Le projet de transfert de la gare routière lancé depuis 1989, tarde toujours a se concrétiser. A l’époque, la société qui gère la gare avait procédé a l’acquisition d’un terrain de 4 ha. Et ce, au niveau de l’avenue Jabrane Khalil Jabrane près de l’université Chouaïb Doukkali. Mais, près de 20 années plus tard, le site initialement étudié pour le projet est aujourd hui déclaré inadapté.
L’actuelle gare routière, sise boulevard Mohammed V, s’étend sur 5.570 m2.
Ces terrains qui sont situés dans le centre-ville suscitent actuellement de grandes convoitises. La gare reçoit entre 70 a 80 autocars avec près de 2.000 voyageurs par jour. Ce chiffre se multiplie par deux durant la saison estivale.
La gare est gérée par une société anonyme avec comme actionnaire, entre autres, la municipalité d’El Jadida qui en détient 48% des parts. La SNTL (Société nationale de transport et de logistique) ex-ONT est présente dans le tour de table avec 28% et des transporteurs avec 24%.
Pour la gestion, 9 membres composant un conseil d’administration sont désignés par les partenaires. Selon le prorata, la municipalité désigne 4 membres, la SNTL 3 et 2 représentent les transporteurs. Le président, un des administrateurs, est élu par le conseil d’administration de la société. La municipalité qui est majoritaire offre des emplois a la gare routière au gré des élections. Récemment encore, un élu du conseil municipal au chômage a été recruté. Actuellement, une trentaine d’employés, dont nombreux sont sans fonction réelle, relèvent de la société.
Celle-ci croulait sous les dettes. Une partie des terrains, acquis pour le projet de la nouvelle gare, d’une superficie de 9.890 m2, a été vendue pour 4,5 millions de DH. Ce qui a permis d’éponger les arriérés et d’obtenir la mainlevée auprès des services des impôts. La situation de la gare routière est ainsi devenue assainie. Et de déficitaire, elle est devenue bénéficiaire depuis 2006.
c’est Mohamed Meniar, un transporteur, qui a présidé la société de 2001 jusqu a fin 2008. La municipalité a pesé de tout son poids pour en élire un nouveau. Un conseil d’administration très restreint s’est tenu en l’absence des membres de la SNTL et des transporteurs. Ces derniers s’étaient retirés pour exprimer leur désapprobation. Ce qui a permis aux 4 membres de la municipalité, les seuls restants, de mettre en place, en tant que président, Mustapha Abatourab, un membre du conseil municipal.
La SNTL avait proposé l’acquisition des autres parts de la société avec comme objectif un projet d’une gare très moderne et selon les normes requises dans le domaine. Les membres de la municipalité s’étaient évidemment opposés au projet. Les convoitises pour l’appropriation des terrains de l’actuelle gare sont trop grandes, est-il expliqué. De plus, les transactions des valeurs immobilières de la municipalité promettent d’être juteuses. Récemment encore, la cession de villas et de maisons a des prix sans rapport avec les prix réels du marché a bénéficié a des particuliers «bien introduits», est-il relaté. Pour rappel, la SNTL a actuellement pris en main les gares de Kénitra et de Fès avec beaucoup de réussite. Si le concept est généralisé, il permettrait l’organisation du transport routier sur l’ensemble du Maroc, indique un professionnel du secteur.
Les terrains acquis par la société pour le projet de gare routière suscitent également la convoitise. La superficie restante des 4 ha est actuellement idéalement située près de l’hôpital provincial en construction.
Pour la nouvelle gare, l’on parle désormais d’un nouvel endroit près de la station ferroviaire au quartier Essalam. Le site se trouve excentré, loin du centre-ville. Une grande aubaine pour les petits taxis. Mais le projet de construction de la nouvelle gare n’est pas encore mis sur les rails.
En attendant, les engorgements de l’actuelle gare routière perturbent la circulation du centre-ville. Les grands taxis ont envahi les différents espaces aux alentours. Et les déplacements anarchiques des petits taxis rendent parfois la situation inextricable, surtout durant la saison estivale.
Mohamed RAMDANI
L’Economiste