Les ressources algales constituent un atout majeur pour la province d’El Jadida qui reste la zone d’exploitation la plus importante a l’échelle nationale. Les quantités débarquées, composées essentiellement d’algues rouges, dépassent, selon les chiffres officiels, les 8.000 tonnes sèches par an, alors que normalement ces quantités ne doivent pas dépasser les 5.000 tonnes durant la même période. La réalité de ce secteur, d’après certains professionnels, est, en effet, tout autre : il faut multiplier par deux le chiffre avancé.
Découverte des algues rouges
Le premier a avoir constaté ce gisement de «d or rouge» est un juif du nom de Karrara. c’était en 1948. Mais, c’est un Français, Dali Grand, qui découvrit la valeur de cette «herbe» que rejetait la mer sur les rivages de la côte. De retour d’un séjour en Espagne en 1950, où il réalisa que les algues rouges valaient leur pesant d’or, il abandonna sa fabrique de conserve des sardines et des petits pois pour s’adonner a l’exploitation des algues. A cette époque, les ramasseurs, armés de paniers, attendaient les marées hautes pour glaner les touffes d’herbes que contenaient les vagues et sillonnaient, également, les rivages pour prendre celles rejetées par la mer. Quand c’est la marée basse, ils descendaient en pleine mer pour moissonner, a mains nues, les algues qu ils mettaient dans des caisses en cordes ou dans des paniers en roseaux. c’est finalement en 1963 qu une société italienne «Algenas- Maroc» introduisit un matériel moderne pour une collecte au large. Entre temps, le nombre des intermédiaires et des marchands clandestins augmentait sans cesse. Les plongeurs, équipés de chambres a air, s’acharnaient sur l’arrachage des algues. Eté comme hiver. l’exportation se faisait vers l’Asie et l’Europe a un prix très élevé. Les sociétés se multiplièrent alors et les bateaux d’exploitation, très nombreux, sillonnaient la côte d’Azemmour a Jorf Lasfar. Ainsi, et durant de longues années, le massacre était total et aveugle ! Des sociétés, malhonnêtes, n’hésitèrent pas a créer d’autres pour simuler une fausse concurrence alors qu elles n’en formaient, en réalité, qu une seule société ! La transformation de cette matière débuta a partir de 1980.
La collecte des algues
La région d’El Jadida, réputée pour ses 150 kilomètres de côtes très riches en algues, est submergée par une armada de plongeurs et de canotiers, locaux et venant d’ailleurs, durant les trois mois d’été où la récolte est autorisée légalement. Pendant cette période d’activité, un plongeur peut assurer un revenu de 3 a 4 millions de centimes. Cela dépend des prix des algues humides qui varient normalement entre 2 et 3 DH le kg. Les sèches atteignent facilement 8 DH le kg. Mais, c’est la catégorie des exportateurs qui en profite. La vente passe, également, par des intermédiaires, les coopératives (créées, pourtant, dans le but de préserver cette ressource précieuse), les unités industrielles de transformation et les sociétés d’exportation. Ainsi, on peut avoir une idée sur la surexploitation dont sont victimes les algues malgré l’existence d’une loi spéciale portant sur leur ramassage.
Il est, certes, vrai que les autorités provinciales avaient mis sur pied une commission provinciale dans l’espoir de lutter contre l’exploitation illégale et abusive. Mais peine perdue puisque les anciennes pratiques sont toujours de mise.
L’indisponibilité d’outils adéquats et appropriés, l’étendue des côtes et la malversation des uns et des autres des membres de la commission rendent très impossible tout contrôle rigoureux. Certaines sociétés d’exportation, gourmandes et avides du gain facile, participent, elles aussi, au massacre de cette richesse en encourageant les plongeurs a travailler hors de la période de collecte autorisée. Car, ce produit valorisé est vendu a prix d’or a l’extérieur.
L’agar agar
La côte d’El Jadida se caractérise par une forte remontée d’un courant marin glacé, passant par le Maroc, riche en minéraux, appelé «Up Welling» et qui fait la richesse florale de cette région, surtout en Geledium Sesquipédale, algue recherchée par les industriels de l’agar agar qu on utilisait, principalement, il y a une trentaine d’années comme épaississant des colorants des textiles.
La gamme, très étendue, des possibilités de l’agar agar dans l’industrie alimentaire découle de ses caractéristiques particulières de gélification que l’on ne retrouve dans aucun autre colloïde végétal ou animal.
Quelle solution donc pour ménager et préserver cette richesse ?
Pour l’Union des coopératives, seule l’élaboration d’un programme commun, défini par les différents intervenants dans le secteur, est a même de résoudre ce problème créé. Un programme que devraient respecter scrupuleusement toutes les parties en lice.
Azzeddine Hnyen
AlBayane