mouche plus fort encore que ne pensait Salah. Ahmed, se prit d’une énergie subite, et décida qu il allait prendre en charge les frais du café, et même qu il ramènerait les drapeaux que son père garde au garage et qui ne servent a rien depuis le 3 mars.
c’est fou ce que les hommes sont capables de faire pour l’amour du ballon rond, plus encore quand c’est l’équipe nationale qui joueLa coupe du monde. Ils sont capables de dépasser leurs peines, oublier leurs rendez-vous, leurs femmes et leurs enfantsIls peuvent ne pas manger, ne pas boire, pourvu qu ils ne ratent pas le match et que le Maroc gagne, comme en 1986, où lorsque cette nuit, les lions de l’atlas ont terrassé le Portugal pour être la première équipe, africaine et arabe, a accéder au second tour du mondial. Cette nuit la, le Maroc a vibré ! Le Maroc de Hassan 2, le Maroc de Tanger a Lagouira, le Maroc de Mostapha Alaoui, le Maroc de Mehdi Faria
Salah, profita de l’excitation de son ami, pour prétexter une course qu il devait faire pour sa maman, et se retira vers chez lui, où il s’empressa de regagner sa chambre, enfin la chambre qui lui servait de cagibi le soir, quand la table a manger, est redressée contre le mur, que sa grand-mère se retire pour se coucher dans le m rah et que sa maman s’enfermât avec son petit frère dans la seule chambre a coucher de la maison. Il ouvrit un tiroir du vieux meuble qui leur servait de placard mais aussi de meuble télé, et sortit un classeur particulier. c’était sa caverne d’Ali Baba, son petit trésor a lui. s’y trouvaient de vieilles photos de son père, tous ses bulletins scolaires, des coupures de journaux qui portaient ses contributions anonymes a l’ODJ, ses rêveries transcrites en histoireset la fameuse lettre qu il avait écrite a celle qu il aimerait.
Il resta assez longtemps, la, a lire sa lettre une dernière fois, a essayer d’en apprendre les tournures par cœur, avant de s’en séparer pour une cause a laquelle il était prêt a sacrifier tout ce qu il avait, dusse-t-il faire le nègre de ses sentiments les plus vrais, les plus purs. Il savait très bien que son geste n’était pas vain pour l’amour de son ami, mais pour la première fois de sa vie, il sentait une amertume a faire ce qu il faisait. Il écrivait des mots d’amour, qui n’étaient pas les siens dès lors qu il n’avait de légitime que le verbe dont il maitrisait les moulures. Il avait promis son cœur une joie pareille a celle qu il voyait dans les yeux de ceux qui se réjouissaient a la vue de leurs aimées, mais voila qu il en venait a croire, qu il sera a tout jamais, qu un faiseur d’amour pour les autres. Lui, devrait attendre une autre heureIl aimait Nadia, mais jusque la, il n’avait jamais avoué cette passion, pas même a lui-même
Riad Essbai
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