S il est vrai que la ville d’El Jadida s’est délestée de nombres de ses douloureux appendices, tout en affichant bonne mine au cours de ces dernières années, il n’en demeure pas moins que certains points noirs, qui ont tendance a s’éterniser, faussent toujours cette note d’optimisme, au risque de miner tous les efforts entrepris en matière de mise a niveau de la ville, de la réhabilitation de sa place centrale, sa corniche et ses principaux boulevards.
Aujourd hui encore, a quelques mètres de la place El Hansali et a l’abri d’un pâté de vieilles constructions se terre toujours le plus insolite des chantiers, dont les troublants épisodes durent depuis 15 ans, sans que quiconque ose lui déterminer un dessein et encore moins lui tracer une issue honorable, en mesure de soulager le calvaire des riverains. Un projet municipal, mort-né depuis son lancement en 1990, et qui devait promettre aux citoyens d’El Jadida, autre chose qu un lieu de macabres spectacles, de dangers permanents et de nuisances perpétuelles.
Cet exemple convaincant de la défection communale en matière de gestion des affaires de la ville et qui a fait couler beaucoup d’encre tout en suscitant de multiples élans revendicatifs de la part des habitants limitrophes, représente la plus apparente des laideurs qui ternissent cette image de marque de la ville d’El Jadida, que d’aucuns s’évertuent a en formuler le désir.
Au départ, ce projet inscrit sous le nom de galerie Al Kalâa, devrait abriter une surface commerciale de trois étages , composée de 166 magasins, deux cafés et huit bureaux, en plus d’un vaste parking en sous-sol. Sa réalisation était prévue dans le cadre d’un partenariat entre une banque de la place, dont la participation devait être de 24.000.000 DH, remboursables en 4 ans, et la municipalité qui devait engager 10.000.000 DH. Le montant global du projet, en tenant compte des études techniques, étant de l’ordre de près de 50.000.000 DH.
En date du 30 avril 1992, l’entreprise qui s’était adjugé le marché, avait entamé ses travaux, après que la banque a débloqué une première tranche du crédit d’un montant de 4.000.000 DH, suivie par trois autres versements pour atteindre le seuil de 50% du crédit total.
Et c’est a ce stade-la que tout s’est écroulé, alors que les évènements se précipitent dans un brouillard absolu. Les tirs croisés entre les différents partenaires n’ont pas été pour arranger les choses. l’entreprise qui s’est confrontée aux difficultés résultant de la proximité de la nappe phréatique a arrêté les travaux sous prétexte de l’absence d’études géotechniques, la municipalité renvoie la balle a l’architecte maître d’ouvrage, qui se défend en faisant référence aux livres de chantier. Quant a la banque elle a préféré arrêter les frais Ainsi donc naquit cette “chose” révoltante, plus connue depuis sous le nom de “marécage d’Al Kalâa”, et dont les éternelles victimes sont les citoyens d’El Jadida et plus particulièrement les habitants du quartier Al kalâa. Ces derniers doivent garder portes et fenêtres fermées sous l’invasion des moustiques, les fondations de leurs habitations sont dangereusement affectées, et les nombreux puits de ce quartier populaire ont été condamnés, suite a des intoxications collectives
c’est en septembre 97 que ce monstre mouvant a eu son premier sacrifice humain, lorsqu un jeune homme a été retrouvé mort par noyade dans les eaux putrides du marécage d’El Jadida. Cette scène macabre qui a indigné toute la ville, sans que cela fasse bouger ses responsables, a failli être suivie par bien d’autres, si ce n’était l’intervention des volontaires du quartier qui ont sauvé d’unemort certaine plusieurs garçons et des vieillards, ayant été pris au même piège.
De nos jours et après 15 ans de revendications citoyennes infructueuses, El Jadida a appris a vivre avec son mal. l’usure du temps a fini par avoir raison des volontés les plus accrochées. Le marécage d’Al Kalâa fait désormais partie du paysage grotesque du centre-ville. Les seules interventions entreprises par les responsables pour mettre un terme a cette grande calamité, se limitent a la construction d’un petit muret de clôture pour isoler l’abcès, en plus des quelques actions sporadiques de pompage qui ne durent que le temps des promesses de circonstance.
Aujourd hui encore, cette même volonté de promettre reprend le dessus, puisque plusieurs sources concordantes affirment que la commune urbaine a finalement décidé de se débarrasser de ce fardeau, autour duquel se sont fracassées auparavant, nombre de décisions similaires, en le cédant a des tiers. Un appel d’offres avec visite des lieux aurait été lancé, suite aux recommandations d’une précédente session communale. l’ouverture des plis serait prévue dans les prochains jours, et il ne reste plus qu a formuler le voeu que cette opération sera la dernière la bonne.
Ahmed Chahid
Libration