Jamais je ne me suis autant senti MAROCAIN. Jamais je n’ai été aussi fier d’appartenir, depuis des siècles, a ce peuple de braves. Jamais je n’ai autant souhaité être digne de cette appartenance et la mériter pleinement.
La tragédie de Gaza, je l’avoue, m a, quelques semaines, paralysé. Trop, c’est trop, me suis-je dit, comme tous mes frères marocains, quelle que soit leur “confession” ou non-confession.
J ai lu, avec une immense émotion, l’article de Si Ahmed Benhima, au sommet de son art, sur “les torts et les travers” de cette tragédie.
Alors j ai compris qu il était de mon devoir de m exprimer sur ce sujet, sans évidemment d’autre “prétention” que d’apporter un témoignage “juif” (puisqu il semble qu on ne puisse échapper aux “étiquettes” qu on vous colle dès votre naissance … comme si on “choisissait” sa “religion”, au moment de pousser son premier cri d’effroi devant l’immensité de la détresse humaine!) …
… un “témoignage juif” donc, puisque l’Histoire en a décidé ainsi, sur l’impensable, toujours, hélas, renouvelé, toujours impensé, insensé, impossible mais outrageusement réel.
Avant d’aller plus loin, je tiens a dire a quel point je suis blessé lorsque des lecteurs ou lectrices mettent en doute mon absolue sincérité quand, par exemple, alors même que “je suis juif”, je fais l’éloge de Mahmoud Darwich, poète magnifique, de la résistance palestinienne certes, mais pas seulement : lui-même ne voulait pas qu on le réduise a sa dimension militante. Il était d’ABORD, DANS l’ME, UN POETE. Un poète que son destin palestinien déchiré allait, nécessairement, conduire a souffrir et a se battre avec et pour son peuple.
J ai déja clairement écrit, et je le répète ici, que je considère l’existence de l’Etat d’Isral comme définitive, incontestable, reconnue par les Nations Unies en 1948. Mon propos n’est pas, dans cet article, de parler de l’existence d’Isral, je ne m y attarderai donc pas. Je suis, d’autre part, bien évidemment, un farouche partisan de la création d’un ETAT PALESTINIEN SOUVERAIN, au côté de l’Etat d’Isral, pour en arriver enfin a une fraternisation éternelle et glorieuse, COMME AU MAROC, de deux peuples QUI ONT ETE CREES POUR SE COMPLETER ET s’EPANOUIR ENSEMBLE, INCHA ALLAH !
Mais enfin, est-ce que, pour autant, JE SUIS UN INCONDITIONNEL DE TOUT CE QUE FAIT OU COMMET CET ETAT?
Je suis, AUSSI, PLEINEMENT FRANCAIS : est-ce que, pour autant, j étais pour l’ALGERIE FRANCAISE? Croyez-vous, VRAIMENT, que (si j en avais eu l’âge) j aurais fait partie de l’O.A.S. ? Et, pour mettre un peu de sourire dans cet océan de tristesse … croyez-vous que, si j en avais eu l’âge … j aurais voté pour la mort de LOUIS XVI ?
Suis-je allé vivre en Isral, alors même que ça aurait été beaucoup plus facile pour moi que de m installer, avec ma nationalité marocaine, en 1961, en France? NON!
Tout cela pour insister sur ce fait essentiel : les “lettres” que j ai le bonheur de pouvoir vous adresser depuis bientôt deux ans, grâce a nos merveilleux amis d’EL JADIDA.COM, n’ONT DE SENS, DE VALEUR, QUE SI JE VOUS PARLE A COEUR OUVERT, en bannissant radicalement ce qui me fait le plus horreur en ce monde : l’HYPOCRISIE, LE MENSONGE, LA CALOMNIE ET l’IMPOSTURE.
Hypocrisie, mensonge, calomnie et imposture qui sont a l’origine des pires calamités qui se sont abattues sur les plus innocents depuis que le monde est (triste) monde.
Mais je n’ai pas oublié GAZA LA MARTYRE. S»rement pas. Je ne pense, en fait, depuis le début de cet article, qu a elle. J en parle au féminin parce qu il me semble que c’est en comparant ce territoire supplicié a une femme, a une mère, innocente et saccagée, que j approche au mieux de la Vérité indicible de l’outrage.
Je vous l’ai dit, j ai été, de longues semaines, paralysé. Qu est-ce que, décemment, je pouvais vous dire, mes chers Jdidis, mes si chers frères et sœurs marocains et marocaines?
Une seule chose : PARDON !
Marcel BENATAR
Eljadida.com