L industrie se développe depuis la Seconde Guerre mondiale. En 1996, ce secteur représentait près de 28 % du PIB. Les industries alimentaires dominent, avec la transformation des céréales (farine, biscuiterie, pâtes alimentaires) et les conserveries (légumes, fruits, poisson). Le Maroc a su diversifier ses activités avec la chimie (acide phosphorique et engrais).
Toutefois, l’économie souffre cruellement du manque d’industries de base.
Les importations constituent presque le double des exportations. l’essentiel de ces dernières concerne désormais les produits manufacturés, devant les ressources minières (au premier rang desquelles se placent les phosphates) et certains produits agricoles (fruits et légumes).
Les importations portent essentiellement sur les produits énergétiques, les biens d’équipement et les biens de consommation. Les mauvaises années agricoles, comme 1992, imposent le recours a de fortes importations de céréales.
Les industries chimiques de Jorf-Lasfar (El Jadida), qui viennent d’achever ces travaux, situées en arrière du port de Jorf-Lasfar, comportent plusieurs unités chimiques, qui permettent de valoriser le tiers environ de la richesse phosphatière du pays, avec l’ancien complexe de Safi (Maroc-phosphore I et II). Ils utilisent en première tranche, 4,5 millions de tonnes des phosphates provenant de Khouribga et reçoivent par la suite, ceux de Benguérir et de Sidi Hajjaj. Le complexe s’organise autour des unités suivantes:
– Une unité qui produit de l’acide sulfurique, d’une capacité journalière de 2300tonnes;
– Une unité de production de l’acide phosphorique simple et concentré (4500tonnes et 5800tonnes par jour);
– Une unité qui fabrique des engrais de phosphate diamoniaque (2400T/J) (le contrat par cette usine a été signé avec un consortium français sa livraison était en automne 1986).
Des installations secondaires viennent se greffer au fur et a mesure sur ces unités principales, dont notamment, une centrale thermique qui transforme les vapeurs dégagées de la première unité en électricité.
– Des stations de pompage de l’eau de mer qui servirent a la réfrigération des usines et au transport des déchets.
– Une station de liquéfaction du soufre importé ou du soufre produit par les mines de Kettara (région de Marrakech). En outre, l’installation d’une industrie phosphatière, va traiter les phosphates de Sidi Hajjaj (usines de lavage et séchage) pour faciliter leur exportations par le nouveau port de Jorf-Lasfar. l’unité devait débuter avec 3 millions de tonnes, pour arriver a une transformation de 10 millions de tonnes. Mais il semble que les Services de l’O.C.P. ont délaissé momentanément le projet de traitement de Sidi Hajjaj, a cause de la conjoncture actuelle de la baisse des exportations marocaines (R.CHAKIR, 1985).
Le complexe chimique de Jorf-Lasfar réserve aussi une place importante a l’industrie pétrochimique, il prévoit la construction d’une grande raffinerie, d’une capacité de 10 millions de tonnes, qui traitera les hydrocarbures importés et stockés dans le nouveau port et qui produira l’ammoniaque nécessaire aux unités de “Maroc-phosphore”.
Alors, quel sera l’impact de ce complexe chimique sur son homologue de la ville de Safi? Quel avenir réserve-t-il a ces deux complexes chimiques?
Safi et sa voisine ELJadida deux villes côtières ont deux industries chimiques d’aspect de complémentarité. La ville d’El Jadida se trouve au nord de celle de Safi (157 km) et au sud de Casablanca (90km), la capitale économique du pays (voir la carte suivante).
Elle f»t la première a subir sa concurrence et sa tutelle. En effet, bien avant l’Indépendance, et dès la mise en œuvre du port de la grande métropole, ELJadida se trouva excentrique par rapport aux courants commerciaux qui se détournèrent petit a petit d’elle. Privée de sa fonction portuaire, elle se referma sur elle-même, cernée par un monde rural dense et dynamique (les Doukkala) qui a su toujours se passer d’elle. La ville perdit les fonctions les plus animatrices de son espace et même ses signes d’urbanité, pour glisser dans l’orbite casablancaise.
