Le romancier Mohamed NEDALI au café litteraire d’El Jadida

Je revois Mohamed NEDALI pour la deuxième fois a El Jadida.

En mai 2007, invité avec deux grandes pointures de la jeune génération d’écrivains marocains de langue française, Souad BAHECHAR et Fouad LAROUI, ils étaient venus nous parler de « la fabrique du texte », a la Fac d’El Jadida (voir article du 05/06/2007 sur www.eljadida.com).

Ce jeudi 13 janvier 2011, dans la salle du café ALI BABA, il y a comme un malaise dans l’atmosphère, une ambiance de rapt culturel. Et pour cause, les amis du Café littéraire ne sont plus la, par un pur hasard ou par la faute d’un stratagème éliminateur.

Nonobstant cet intermède obligé, la présence d’un écrivain de la stature de Mohammed NEDALI constitue en elle-même l’événement. Il était la, égal a lui-même, laissant toujours une place au verbe acerbe et concis, le mot qu il faut a l’instant qu il faut.

Du fond de la salle du café, comme sur la photo de son denier livre « la maison de Cicine » paru aux éditions Le Fennec, il vous lance ce regard azuré, sans ambages ni ambiguïté, les yeux fixés sur votre regard, comme pour narguer les plus critiques d’entre les descendeurs, classe et musicalité dans le verbe, armé d’un style soigné et méthodique.

Avec ses quarte publications, l’écrivain d’origine amazighe s’est vite fait un nom parmi le gotha des romanciers de la place.

Mais quand l’auteur de « Morceaux de choix » s’adresse a l’assistance clairsemée, ses paroles sont truffées de références liées aux chefs d’œuvres de la littérature mondiale.

c’est que l’homme a énormément lu, en dehors de sa formation de professeur de français au CPR, métier qu il exerce encore a ce jour au Lycée de TAHANNAOUT, son village natal au sud de Marrakech.

Au café littéraire de ce soir, a côté de l’animateur local Mohamed AIT RAMI, il débute par le commencement : « La problématique de la langue est incontournable.. ».

Le français, sa langue d’écriture, il s’essaie a la dompter, traduire, toujours traduire, sa culture amazigh, les expressions et les mots, mais aussi la réalité de tous les jours, si bien que certains critiques littéraires ont vite fait de le ranger parmi les romanciers « réalistes » ou « naturalistes », ceux qui décrivent et racontant le Maroc profond, celui de nos quartiers, nos villes, et celui de la campagne lointaine .

En parlant de son premier livre : « Morceaux de choix », NEDALI reconnait l’existence de bribes autobiographiques, témoignant d’un déja vécu. A ce titre, l’ambiance de la boucherie, des abattoirs de Marrakech, étaient le lot d’un quotidien passé, quand le jeune homme qu il etait, habitait chez un oncle « boucher », avant de poursuivre le chemin tortueux de l’apprentissage du métier d’enseignant.

Ensuite, la discussion vira au deuxième roman « grâce a Jean de la Fontaine », ce qui nous valut cette déclaration spontanée de notre invité :
– Beaucoup d’enseignants se sont retrouvés dans ce que j ai écrit, ça m a fait plaisir ! l’histoire raconte les péripéties d’un jeune professeur de langue française, nouvellement affecté dans le village de TINGHIR.
Le ton oscille entre le récit autobiographique et la fidele description de la vie ordinaire d’un collège du sud du Royaume.

– Face a l’œuvre, les critiques n’étaient pas très gentils, pas très indulgents, nous confiait entre deux lectures, Mohamed NEDALI.

A dire vrai, par sa sympathie naturelle, son franc-parler et son talent de raconteur d’histoires, Mohamed NEDALI sauva in extremis, un café littéraire voué désormais, a un avenir incertain, depuis que les amis casablancais du café littéraire ont été injustement écartés du débat littéraire de la ville d’El Jadida.

Tarik BOUBIYA
AHDATE DOUKKALIA

Auteur/autrice