L un des symboles de la culture urbaine, le graffiti est un art. Un art qui a ses règles. Mais un graffiti laid et mal placé, comme on le voit aujourd hui partout a El Jadida, est un intrus indésirable qui harcèle notre vue et nuit au bon go»t.
Dans les temps anciens, les utilisateurs de graffitis utilisaient des pierres ou un instrument en métal pour graver les rochers et les murs car ils n’avaient pas d’autres moyens. En plus de cela, ils utilisaient des peintures également composées de plantes pour embellir les dessins. Grâce a la technologie, on utilise actuellement des matériels plus performants. Ce sont souvent des bombes aérosols ou des peintures , des craies et des markers . On fait des scribes sur des murs ou des supports dans des lieux où les passants peuvent voir distinctivement les messages. Les thèmes sont principalement des textes normaux avec un vocabulaire spécial ou original, des slogans ou tout simplement des pseudonymes.
Ainsi, les souillures qui apparaissent sur les murs et qui sont une juxtaposition de mots reproduits maladroitement par des mains furtives, désordonnées et souvent craintives, sont une panoplie de graffitis qui traduisent, on ne peut mieux, une réaction cathartique , une provocation de jeunes, un marquage de territoire, une complainte, etc. évidemment, les thèmes diffèrent d’une frange de jeunes a une autre: ce sont des cœurs percés d’une flèche, des prénoms de tous les amours, des clubs de football et de leurs stars, des mots et expressions presque violents …
Alkhadma finahiya, hyati daâte, la lil mahsoubia wa zabounia, chkoune yasmaâe klami?, etc. Rares sont les graffitis sur les murs qui soient bien écrits, sans fautes, et traduisant la maturité et l’assurance de son transcripteur.
Aujourd hui, l’école devient impuissante a remettre de l’ordre aux dégâts de la rue. Nos enfants ne parlent plus a leurs professeurs, a leurs parents de dessins animés, de jeux éducatifs, de compétitions culturelles… Ils parlent de politique, du favoritisme, de droits, de l’indifférence, de l’injustice… eux seuls, leurs graffitis, leurs imitations, leurs escapades sont une plainte, une grogne, un gémissement. Ils sont l’estampille et la mission de rouspétance des enfants auxquels les adultes ont, sans vergogne, subtilisé le rêve et le franc-rire .
Les graffitis servent donc de transmission de messages que les jeunes envoient a leurs amis ou aux politiciens ou a leurs sportifs favoris. c’est également un des moyens pour exprimer des idées. Et la plupart du temps, c’est comme une sorte d’appels ou de transmissions de messages importants a un destinataire bien défini. Ces derniers temps, dans presque tous les quartiers d’El Jadida, les bombes de peintures (peintures en aérosol) et les marqueurs font un désastre, salissent la ville et gâchent le paysage.
Ce n’est même pas du graffiti, c’est des écritures, laides, sales, anarchiques et c’est le cas de le dire… En conséquence, des murs, des monuments historiques, des portes, des poteaux Tout est sali par une bande d’irresponsables au mauvais go»ts. Pis encore, des vandales ont peint des graffitis sur les murs extérieurs et le porche de l’église de l’assomption au sein de la cité portugaise ainsi que sur les murs du cimetière musulman du Plateau. c’est vrai qu il y a des graffitis qui sont vraiment magnifiques et bien faits. Cependant, les graffitis insultants ou discriminatoires dans des endroits où les propriétaires ne les veulent, c’est vraiment du vandalisme et non de la “décoration de rues”. Mais pour qui se prennent les auteurs de ces actes ? Pour des graffiteurs ? Ils sont très loin de l’être… En plus, ce qui paraît le plus regrettable face au phénomène du graffiti, c’est l’attitude laxiste: laisser faire sans réagir et ne pas sanctionner. Lorsqu on a souillé une table d’écolier sans avoir même l’obligation du nettoyage, c’est la transgression d’un interdit sans conséquences… c’est ainsi que s’installe le manque de repères constaté chez une partie de la jeunesse et que progresse la petite délinquance.
Ces actes de vandalisme doivent être stoppés
Bombages, cible d’une polémique
Depuis leur apparition a New York a la fin des années 1960, les bombages sont la cible d’une sacrée polémique. Certains les qualifient de plaie urbaine , de gribouillis incohérents, d’actes de barbarie sur des propriétés privées. d’autres, en revanche, perçoivent dans ce mode d’expression un art a part entière. Pour ces derniers, les graffitis ont un rôle a jouer dans les cités. Ils estiment, d’ailleurs, que seule une ville dont les murs se parent de mille et un atours est réellement vivante.
Le Matin