Cependant, ce n’est point cette crise qui nous intéresse. La ville d’El Jadida sera-t-elle tout simplement intégrée a l’espace casablancais comme Mohammédia, suivant un processus de décentralisation centralisante a une plus grande échelle? ou arrivera-t-elle avec Safi et les petites villes et agglomérations des deux provinces (Jemaâ Sheïm, Sebt Gzoula, Telat Bouguedra.. pour la province de Safi et Azemmour, Sidi Bennour et Khémis Zemamra pour la province d’El Jadida), a constituer peut être un axe au sud de Casablanca totalement indépendant?
Cette dernière interrogation peut avoir une réponse tout a fait favorable, car il existe plusieurs critères, tels que: les industries chimiques de Jorf-Lasfar sur un site plus proche de la ville d’El Jadida bien plus important que celle de Safi, de plus les deux complexes chimiques l’un complète l’autre au niveau des usines: Maroc-phosphore I et II a Safi et Maroc-phosphore III et IV a Jorf-Lasfar (El Jadida). Ainsi que, les sucreries de Sidi Bennour et Khémis Zemamra constituent a leur tour deux agglomérations d’industrie agro-alimentaire. En outre, dès 1990 et dans le cadre des investissements, le gouvernement marocain a crée un Service de Jeunesse et d’Avenir ayant pour but d’encourager les jeunes promoteurs a l’aide des crédits offerts par la Banque Populaire afin de réaliser leur projet d’avenir dans tous les secteurs. A cet égard, les jeunes des deux provinces: Safi et ELJadida ont bénéficié de ces investissements avec un pourcentage de 23%.
D après l’étude de la fonction portuaire et industrielle de la ville de Safi, on peut conclure que malgré le retard au niveau industriel de cette ville, on remarque que cette fonction a pu dominé au détriment des autres fonctions qui sont: la pêche, la poterie et la céramique. Ces dernières considérées comme les anciennes fonctions de Safi.
En effet, l’implantation du Maroc-chimie en 1965 a engendré de profonds bouleversements dans la ville. En apparence, l’élargissement de l’espace productif de la ville est important, on pourrait même penser que son pouvoir de commandement industriel s’est renforcé. Mais la multiplication des entreprises n’induit pas l’émergence d’une région structurée, établissant des flux polarisés en direction de Safi. Cette dernière demeure donc une enclave partiellement extravertie.
Donc, des facteurs nouveaux sont intervenus pour favoriser l’essor de la ville, promouvoir ces fonctions économiques et stimuler ses flux de polarisation.
Sans doute, Safi a-t-elle connu durant toutes les deux décennies 60 et 70 une de très forte croissance de son économie, qui s’est effectivement traduite par un développement considérable de nombreux secteurs d’activités. l’effet d’entraînement en revient d’abord a l’industrie, l’extraction des mines et l’artisanat, ensuite a des branches-supports (transports et particulièrement les transports maritimes) ou directement induites par les précédentes (bâtiments et travaux publics).
D autre part et au niveau de la régionalisation économique, peut-on encore dire que d’ici l’an 2020, la ville de Safi et sa voisine El Jadida-Jorf Lasfar et les autres centres urbains (Youssoufia, Chemmaïa dans la région des Ahmar) et agglomérations soukières (Khémis Zemamra, Jemaâ Sheïm, Sebt Gzoula…) vont constituer un “mégalopolis” de fonctions industrielles différentes.
Bibliographie:
– CHAKIR (R.), 1985: EL Jadida (Maroc) et son rôle dans l’espace régional. Thèse de 3ème cycle, Tours;
– Riad M. (1991): Safi, activités et rôle régional (Maroc), Mémoire de D.E.A. soutenue a l’U.F.R. de Géographie et Développement des Pays Méditerranéens et Tropicaux. Université de Provence;
– Riad M. (1995): Les fonctions urbaines de Safi (Maroc), étude géographique, Thèse de Doctorat soutenue a l’U.F.R. de Géographie et Développement des Pays Méditerranéens et Tropicaux. Université de Provence;
RIAD Mustapha